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13 février 2021 6 13 /02 /février /2021 01:59

Le 8 décembre dernier neuf personnes étaient interpellées par la police antiterroriste et placées en garde à vue pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Pour beaucoup, ces arrestations ont ranimé le souvenir de la dernière affaire antiterroriste associée par la presse à « l’ultra-gauche » : l’affaire dite de Tarnac.

Ce qui saute pourtant aux yeux, avec ces nouvelles arrestations, ce sont les différences de traitement médiatique : il y a douze ans, les 9 de Tarnac n’étaient pas encore dans leur cellule de garde à vue que l’affaire était déjà propulsée à la Une des journaux. Pendant plusieurs mois, les soubresauts de l’enquête avaient encore occupé une large place dans la presse.

Aux « indiscrétions » policières répondaient des tribunes et des interviews. Des pans entiers du dossiers étaient régulièrement débattus dans les journaux. Toute l’instruction s’est d’ailleurs accompagnée d’une bataille médiatique (qui a notamment abouti au dessaisissement du juge d’instruction). Le dénouement de l’affaire Tarnac a visiblement conduit à une jurisprudence tacite qui a rendu frileux le parquet antiterroriste à l’idée de se saisir d’enquêtes estampillées « ultra-gauche ». Une "jurisprudence" qui s’est visiblement terminée en décembre dernier.

Le relatif silence médiatique qui entoure cette nouvelle instruction peut être interprété comme une frilosité de l’accusation. Ou comme un changement de stratégie. Si c’est le cas, le raisonnement doit être peu ou prou celui-ci : fanfaronner c’est prendre le risque de nourrir un possible soutien vis-à-vis des personnes incarcérées.

Et donner l’opportunité pour la défense, comme ce fut le cas par le passé, de rapidement attaquer et dégonfler l’accusation très politique qu’est celle de terrorisme. Si pour le moment, nous n’en savons pas davantage sur cette affaire que ce que les autorités ont bien voulu en laisser fuiter avec l’honnêteté qu’on ne pourra jamais leur accorder, nous avons reçu cette tribune écrite par des combattantes et combattants francophones du Rojava qui vient pourfendre la narration diffusée par les services de renseignement, la police antiterroriste, le parquet lui aussi antiterroriste et le ministère de l’Intérieur.

L’arrestation de l’un des nôtres

En décembre dernier, sept personnes ont été arrêtées par la DGSI et mises en examen pour « association de malfaiteurs terroriste ». Un ancien volontaire des Unités de protection du peuple (en kurde : Yekîneyên Parastina Gel, abrégé YPG), les forces armées du Kurdistan syrien, a été désigné comme le meneur du groupe et incarcéré.

De cette affaire nous ne connaissons que ce qui a fuité dans la presse. Quelques armes de chasse, des produits accessibles dans le commerce et « pouvant entrer dans la confection d’explosifs », des réunions en forêt, de prétendus aveux de membres les « moins impliqués » du groupe. En dehors de cela, rien : pas de liste de cibles, ni de projet défini de passage à l’acte.

La justice antiterroriste reposant sur le procès d’intention, ces quelques éléments ont été interprétés comme la preuve de préparatifs d’une attaque contre les forces de l’ordre. Pour compenser la maigreur du dossier, l’attention s’est focalisée sur les personnalités des accusés : un « artificier à Disneyland », une personne qui aurait eu des contacts avec une guérilla colombienne et surtout un militant « parti en Syrie combattre dans un groupe affilié au YPG ».

Ces « profils inquiétants » se sont retrouvés étalés dans la presse, avec une mise en scène grossière destinée à susciter la peur et à faire taire toute réflexion n’allant pas dans le sens des théories policières. La DGSI a orchestré ces fuites en livrant aux médias les identités et les photos (à peine floutées) des mis en cause.

Pendant des jours, les éléments du dossier ont été transmis à la presse au mépris du secret de l’instruction. A longueur d’articles, les accusés ont été exhibés comme des trophées de chasse par la DGSI. La presse de droite et d’extrême droite s’en est donnée à cœur joie. Les projecteurs ont été braqués sur notre camarade : une photo en noir et blanc, avec un fin rectangle noir sur les yeux, une légende le décrivant comme « SDF », « ne travaillant pas » et « ayant combattu en Syrie ».

Ce portrait trompeur du nouvel ennemi public numéro un repose sur un mélange de jugement de valeur sur son mode de vie et d’informations parcellaires sur son engagement politique. Notre camarade était en Syrie pour combattre Daech. Il a pris part en 2017 à la libération de Raqqa, la capitale du groupe jihadiste. Raqqa est aussi la ville où les attentats de Paris ont été planifiés et où la plupart de ses auteurs ont été entraînés.

Si la France n’a pas connu d’attentats de grande ampleur depuis des années, c’est grâce à la libération de Raqqa à laquelle notre camarade a participé au péril de sa vie. En combattant en Syrie ce dernier a donc directement contribué à la sécurité des Français, ce que le tribunal médiatique s’est bien gardé de mentionner. Comment en effet faire rentrer dans leur narration à charge que l’accusé ait donné bien plus à la lutte contre le terrorisme que les policiers, procureurs et journalistes qui l’accusent aujourd’hui d’être un « terroriste d’ultragauche » ?

Pour comprendre cette affaire, il faut remonter au début de l’engagement de volontaires internationaux en Syrie. Entre 2015 et 2019, une trentaine de français ont répondu à l’appel des populations du Rojava pour protéger la paix en participant à la guerre de légitime défense contre Daech et l’armée turque. La DGSI a immédiatement établi un tri entre les « mauvais » volontaires, se réclamant d’une idéologie révolutionnaire, et les « bons » volontaires, anciens militaires ou apolitiques, qui pour certains ne furent même pas auditionnés à leur retour en France. Ceux qui étaient identifiés comme de potentiels membres de « l’ultragauche » se retrouvèrent systématiquement « fichés S » et firent l’objet d’une surveillance active, tout en étant coupables de rien d’autre que d’un délit d’opinion.

Arrestations à l’aéroport, menaces sous forme de conseils paternalistes, pressions sur nos familles, nous sommes nombreux à avoir fait l’objet de tentatives d’intimidation plus ou moins voilées de la part des services de sécurité. Fin 2016, la DGSI fit irruption chez l’un d’entre nous pour lui retirer son passeport et sa carte d’identité, afin de l’empêcher de retourner au Kurdistan syrien. Le ministère de l’Intérieur affirmait alors que ce combattant du YPG pouvait être à l’origine « de graves troubles à l’ordre public » et était susceptible d’utiliser son expérience militaire « dans des attaques contre les intérêts français, en lien avec l’ultragauche révolutionnaire ».

Ces accusations complètement fantaisistes furent balayées par le tribunal administratif de Paris quelques mois plus tard. Le ministère de l’Intérieur fut ensuite contraint de lui rendre ses documents d’identité et de lui verser des dommages et intérêts. En dépit de cette victoire judiciaire, nous savions que la DGSI nous garderait dans son collimateur et était prête à tout, y compris à des accusations sans preuves, pour nous faire rentrer dans le moule qu’elle avait créée : celui de dangereux vétérans d’ultragauche cherchant à importer la violence du conflit syrien de retour chez eux.

Cette caricature a été construite dès le départ, ex-nihilo, avant même que l’un d’entre nous ne remette les pieds sur le territoire français. Même si de retour en France aucun volontaire n’a jamais été impliqué dans des actions violentes, la DGSI attendait patiemment l’occasion de piéger l’un d’entre nous, pour pouvoir enfin donner une crédibilité à ses fantasmes. L’année dernière, elle a communiqué à notre sujet par le biais de journalistes de Mediapart.

Ces derniers, désireux de renvoyer l’ascenseur aux sources qui les informent sur d’autres sujets, ont déroulé le tapis rouge à l’argumentaire délirant du ministère de l’Intérieur. Un camarade parti en vacances en Amérique du Sud se retrouvait accusé d’avoir essayé de nouer des contacts avec une guérilla colombienne, un autre fréquentant la ZAD aurait prétendument tiré une fusée éclairante sur un hélicoptère de la gendarmerie, des dégradations d’antennes téléphoniques, de bornes Vélib ou de fourgons de police nous étaient également associées.

Ces fables anxiogènes, parfaitement déconnectées de toute réalité, venaient confirmer ce que nous savions déjà : jusqu’à ce qu’il ait trouvé le coupable idéal, le ministère de l’Intérieur ne renoncerait pas à l’entreprise de diabolisation dont nous faisions l’objet.

En plus de chercher une revanche sur l’affaire Tarnac, les services de sécurité poursuivent depuis des années un double objectif : criminaliser l’internationalisme et nous utiliser comme des épouvantails pour stigmatiser l’ensemble de la gauche révolutionnaire française. En plein tôlé sur la loi relative à la sécurité globale, on peut reconnaître à la DGSI qu’elle fabrique des terroristes au moment opportun, au service d’un gouvernement qui nous conduit chaque jour un peu plus vers un Etat policier.

Laurent Nuñez, faisant preuve d’une incroyable malhonnêteté intellectuelle, a récemment enfoncé le clou en rappelant dans une interview donnée au Figaro qu‘une « dizaine de militants d’ultragauche sont allés s’aguerrir au Rojava ». Alors que nous nous retrouvons collectivement mis en cause par le conseiller à l’anti-terrorisme du président Macron, une mise au point est nécessaire.

Nous sommes allés au Rojava avec la volonté de défendre une révolution basée sur la démocratie directe, la coexistence pacifique entre communautés, l’égalité femmes-hommes et le juste partage des richesses, autant de valeurs dont l’Etat français se réclame sans jamais les appliquer. Pour ce faire nous n’avons pas cherché à nous « aguerrir », nous avons combattu les jihadistes de Daech au moment où, à Paris et à Nice, ils massacraient des centaines de personnes en profitant de l’incompétence des services de sécurité supposés nous protéger.

Les termes « allés s’aguerrir » laissent supposer que le Rojava n’était qu’un prétexte, un moyen d’acquérir une expérience militaire que nous souhaitions en réalité utiliser dans notre pays d’origine. Nous répondions précisément à la logique inverse. Nous avions besoin de ces compétences militaires pour combattre Daech et défendre l’existence du Rojava mais avoir acquis un tel savoir faire ne signifie pas que voulions l’utiliser de retour en France, ou que la lutte armée serait subitement devenue le seul moyen d’action de notre répertoire militant.

Nous ne sommes pas des amis de ce gouvernement, de ses chiens de garde et du système qu’ils servent, c’est un fait, mais nous les combattons par des moyens démocratiques et non par la violence comme nos accusateurs l’insinuent. La véritable prolongation de notre combat c’est le témoignage. Nous transmettons ce que nous avons vu et appris au Kurdistan à travers un livre dont nous recommandons la lecture à ceux qui voudraient essayer de nous comprendre, loin des clichés véhiculés par le ministère de l’Intérieur et par les médias à ses ordres [1].

Alors que la DGSI nous dépeint en comploteurs ou en vandales, nous avons en réalité passé ces dernières années à reprendre le fil de nos vies (paisibles). Nous continuons à militer pour défendre le Rojava, la mémoire de nos camarades tombés au combat, et les valeurs qui nous ont poussés à nous rendre là-bas. En rentrant chez nous, nous ne nous attendions pas à recevoir la Légion d’honneur, ni même a être remerciés par qui que ce soit, mais nous ne pouvions pas imaginer que nous serions désignés comme des ennemis de l’intérieur et traités à l’égal des jihadistes que nous avions combattus.

Comme nous venons de le rappeler ici, nous avons suffisamment fait l’objet de calomnies de la part de la DGSI pour ne pas accorder la moindre crédibilité aux accusations portées contre notre camarade à qui nous réaffirmons notre confiance absolue et notre soutien sans faille.

Le CCFR (Collectif des combattantes et combattants francophones du Rojava).

[1] Collectif, Hommage au Rojava, Montreuil, Editions Libertalia, 2020, 160p.

Recopié sur lundimatin et transmis au Grand Soir par Assimbonanga

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10 février 2021 3 10 /02 /février /2021 03:34

DES VIEUX & DES BLEUS

paru dans CQFD n°194 (janvier 2021), par Clair Rivière, illustré par 
mis en ligne le 21/01/2021 - commentaires

Au-delà de l’emblématique Geneviève Legay, les manifestants les plus âgés n’ont pas été épargnés par la brutale dérive du maintien de l’ordre qui s’est cristallisée pendant le mouvement des Gilets jaunes. Cette « stratégie de la peur » videra-t-elle les rues des vieux protestataires ?

Ce 23 mars 2019 à Nice, en se rendant à la manifestation qui a failli lui coûter la vie, Geneviève Legay pensait-elle que son âge la prémunissait contre les violences policières ? « Non, répond la septuagénaire. Mais je croyais que si je ne faisais rien [de violent], on ne me taperait pas. J’étais naïve. »

Une foule d’articles de presse et de vidéos publiées sur les réseaux sociaux l’ont prouvé ad nauseam : ces dernières années, l’accroissement de la brutalité du maintien de l’ordre n’a épargné ni les manifestants les plus pacifiques, ni les chevelures blanches.

Le 1er décembre 2018 à Marseille, Zineb Redouane, 80 ans, ne défilait d’ailleurs même pas : elle était à la fenêtre de son appartement quand un tir de grenade lacrymogène l’a atteinte en pleine tête. Elle est morte à l’hôpital le lendemain.

«  Pas de traitement différencié »

Membre de la Ligue des droits de l’homme (LDH) et de l’Observatoire des droits et libertés des Alpes-Maritimes [1], Henri Busquet ne s’explique toujours pas « quelle mouche a piqué le commissaire » qui a ordonné la charge ayant blessé Geneviève Legay. Localement parlant, cet accès de violence policière a été à ses yeux « un événement ponctuel : Nice n’est pas une ville où ça castagne en manif ».

Dans d’autres métropoles de l’Hexagone, le récent durcissement du maintien de l’ordre a été bien plus intense et systématique. Avocat à la retraite, Jean-Jacques Gandini est membre de la LDH, du Syndicat des avocats de France et de l’Observatoire des libertés publiques de Montpellier [2]. À ce titre, il a assisté à plusieurs dizaines de rassemblements au cours des dernières années.

Il explique que dans la cité héraultaise, même en se positionnant « le plus souvent à l’arrière des cortèges », les manifestants âgés ne sont pas à l’abri : « Les violences ne touchent pas que les manifestants qui sont en première ligne, pas que les personnes qui ont la volonté d’en découdre – quand il y en a – mais tout le monde. Les grenades, les LBD, n’importe qui peut en être victime. »

Peut-on cependant imaginer que certains agents retiennent leurs coups quand ils se retrouvent face à un papy ou une mamie ? « On pourrait le penser. Mais lorsqu’il y a des charges de police, qui que ce soit qu’il y ait devant eux, les policiers y vont. Des personnes âgées sont donc touchées, surtout quand elles courent moins vite que les autres. »

Membre de la fondation Copernic [3] et de l’Observatoire des pratiques policières de Toulouse, Pascal Gassiot, 65 ans, confirme : « Ici, je n’ai pas constaté de traitement différencié. Je n’ai pas vu les policiers retenir leurs coups quand ils étaient face à une personne âgée qui manifestait. D’ailleurs, même des badauds de passage ont été frappés. »

Cette violence aveugle n’a pas épargné les observateurs eux-mêmes, quel que soit leur âge : « Sur les quatre d’entre nous ayant été évacués aux urgences de Toulouse, deux avaient plus de 60 ans, reprend Pascal Gassiot. Celui qui a pris un tir de LBD dans le ventre en avait 71.

Quant à moi… vous connaissez un peu le rugby ? Eh bien pendant une charge, alors que je filmais, un flic de la Bac [brigade anticriminalité] m’a fait un “raffut”, c’est-à-dire qu’en courant il m’a mis la main sur la figure. Je suis tombé. J’ai eu deux côtes fracturées et un bout de crâne complètement râpé. J’ai déposé une plainte. J’attends des nouvelles. »

« Trop de peur »

Constat empirique : dans de nombreuses de villes de France, les enfants ont quasiment disparu des manifs. Trop de gaz lacrymogènes, trop de risques. Pascal Gassiot se souvient qu’à Toulouse pendant les Gilets jaunes, « les premières grenades pétaient parfois dix minutes à peine après le début de la manifestation » : il n’y avait donc plus de distinction entre une première phase de défilé tranquille (ouverte à tous donc) et un second temps plus agité (réservé aux plus motivés).

En plus d’avoir fait déguerpir les poussettes, l’augmentation de la violence du maintien de l’ordre a-t-elle également fait fuir les anciens ? Quand on sait que ces derniers forment souvent une bonne partie des troupes revendicatives, l’interrogation n’a rien d’anodin.

Auteur de Péage Sud, un roman [4] issu de plusieurs mois passés sur les ronds-points et dans les manifs des Gilets jaunes des Pyrénées-Orientales, Sébastien Navarro a remarqué un net reflux dans les moments les plus chauds : « Les mois passant, la répression s’amplifiant, beaucoup de personnes âgées ont peu à peu disparu, parce que ça devenait trop physique.

Trop de peur. » Une trouille qui, évidemment, n’a pas touché que les seniors. « Les militants les plus chevronnés continuent de venir, note Jean-Jacques Gandini, de Montpellier. Mais au fur et à mesure des manifs, on a vu des personnes ayant dépassé un certain âge ou une certaine condition physique qui, après s’être retrouvées en difficulté, ont préféré laisser tomber. » Et l’ancien avocat de critiquer vertement la nouvelle doctrine du maintien de l’ordre, « une technique de confrontation » qui fait que « les manifestants ne peuvent plus se sentir en sécurité ».

Pascal Gassiot confie qu’il a parfois rempli son rôle d’observateur « avec la boule au ventre ». Mais cet habitué du pavé (pas loin d’un demi-siècle de manifs en tant que militant) n’a pas cédé à « la stratégie de la peur ».

Le Toulousain estime d’ailleurs que la vieillesse peut présenter un avantage : celui d’avoir « le cuir tanné, l’expérience des manifestations violentes » d’il y a plusieurs décennies. D’ailleurs, poursuit-il, « pendant les Gilets jaunes, j’ai vu des vieux en première ligne ». Qu’ils fussent de vieux briscards du pavé ou des primomanifestants aux cheveux blancs, c’étaient « des teigneux, qui ne reculaient pas face aux flics. Ils se prenaient des grenades, mais ils revenaient. »

« Covid les rues »

Face au durcissement du maintien de l’ordre, si certains ont opté pour une prudente retraite, beaucoup d’autres papys et mamies ont donc fait de la résistance. Mais depuis le printemps dernier, tous ont un nouvel adversaire : le coronavirus. Combien d’aînés dissuade-t-il lui aussi de rejoindre les grandes protestations actuelles ?

Clair Rivière

En rapport, publié dans le même numéro : « Des nouvelles de Geneviève Legay ».


La Une du n°194 de CQFD, illustrée par Julien Loïs {JPEG}

- Cet article a été publié dans le dossier « Vieillesses rebelles » du n°194 de CQFD, en kiosque du 2 janvier au 4 février. Voir le sommaire.

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2 décembre 2020 3 02 /12 /décembre /2020 01:43

Durée de lecture : 7 minutes

27 novembre 2020 / Marie Astier (Reporterre)
 

     
 

Trois des contrôles subis par Jérôme Laronze, éleveur tué par un gendarme en 2017, étaient « irréguliers », assure le tribunal administratif de Dijon. « Les gendarmes présentaient Jérôme comme dangereux. Mais selon ce jugement, c’est Jérôme qui était agressé », souligne la famille de l’éleveur. « Cette décision rétablit Jérôme dans ses droits et dans sa dignité. »

C’est une décision de justice qui inverse la perspective. Jérôme Laronze a été tué de trois balles — reçues de côté et de dos — par un gendarme, le 20 mai 2017, dans un chemin de terre de Sailly (Saône-et-Loire). L’éleveur avait fui neuf jours plus tôt un contrôle sur sa ferme, située quelques collines plus loin, à Trivy. On venait lui retirer ses vaches, on parlait de l’envoyer en soins psychiatriques. Tout, dans l’attitude des représentants de l’État, visait jusqu’ici à soutenir la thèse que l’homme aurait été dangereux : la gendarmerie cherchant inlassablement le paysan dans les collines de Saône-et-Loire, la précaution des agents des services vétérinaires se faisant « protéger » par les gendarmes quand ils venaient sur sa ferme…

Mais le tribunal administratif de Dijon fait place, dans un jugement que la famille du paysan vient de rendre public, à une autre interprétation. Il estime que trois des contrôles subis par Jérôme Laronze étaient irréguliers. « Il a été une victime de violences de la part des agents de l’État et non l’inverse », souligne sa famille dans un communiqué.

Plus précisément, le tribunal administratif de Dijon a examiné les conditions dans lesquelles se sont déroulés ces trois contrôles, effectués aux printemps 2015 et 2016. Par trois fois, les gendarmes étaient présents. Et, à chaque fois, ces contrôles nécessitaient d’entrer au domicile de Jérôme Laronze, car il s’agissait de pénétrer dans la cour de la ferme, et même dans la maison où étaient rangés les papiers administratifs demandés. Or, « le préfet n’établit pas l’accord de M. Jérôme Laronze aux visites domiciliaires dont il a fait l’objet, accord qui constitue une garantie pour l’intéressé », notent les juges. Selon la loi, cet accord est absolument nécessaire. Le jugement conclut donc, pour ces trois dates, à « une procédure administrative de contrôle irrégulière ». Reporterre a contacté la préfecture de Saône-et-Loire afin de connaître sa réaction à ce jugement, sans succès.

La décision est hautement symbolique. Jérôme Laronze avait dénoncé, dans une lettre envoyée au Journal de Saône-et-Loire, intitulée « Chroniques et états d’âme ruraux », la violence des contrôles qu’il subissait. « La DDPP [direction départementale de la protection des populations, qui comprend les services vétérinaires] me submergera de menaces, de mises en demeure, d’injonctions, d’intimidations et de contrôles sur ma ferme avec à chaque fois, toujours plus de gens en armes alors que j’ai toujours été courtois et jamais menaçant », y raconte-t-il. Cet enchaînement de procédures administratives, dont les contrôles étaient la partie la plus visible et la plus douloureuse, ont mené à la fuite du paysan, tragiquement conclue par les tirs d’un gendarme, mis en examen pour « violences avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

Les contrôles nécessitaient d’entrer au domicile de Jérôme Laronze, car il s’agissait de pénétrer dans la cour de la ferme.

Le jugement du tribunal montre que la colère de Jérôme Laronze avait de légitimes fondements, puisque ces contrôles ne respectaient pas ses droits. « Une garantie fondamentale, constitutionnelle, a été violée », explique sa sœur Marie-Pierre Laronze, qui, en tant qu’avocate, a mené la procédure au nom de sa famille. « La protection du domicile, c’est celle de la vie privée. »

« Quand vous avez huit gendarmes armés chez vous, peut-on considérer que vous donnez votre accord ? »

« Cette procédure nous a permis de découvrir quelque chose que Jérôme lui-même n’avait sans doute pas compris, poursuit-elle. À chaque fois que les agents de l’administration venaient, il y avait en fait un double contrôle : administratif et pénal. » Le contrôle administratif visait à vérifier qu’il remplissait les conditions permettant de recevoir les aides européennes de la Politique agricole commune (PAC). Le contrôle pénal, lui, visait à rechercher d’éventuelles infractions. « Un contrôle pénal donne plus de pouvoirs aux agents, donc il y a plus de règles à respecter », insiste Marie-Pierre Laronze.

Les agents de la préfecture et les gendarmes auraient dû s’assurer de l’accord de Jérôme Laronze, ou alors se munir d’une ordonnance du juge. Ce qu’ils n’ont pas fait. Pour le préfet de Saône-et-Loire, le fait que Jérôme Laronze ne se soit pas opposé aux contrôles suffisait comme accord. « Mais quand vous avez huit gendarmes armés chez vous, peut-on considérer que vous donnez votre accord ? » interroge Marie-Pierre. « Par ailleurs, les deux contrôles étaient effectués lors de la même visite. Or, si vous vous opposez au contrôle administratif, vous perdez vos aides. Donc, cela exerçait une pression pour accepter le contrôle pénal effectué en même temps. Dès le départ, les règles étaient truquées », estime-t-elle.

Cette décision judiciaire est la première qui va dans le sens de la famille. Car en parallèle, elle attend toujours que la procédure pénale aboutisse. Une instruction qui jusqu’ici, a pu parfois donner l’impression à la famille que Jérôme Laronze est plutôt l’accusé que la victime. « Dans leurs dépositions, les gendarmes présentent Jérôme comme dangereux, indique Marie-Pierre Laronze. Mais ce que nous dit le jugement du tribunal administratif, c’est que Jérôme était l’agressé. Cela change radicalement les choses. Désormais, je ne vois pas comment les gendarmes peuvent construire une défense. »

Cette décision du tribunal a de fortes conséquences concrètes. Les contrôles ayant été annulés, les décisions qui en découlent aussi. Jérôme Laronze avait notamment eu une condamnation correctionnelle, à partir des procès-verbaux de ces contrôles, en avril 2016 : elle n’a plus de fondement juridique. Par ailleurs, la préfecture avait décidé à la suite de ces contrôles d’une réduction des aides PAC attribuées à l’éleveur, et formulé, après son homicide, une demande de remboursement à la famille. Elle n’a plus lieu d’être. « Cette décision rétablit Jérôme dans ses droits et dans sa dignité », se félicite sa sœur.

Ironie de l’histoire, c’est justement cette lettre du préfet, demandant le remboursement des aides PAC, qui a choqué la famille, et déclenché la procédure. Marie-Pierre Laronze explique : « Cela nous semblait tellement déplacé de nous demander de restituer ces sommes alors que Jérôme avait été tué à la suite d’un contrôle ! Nous avons formulé un recours gracieux au préfet, resté sans réponse. Donc, pour poursuivre, nous n’avions que le tribunal administratif. »

Ce jugement encourage les paysans à relever la tête

Au-delà, ce jugement peut aussi apporter un soutien aux nombreux paysans qui sont contrôlés chaque année. Il montre que le rapport de force était inégal lors de ces contrôles, à l’instar de ce qui peut se passer chez d’autres paysans. « Tout contrôle doit être réalisé dans le respect de la loi et des libertés fondamentales des personnes contrôlées », a ainsi rappelé la Confédération paysanne dans un communiqué publié à la suite du jugement. Le syndicat — auquel adhérait Jérôme Laronze — avait sorti après sa mort un « guide des droits et devoirs et situation de contrôle », afin de permettre aux paysans de mieux gérer ces situations de stress.

« Les normes sont faites pour l’agriculture industrielle et ne correspondent pas aux pratiques de l’agriculture paysanne. »

Car un seul contrôle peut plonger une ferme dans la crise, même lorsque le paysan tente de faire de son mieux. Et ce d’autant plus que « les normes sont faites pour l’agriculture industrielle et ne correspondent pas aux pratiques de l’agriculture paysanne », précise Jérôme Escalier, porte-parole de la Confédération paysanne de Saône-et-Loire. « Donc, quand arrive le contrôle, forcément, on se demande toujours ce que l’on aura encore mal fait. »

« Ce jugement montre à quel point le monde rural est une zone de non-droit, approuve Marie-Pierre Laronze. On impose aux paysans des réglementations tellement compliquées qu’ils n’ont plus la possibilité de connaître le droit, leurs droits. Et ils peuvent ne pas être respectés par ceux qui ont des pouvoirs importants. »

En Saône-et-Loire et dans le monde paysan, la mort de Jérôme Laronze a choqué, marqué, bouleversé. Ce jugement encourage les paysans à relever la tête. Désormais, « ils ont compris qu’ils ont des droits quand ils sont contrôlés », nous assure Jérôme Escalier.

 

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Lire aussi : Lettre à Jérôme, mon frère, paysan tué par un gendarme

Source : Marie Astier pour Reporterre

Photos :
. chapô : Hommage à Jérôme Laronze, en octobre 2017, à Chalon-sur-Saône. © Marie Astier/Reporterre
. Ferme de 90 hectares bio à Méasnes (Creuse) (photo d’illustration). © Émilie Massemin/Reporterre

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26 octobre 2018 5 26 /10 /octobre /2018 23:20

Mélenchon gardé à vue par Médiapart

Victime d'une embuscade Mélenchon accuse Macron. C'est de bonne guerre. Mais au-delà de ce doigt pointé nous devons nous interroger sur le rôle de journalistes qu'il n'est même pas utile de tirer au sort pour qu'ils acceptent de de faire partie des pelotons d'exécution. Et la justice, qui a cessé d'être aveugle, marche en cisaille avec ce qui ne mérite plus le nom de "presse".

Il y a des lunes que, portant le projet sur les fonts baptismaux de Yann Barthès, Edwy Plenel a déclaré : « Avec Tariq nous allons construire une maison commune ». Ce petit nom, « Tariq », recouvre l’immensité de Ramadan, savant islamique vénéré aimant Dieu et tous les seins. Un petit pépin de justice retarde le moment où le divin scientifique va poser ses valises à côté du peigne à moustaches d’Edwy. Faudrait que les choses s’accélèrent. Restent des arbitrages importants, par exemple la façon de garnir la bibliothèque dont on sait qu’elle ne recèlera que des livres saints, Trotski, al-Banna et bien sûr les œuvres complètes de l’émir du Qatar ? Ici la paire ne doit pas faire d’impair.

On notera un détail : les chambres à coucher sont privées de tables de nuit. En effet, s’il y a perquisition –une action douce et légale qui menace tous les révolutionnaires-, il ne faudrait pas, somme donnée au hasard, qu’un flic trouve 12 000 euros dans un tiroir. Juste au-dessus du vase de nuit. C’est alors que saisis par l’article d’un journaliste de « Médiatarte » pratiquant la version policière du métier, quelques fonctionnaires du Parquet National Financier (PNF), s’en viendraient semer leur zone dans « la maison commune ».

« Ou-la-la ! Ne sont-ce pas là des euros libyens ou de Zanzibar ? Venus des rives du Brahmapoutre où ils ont été blanchis depuis des maravédis. N’ont-ils pas alimenté une campagne électorale ? »

Ma contine n’est pas très éloignée de l’actualité. Certainement pas plus que certains articles d’un nommé Arfi, un célèbre garçon qui écrit - très mal -, dans « Médiapart ». Une fois de plus, fidèle à la philosophie du maître Plenel, Arfi et ses potes se veulent non pas flics mais policiers, non pas magistrats mais juges. Ce Pulitzer vient de pécher un grand bandit : Jean-Luc Mélenchon. Manquent les menottes.

Et puisqu’avec la « Maison commune » nous sommes dans un élan maçon je suggère que les locaux du site web soient agrandis afin d’y ouvrir une annexe du Palais de justice. Si Renzo Piano est trop occupé (à reconstruire le pont de Gênes), Alain Bauer, célèbre maçon et « expert » en criminologie, peut fournir les meilleurs plans. Et ce dispositif permettrait de licencier quelques juges inutiles.

En effet, il n’est plus guère de dossiers de justice, en tout cas les plus « sensibles », qui ne passent en préalable par la chambre d’accusation de « Médiapart » Un exemple. J’ai sous les yeux une requête que des magistrats du PNF viennent d’adresser aux juges de Londres.

En appui à leur demande les magistrats français ne font allusion à aucun procès-verbal, a aucune évidence, à aucun relevés de comptes crapuleux... En revanche ils bétonnent leur supplique par une kyrielle d’articles de « Médiapart » chargés de faire loi. Glissement progressif du plaisir, nos lois pénales laissent la place au Code Napoléon-Trotski.

« Mediapart », le Pic de la Mirandole du vrai (jamais du « peut-être »), qui -avec élégance et dans le seul souci de vérité- révèle que Sophia Chirikou (la directrice de campagne des « Insoumis »), dort parfois chez Mélenchon, est donc le rouage d’une machine qui va nous sauver : la transparence. Amusez-vous à suivre « le fil » de « Médiapart », et les querelles qu’il suscite. L’exercice est facile.

Il suffit d’avoir de bons nerfs et une bouteille de layon, forcément bonne. Vous allez constater que « le monde de Médiapart » est celui de la croyance, une planète à part essentiellement composée de fidèles. Convaincus que tout le monde ment sauf Plenel et qu’heureusement qu’il est là pour être procureur. L’abonné est un catéchumène, l’impatient du narthex qui préfère crever plutôt que de douter du dogme. Que mon vieil ami Edwy ait construit son usine à certitudes, c’est sa liberté. Mais quand la justice vient plonger dans sa boîte à outils pour en tirer argument, il y a danger.

Ne venez pas me bassiner avec le respect dû au « quatrième pouvoir ». La liberté de la presse est morte et moi-même ne me sens pas très bien. La majorité des journalistes ne sont plus que des employés oints d’un mystérieux chrême qui les fait détenteur de la vérité comme d’autres sont faits moines. Nous vivons sur une planète médiatique endogamique, composée essentiellement de fils « de », mais de toute façon de gosses de riches (tout sondage opéré à l’entrée d’une « école » de journalisme démontre que les origines sociales de ces étudiants crèvent tous les plafonds des catégories sup-sup).

Je vous entends objecter que nous avons, Dieu merci, une magnifique brochette d’ « investigateurs ». Prêts à nous sauver, comme Noé et son arche. Parfait. Mais, en tant que vieux mécano, permettez-moi de décrire la mécanique de ces enquêtes du genre nouveau monde.

Un magistrat a un tuyau, un soupçon, un doute. Mais pas assez de preuves pour agir. Il livre alors « l’information » à un ami « investigateur ». Qui publie la chose sans risque d’être poursuivi en diffamation puisqu’il remplit sa mission, celle d’informer et qu’il est donc réputé « de bonne foi ».

Et le magistrat, reprenant au vol la vérité de presse qu’il a initiée, justifie ainsi décision de mettre illico en examen, ou en prison, des hommes ou des femmes qui peuvent aussi être innocents. Imaginons alors qu’un Prix Albert Londres soit décerné à un « investigateur »... à qui le donne-t-on ? Au journaliste ou au juge ?

En passant dans les rayons d’une librairie je viens de lire la quatrième de couverte du dernier chef d’œuvre de monsieur Arfi, un garçon qui se fait une réputation en ruinant celle des autres. On y annonce que ce pas laid de la découverte : « a aussi dévoilé le scandale du possible financement libyen de la campagne présidentielle de 2007, qui a valu à Nicolas Sarkozy une récente mise en examen ». Admirez : on affirme le « scandale » ...mais on lui accole le bémol du « possible ».On est sûr de ce que l’on écrit... mais pas tant.

Faudrait savoir mon gars, c’est vrai ou c’est faux ? Tiens je vais faire comme toi, parler de moi. En août 1985, quand ton patron Plenel affirmait que le « Rainbow Warrior » avait été coulé par une escouade de militants RPR basés en Nouvelle Calédonie, j’imprimais : « La DGSE a fait couler le Rainbow Warrior ». Le tout sans l’aide d’un « possible ». Avec ta méthode, en décembre 1894 en pleine instruction conduite par des juges militaires, un « investigateur » (on disait alors un journaliste) aurait pu fièrement publier : « Dans la trahison vers l’Allemagne, je suis celui qui a révélé le rôle de l’espion Dreyfus »... Grand merci Edwy, par ta grâce il existe donc en France une forme de condamnation anticipée, de juridiction « Médiapart ».

Un détail pour clore mon Dalloz, avez-vous remarqué que tous ces « scandales » dénoncés le sont dans un moment judiciaire particulier, celui de l’instruction. Ce qui veut dire que le magistrat, violeur de secret, peut être démenti par ses pairs, ceux de l’immédiat, et au bout du compte par le tribunal ! Pas grave puisque « Médiapart » n’assure pas l’après-vente de son département crucifixion.

Si j’aime tant Edwy c’est qu’il est un homme indispensable, d’un métal rare, si merveilleux et utile qu’il faudrait le mettre sous cloche au muséum : c’est un homme sans passé. Il vous balance le RPR dans l’affaire du Rainbow Warrior, mais ressort de l’histoire comme son grand révélateur. Faites un tour sur Wikipedia, on doit toute la vérité de cette affaire à l’ami de Ramadan. Il a dirigé « Le Monde » avec l’ultra libéral Minc et le franc Colombani... pas grave. Dans les maternelles on apprendra bientôt qu’Edwy est un mixte de l’Affiche Rouge et de Walter Benjamin.

La prochaine « Maison de la Presse Libre », le prochain « Comité national de déontologie » sera confié à Edwy. C’est comme ça, Plenel est à la fois planant et amphibie. En incidente je précise, pour être parfaitement clair dans mon intention la plus profonde à propos de Sarkozy : que cette chasse aux sous de sa campagne est une perte de temps, et d’argent (beaucoup). Après les crimes que ce président a provoqués, ou couverts, en particulier en Libye et en Syrie, sa vraie place est à la Cour Pénale Internationale, pas au PNF.

Je n’ai pas besoin de la carte du mouvement de JLM pour me croire insoumis. C’est une vieille discipline vécue en petite compagnie : un devoir de journaliste. Donc, en rien « militant », je suis indigné après cinquante-cinq années de carte du sort fait à JLM par des êtres que je ne nomme plus « confrères ». La dissolution de l’ORTF a produit un monstre, celui d’une fausse liberté qui se veut sans entraves. Les laisses ont disparu mais l’ordre discret, le « au pied Médor » est toujours actif.

Avec en prime, et ça c’est fort, le faux argument de l’indépendance et de la liberté au prétexte que la ficelle ne se voit plus. Alors allons-y, contre Mélenchon c’est à la fois le « dos et le tres de mayo ». Le tir à vue est un devoir pour qui veut garder sa place et sa conscience. Mélenchon : c’est Bachar ! A l’ORTF, un éditorialiste aurait craché sur les Insoumis, mais lui seul. Les autres confrères auraient fait le boulot en fermant leur gueule sans plus avant de se lancer dans la chasse au logeur de Chirikou. Disons qu’il y avait devoir de réserve. Et je ris de voir ces animateurs de télévision, personnages de Labiche qui, parlant des « Insoumis » entendent avoir le sérieux de Prix Nobel.

Les perquisitions qui mettent JLM en bouillon sont un avatar qui ne m’étonne pas, qui ne m’indigne pas. Quand on est un militant politique honnête, dérangeant et indocile, qui ne se couche pas devant les oligarques, il faut s’entrainer, tôt le matin, au bruit du toc toc à la porte, et savoir que ce n’est pas le laitier. Là je m’étonne que JLM s’étonne. Une perquise ? C’est une Légion d’Honneur.

Elle démontre que vous êtes un ennemi, elle vous situe, elle vous définit. Bien sûr que la centaine de policiers, la coordination de l’opération coup de poing a un sens ! Mélenchon ne l’a pas saisi. Elle fait de lui un Zapata et il s’indigne comme Méhaignerie. Y’a méprise. Pourquoi son désir d’intégration au système est tel qu’il crie ? Comme un membre maltraité d’un club auquel il n’appartient pas. JLM faut pas gueuler, tu n’auras jamais ton rond de serviette à l’Assemblée ou dans les médias, c’est-à-dire la même musique.

En revanche tu peux avoir le rond et la serviette dans le peuple. Alors, perquisition ? Garde à vue ? Rions ! Souviens-toi qu’en 1994 les mêmes policiers ont refusé d’exécuter une perquisition au domicile des époux Tibéri !

Cette justice est celle qui, à Bar-le-Duc, a provoqué la pendaison en cellule d’un malheureux libérable. Victime de deux magistrates ayant rédigé un faux jugement le supplicié est resté illégalement en tôle et s’est suicidé. Et ces deux-là n’ont même pas été réprimandées par la CSM, le Conseil Supérieur de la Magistrature. La justice, c’est ça, cher JLM : elle est à Bar-le-Duc. Mais pas dans la salle des colonnes de l’Assemblée où toi et tes amis ne sont que les participants à un épisode du « Loft ».

Pris ailleurs, par cette Assemblée qui t’est inutile, par la gestion du mouvement, par les discours, tu as trop perdu le fil de la liberté et tu n’as pas été assez vétilleux quand, pris en triangulaire par ses amis, le « Canard enchainé » et le PNF, l’insupportable Fillon a été décapité.

Pas vétilleux davantage quand les juges ont mis le feu aux jupes de Marine Le Pen, voire aux talonnettes de Sarkozy, et cette phrase m’est difficile à écrire. Dans les manifs, depuis très longtemps, j’ai toujours été estomaqué d’entendre, hurlé par des types sans doute sincères, « le fascisme ne passera pas ». Je ne vais donc pas vous rejouer cette scène, aujourd’hui d’une outrance ridicule, en citant le pasteur allemand Martin Niemöller.

Avant d’être conduit à Dachau il écrivait sous Hitler : « quand les nazis sont venue cherche les communistes, je j’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus me chercher, il n’y avait plus personne pour protester. » . Et clouons le cercueil de la liberté avec cette phrase du douloureux Kateb Yacine : « Quand l’ignorance devient la norme, la vérité devient un péché ».

A mon sens, ce que tu n’as pas totalement compris, cher JLM, c’est que la machine, les corps « constitués » nous gouvernent aussi. Macron ou pas, ils sont capables de nous étrangler sans même un ordre suprême. Presse ou justice ? Revenons à Eisenstein : c’est toujours la « Ligne générale » qui tranche. Nous vivons sous un régime « d’état d’urgence », avec des « bavures » qui n’en sont pas. Où un policier sans état d’âme peut se substituer au laitier et s’en aller sortir du lit un responsable politique pour le mettre nu.

Jacques-Marie BOURGET

PS. Pour le croire il faut avoir vu, sur Soir 3 le mardi 16 octobre, une journaliste questionner le secrétaire adjoint du syndicat policier Alliance. La délinquante (puisque complice) demandait au flic de réagir aux vidéos du Mélenchon en colère... Savez-vous, à France 3 et dans la police, qu’il s’agit ici d’un acte illégal ? Ce témoin au-dessus de tout soupçon violant à la fois le secret professionnel et le secret de l’instruction. Voilà le journalisme du nouveau monde, c’est la police qui parle.

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11 octobre 2018 4 11 /10 /octobre /2018 11:01

 appel à une assemblée d’organisation de soutien le jeudi 11 octobre

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Le mercredi 10 octobre à 8 heures, le squat refuge "Chez Jésus" a été violemment expulsé par la police italienne. Ce refuge autogéré perché à plus de 2000m d’altitude, à 500 mètres de la police aux frontières italienne, accueillait les migrant·es qui voulaient venir en France. La destruction du lieu ne doit pas signifier la fin de la lutte aux frontières : au contraire, elle appelle encore plus qu’avant la nécessité de s’organiser pour mettre en place des réseaux de soutien, à travers tout le territoire transfrontalier. Réunion d’information et d’organisation ce jeudi 11 octobre à 18H au collège Maurice Scève occupé, 8 rue Louis Thévenet à la Croix Rousse.

Le mercredi 10 octobre à 8 heures la police italienne a expulsé le refuge autogéré "Chez Jésus". Ce squat dans la paroissiale de l’église locale (d’où le nom humoristique "chez Jésus") avait ouvert le 22 mars 2018 à Clavière (dernier village italien avant la frontière). Il a permis aux luttes française et italienne à la frontière des Hautes-Alpes de se rassembler grâce à l’occupation d’un lieu commun.

Cette occupation a permis de mettre en place un lieu de refuge pour les personnes exilées qui passent la frontière, avant qu’elles tentent la dangereuse traversée à pied de la montagne, ou si elles ont été arrêtées en montagne par la police aux frontières et refoulées côté italien. Le lieu permit d’organiser une opposition au dispositif de frontière qui trient les personnes sur la base de leur nationalité et de leurs papiers, en étant une base stable de solidarité et en atténuant la violence du dispositif policier, par le soin, le soutien aux personnes migrantes, l’entraide.

Il permet aussi d’être une base d’observation et de témoignage contre les violences policières quotidiennes qui ont lieu dans l’invisibilité de la montagne. Ce Refuge, entièrement autogéré, s’inscrit en opposition à la tendance gestionnaire et humanitaire de nombreuses associations solidaires avec les personnes exilées.

L’expulsion du refuge "Chez Jésus" n’a rien d’étonnant, elle a été annoncée par les nombreuses pressions policières et judiciaires que subissait ce lieu depuis le début. La destruction du lieu ne doit pas signifier la fin de la lutte aux frontières : au contraire, elle appelle encore plus qu’avant la nécessité de s’organiser pour mettre en place des réseaux de soutien, à travers tout le territoire transfrontalier, de Briançon jusqu’à Turin, Grenoble, Marseille, Lyon...

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Ouvert cet hiver, alors que des exilé·e·s ont perdu la vie dans la montagne, il permettait de trouver un lieu avant de passer le long chemin de la frontière où l’on pouvait manger, se reposer, se soigner, s’habiller pour la route mais aussi danser, chanter, crier, discuter, jouer et au coin du feux refaire un monde sans frontiere.

Contrairement aux touristes blanche·s et bourgeois·es qui se promènent sur les lignes de frontières sans être inquiété·es, les personnes racisées étaient traquées sans relâche et systématiquement arrêtées et renvoyées en Italie. Le dispositif de contrôle y est énorme : patrouilles de gendarmes mobiles, chasseurs alpins, CRS et police aux frontière, sans compter les milices fascistes et habitants collabos qui travaillent main dans la main avec la police.

Le parcours dure 4 heures pour des blanche·s, mais les exilées doivent marcher jusqu’à plusieurs jours en se cachant la nuit, sur des sentiers escarpés, avec le risque d’être expulsé·e·s une fois arrivé·e·s dans une ville française. Cette ligne excluait et sélectionnait les humain·e·s selon leurs capacités physiques : les femmes enceintes, les enfants et les personnes en situation de handicap arrivaient rarement à la franchir.

Ce lieu défendait un passage gratuit contre la mafia, les passeurs, et les policiers racketteurs qui prospèrent sur le dos des politiques racistes.

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Ce lieu ouvrait une brèche dans la frontière, quasi infranchissable à cause de la militarisation raciste de nos montagnes.

Nombreuses·x témoignaient des violences policières quotidiennes : passages à tabac, vols, insultes, et surtout, refus systématique de passage au mépris des droits européens.

Les militante·s du lieu faisaient l’objet d’un fichage et d’une surveillance policière constante qui donne lieu à une répression arbitraire et fasciste. Il est encore question du délit de solidarité, qui n’a pas été aboli : jeudi 8 novembre 2018 aura lieu à Gap le procès de 7 militant.e.s dont 4 français.e.s, 2 suisses et une italienne.

Celleux-ci risquent 10 ans de prison et 750.000 euros d’amende. Il leur est reproché « l’aide à l’entrée sur le territoire français d’étrangers en situation irrégulière, le tout en bande organisée » à l’occasion de la marche de solidarité du 22 avril dernier.

Cette manifestation au caractère spontané était une réaction aux provocations racistes et dangereuses du groupuscule Génération Identitaire qui depuis la veille bloquait en toute impunité le col de l’Echelle.

Les marchandises et l’argent traversent les frontières, et au même moment les hommes et les femmes à cause de leurs origines, sont interdits de passage.

Nous appelons les lyonnais·es à une réunion d’information et d’organisation, ce jeudi 11 octobre à 18H au collège Maurice Scève occupé, 8 rue Louis Thévenet à la Croix Rousse. Avec des habitantes du lieu qui sont passées par Chez Jésus, nous nous organiserons pour soutenir la lutte contre toutes les frontières qui continuent de tuer.

La lutte contre les frontières continuera sans relâche. La répression violente et injuste ne fera qu’augmenter nos forces pour renverser ce système, Jésus est mort, vive l’anarchie !!!!!

Des ami.e.s lyonnais.es de Jésus qui comptent bien s’organiser activement.

 

P.-S.

Pour plus d’infos :
Voir la page Facebook : "Chez Jesus - Rifugio Autogestito"
https://valleesenlutte.noblogs.org/

jeudi 11 octobre 2018

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14 janvier 2018 7 14 /01 /janvier /2018 00:20

"28 Minutes" d'Arte se prend pour le lieu géométrique de la vérité. Pas un mot, pas un son, pas un signe de cette tribune qui ne soit vrai, authentique comme le camembert à la louche. Mardi 9 janvier la clique à Quin s'en est pris à Mélenchon accusé de "Fake". Manque de pot c'est celui qui le dit qui y est : Mélenchon a "bon" et les petits marquis d'Arte, "faux".

Le 4 septembre 2009 le journal « Le Parisien » nous faisait part d’une fondamentale et magnifique nouvelle : « La journaliste Elisabeth Quin a été nommée chargée de mission pour les industries de la haute couture et du prêt-à-porter auprès du ministre de l’Industrie, Christian Estrosi. » Editorialiste, « reporter sur la haute couture » et chroniqueuse culture à Madame Figaro, critique de cinéma à Paris Première, la journaliste a 46 ans... « Elle devra également exercer un rôle de veille en créant notamment un lien permanent entre les professionnels et le ministre ».

Je me demandais depuis longtemps où Elisabeth Quin qui, chaque soir lors de son émission « 28 minutes » sur Arte noie les naïfs qui la regardent d’un flot de bonnes pensées, je me demandais donc où la dame avait appris toutes ses certitudes ? Voilà, c’est chez Estrosi qu’elle a parfait son absence de doute. Faut dire qu’avoir pour patron un motodidacte vous conduit tout de suite soit dans le décor, soit dans le savoir. Heureusement le « trailbike » enfourché par Quin l’a lancée sur le chemin de la vérité. Bravo Elisabeth.

Bien sûr, son émission est le plus souvent un défilé masques et de faux culs, d’experts à double ou triple casquette jamais présentés comme tels. Un exemple vite fait. Les spectateurs béats de « 28 Minutes » ont-ils été informés qu’Anne Elisabeth Moutet, simplement et uniquement présentée comme « une journaliste travaillant pour la presse britannique » était aussi un pilier de « Gatestone », un institut étasunien.

Un truc immonde qui, et c’est tant mieux, choque d’autres citoyens des EU. Ainsi dans le journal The Hill, J. Dana Stuster écrit : « Gatestone est paranoïaque en clamant que l’immigration en Europe est une « civilisation du djihad », le résultat d’une « invasion musulmane. » » Vous noterez que l’on frôle ici des thèmes chers à Christian, l’ancien maître-ministre avec lequel Quin devait faire « lien ». 1 Et j’ajoute que madame Moutet a parfaitement le droit de s’exprimer si l’auditeur est informé d’un CV plus complet.

Hier soir, les abonnés à la chasse au Mélenchon n’ont pas été déçus. Comme par hasard c’est lui qui est passé à l’impitoyable moulinette du « Fake News » si cher à Elisabeth. Rien de mieux qu’un journaliste pas totalement compétent pour tourner avec innocence la manivelle, comme le gamin que l’on envoie sous la table pour désigner à qui ira chaque part de la galette des Rois. Ici c’est Nadia Daam qui a fait l’enfant. Au bout de 28 minutes et 57 secondes de Vidéo, on entend Nadia nous dire que le patron des Insoumis a fait du « fake » quand il a « accusé les Américains d’avoir aidé Daech en Syrie ». Ouh là ! Que c’est faux et grave !

Patatras la chasseuse de « fake » tombe dans la fosse, ou plutôt la fausse. Pourtant sur le sujet les sources fiables, comme Seymour Hersh, multiple Prix Pulitzer, existent. Pour convaincre Nadia que Seymour est presqu’aussi fort que Delahousse, voici le début de sa notice Wikipédia : « Seymour Myron « Sy » Hersh est un journaliste d’investigation américain, né le 8 avril 1937 à Chicago, spécialisé dans les affaires militaires américaines et les services secrets. Il écrit notamment pour The New Yorker et le New York Times. » Pas vraiment le profil d’une machine à « Fake »...

« Il est à l’origine de nombreuses révélations comme le scandale des tortures de Abu Ghraib, prison en Irak, ou encore le massacre de Mỹ Lai au Viêt Nam pour lequel il obtient un prix Pulitzer. » Ça va comme ça ou il faut vous l’envelopper ? Et voici, au sujet des relations entre Washington et Daech en Syrie, un extrait d’un article consacré par Hersh à la politique que les Etats-Unis ont conduite au pays d’Assad :

« Le Rapport estimatif pointait la Turquie comme obstacle majeur à la politique d’Obama en Syrie. Le document montrait, selon ce conseiller, « que ce qui avait débuté comme une opération secrète pour armer et soutenir les rebelles modérés luttant contre Assad, avait été approuvé par la Turquie, et s’était transformé en un programme technique, militaire et logistique à cheval sur la frontière pour toutes les forces d’opposition, y compris Jabhat al-Nusra et l’État Islamique.

Les soi-disant rebelles modérés s’étaient évaporés, et l’Armée syrienne libre n’était qu’un mirage stationné sur une base aérienne en Turquie. Le constat était peu réjouissant : il n’y avait aucune opposition modérée viable face à Assad, et les USA armaient des extrémistes. » Vous avez lu, comme Mélenchon, « Y compris Jabhat al-Nusra et l’Etat Islamique », (autre petit nom de Daech).

Mieux, pour blinder le dossier il suffit de s’en remettre à un entretien donné à la BBC par Hamad Ben Jassem (HBJ), ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Qatar :

« Dès que les événements ont commencé en Syrie, je suis allé en Arabie Saoudite rencontrer le roi Abdallah à Riyad. Je lui ai dit : ça se passe comme ça en Syrie, il m’a répondu : « Nous sommes avec vous. Continuez ! Occupez-vous de cette affaire et nous nous coordonnons avec vous. Mais vous prenez l’affaire en main ».

« Et nous l’avons prise en main, je ne veux pas donner de détails, nous avons des tas de documents et preuves sur ce sujet. Tout ce qui partait en Syrie, allait en Turquie en coordination avec les forces spéciales américaines. Toute distribution se faisait par les forces américaines. Les turcs, nous-mêmes et nos frères syriens et tous les militaires étaient présents. Il y a eu, peut-être, une erreur quand on a soutenu un groupe... » . Du genre Daech ? Mais HBJ qui n’est pas fou affirme ne pas les connaitre.

Lors d’un point presse à Paris, un journaliste de France 2 a interrogé le président turc de passage chez Macron, interrogation sur le « double-jeu » que mènerait Ankara vis-à-vis du djihadisme. Recep Tayyip Erdogan, visiblement irrité, réplique au reporter : « Qui a envoyé des armes en Syrie ? Tu me poses cette question, mais les Etats-Unis ont envoyé 4 000 camions d’armes en Syrie.

Pourquoi est-ce que tu ne me poses pas cette question ? 4 000 camions d’armes ont été apportés par les Etats-Unis, tu es journaliste, tu devrais le savoir. Tu devrais aussi poser des questions là-dessus. Pourquoi est-ce que tu ne me poses pas de questions là-dessus ? ».

Donc Mélenchon n’a écrit aucun « Fake » et « 28 Minutes » a raison de s’occuper de « reportages à la mode ».

Jacques-Marie BOURGET

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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 00:20
Echec du rapprochement Télérama/Le Grand Soir (à cause de Mélenchon)
 

France 2, JT de 20 H, samedi 25 novembre 2017, extrait du discours de Jean-Luc Mélenchon à la convention de la France Insoumise à Clermont-Ferrand : « Nous venons de subir un revers. Il paraît que si je le dis, je démoralise. Non ! Je le dis, parce qu’on est démoralisés (applaudissements)  » (A 12 mn 24 sur la vidéo).

La suite de la phrase était «  ... dans certains secteurs de la société » (les applaudissements, sont à ce moment là).

Dans Télérama.fr, Samuel Gontier publie une enquête que j’aurais presque aimé signer sur les enfumages médiatiques. Hélas, l’auteur prend tout ça à la rigolade, refuse le mot censure (un simple « escamotage », prétend que les « les zélateurs » de la France insoumise « accusent », que « les militants »[…] crient à la traîtrise parce que France 2 a déformé les propos de Jean-Luc Mélenchon » .

Accusent, crient, zélateurs, militants, déformation, escamotage.
Vous le voyez le portrait du supporter aviné qui gueule (vocifère, éructe) parce que le but a été refusé ? Vous le voyez le tacle vicieux (troncature) rebaptisé « escamotage », geste-involontaire-dans-le-feu de-l’action ? Vous entendez ce : «  Il n’y a pas pénalty  » ?

Cependant, le mensonge de France 2 est si flagrant et si facile à prouver, après avoir été révélé par les réseaux sociaux, que les médias subventionnés, traînant les pieds, arrivant après la bataille, volant au secours de la victoire des Internautes, minimisant les faits, ne condamnant pas France 2, n’en appelant pas au CSA, laissant dormir le DECODEX du Monde et la Charte des journalistes, conviennent cependant que ce coup contre Mélenchon a été mal joué et qu’il faut s’en dissocier en douceur, sans pour autant accabler le menteur du service public.

De son côté, Le « Service Désintox » de Libération, quotidien expert en troncature, analyse froidement et sans juger celle de son confrère, dans un article où nous apprenons que Mélenchon «  hurle sa détermination ». Beugle, braille, rugit ?

Esprit de caste, esprit de clan, loi de la mafia, choisissez. Ne sous-estimons pas cependant l’obligation pour un journaliste de ne pas se fâcher avec un autre média où il pourrait travailler demain.

Depuis (lundi, soit deux jours après !), France 2 a présenté des excuses publique et rediffusé la phrase telle que prononcée en parlant d’erreur de France 2 (à 30 mn 50).

Faute avouée, à 100% pardonnée ? Pas toujours. Le 3 février 2004, Pujadas avait annoncé par erreur au JT de France 2 que Juppé se retirait de la vie politique. Il été suspendu pour deux semaines et le directeur de l’information a dû démissionner. Pour ça !

Théophraste R. (Si je ne vomis jamais aux cabinets en écoutant Laurent Delahousse, c’est que la télé est dans une autre pièce).

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12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 23:20
Pourquoi les communistes sont-ils plus nombreux hors du PCF que dans le PCF ?

La photo (supposée) de Mélenchon sur des affiches du (supposé) PCF dixit Tartignoles.

Olivier Dartigolles est porte-parole du PCF. Les adhérents du PCF ont décidé par vote en novembre 2016 de soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidence de la République. Ces derniers mois, Dartigolles a été l’homme qui, au prix de contorsions inouïes, a expliqué aux communistes encartés que, si Montebourg gagnait les primaires du PS en janvier 2017, tout pourrait changer, les cartes seraient redistribuées, etc.

Puis Hamon les ayant gagnées, Dartigolles avança (sur des œufs) que si ce dernier voulait bien… créer le rassemblement, travailler à l’union, ouvrir des perspectives unitaires…, etc. En filigrane : Tout sauf Mélenchon !

Montebourg et Hamon dégagés, le premier par les électeurs des primaires du PS et le second (brutalement) par le corps électoral, le PCF entend tirer les marrons du feu d’une campagne électorale où il ne s’est pas montré, sauf pour gêner le candidat validé par sa base.

Et à présent, le PCF tente le coup d’utiliser sur ses affiches pour les législatives la photo de Jean-Luc Mélenchon.

Malgré plusieurs demandes de la France Insoumise, le PCF n’a pas mis fin à cette escroquerie et la FI a dû se résoudre à porter l’affaire devant les tribunaux avant qu’elle ne se généralise et ne se crée une confusion terrible comme cela advint aux élections régionales avec l’utilisation par le PCF du logo Front de Gauche pour des accords avec le PS.



Les photos, donc. Que fait Dartigolles ? Il nie : « Nous ne comprenons pas l’agacement soudain exprimé par […] la France insoumise », écrit-il à propos de « l’utilisation supposée d’une photographie de Jean-Luc Mélenchon dans le matériel électoral d’une circonscription [non] précisée. »



Utilisation supposée, circonscription non précisée. Il faut le lire pour le croire, comme il faut lire ce que Dartigolles ajoute : « « Notre volonté après le magnifique score obtenu le 23 avril est de travailler à un prolongement positif lors des législatives de juin 2017 »



Le magnifique score obtenu par Jean-Luc Mélenchon pendant que Dartigolles lui mettait en permanence des bâtons dans les roues !

Les communistes ont tort de croire que Jean-Luc Mélenchon affaiblit le PCF. Ses dirigeants n’ont besoin de personne pour cela. Le déclin du PCF s’arrêtera le jour où un de ses congrès aura pour thème principal : « Pourquoi les communistes de l’extérieur sont-ils dix fois plus nombreux que les encartés, pourquoi sont-ils plus communistes ? »

Et nous serons nombreux, ce jour-là, à pousser un soupir de soulagement et à voir avec bonhomie des dizaines de milliers de communistes retrouver le chemin de leur parti.

Vincent MORET

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