On dit beaucoup de mal de Macron à propos du passage en force de la réforme des retraites. On le dit égotiste, arrogant et tout sauf habile. On oublie qu’il est l’homme de la situation, dont la fonction historique aujourd’hui consiste à poursuivre un projet qui le dépasse
Il convient en effet de se déprendre de la petite analyse « psychologique » pour considérer objectivement une politique qui, pour être brutale et parfois tragiquement irrationnelle, n’en a pas moins un sens précis dans l’histoire de nos sociétés. Les caractéristiques personnelles et même sociologiques d’un individu comptent à l’évidence mais seulement pour avoir fait de Macron ce chef de guerre qu’on admire ou qu’on déteste.
La haine, voire la rage qu’il inspire chez beaucoup, s’explique par l’intelligence des raisons et des effets de son action. Certes Macron n’est pas Napoléon, et pas Poutine non plus. Cette guerre ne mobilise ni avion ni char, elle est sourde, diffuse, de long cours, à la fois politique et policière, idéologique et budgétaire, parlementaire et fiscale. Elle n’est pas dirigée contre un ennemi extérieur, elle vise la population, et volontiers sa part la plus pauvre, celle des emplois subordonnés et des travaux les plus durs
Elle affaiblit, dénature et détruit, quand les circonstances et le rapport de force le permettent, tout ce qui pourrait s’opposer au grand projet d’une « société fluide » idéalement faite d’entrepreneurs innovants, de jeunes rêvant aux milliards et d’une masse d’individus qui ne doivent compter que sur eux-mêmes pour survivre au sein d’une concurrence généralisée.
Il convient de ne pas prendre à la légère le programme sur lequel Macron s’est fait élire en 2017, et qui promettait une « révolution ». C’était le titre de son livre de campagne qui, contrairement à ce qu’on a beaucoup dit, ne se réduisait pas à une petite opération de marketing.
Cette révolution par le haut est celle des premiers de cordée, des oligarques de chez nous, des économistesmainstreamet des éditorialistes bien en cours. En un mot, cette révolution néolibérale annoncée est toujours, et même plus que jamais, à l’ordre du jour. Soyons clairs, Macron n’a rien inventé, il est l’acteur d’un scénario qui déroule ses effets depuis longtemps
Ce qu’il a pour lui de particulier, c’est un parcours politique « hors cadre », suffisamment « disruptif » pour ne pas s’embarrasser des formes élémentaires de la démocratie, encore moins du dialogue social, et pas même de la légalité quand il faut par exemple défendremanu militarides projets « écocidaires » suspendus par la justice, comme c’est le cas avec nombre de « méga-bassines ».
Macron est le « transgressif » et le « brutal » qu’il fallait pour accélérer le processus de transformation en profondeur de la société, au moment même où il aurait pourtant été bien plus urgent de réfléchir « en responsabilité » à son bien-fondé social, écologique et politique.
On explique souvent l’impasse du pouvoir actuel par l’usage de moyens fort peu conformes au libéralisme politique. C’est opportunément que la constitution de la Ve République offre au président des procédures pour court-circuiter et le parlement et l’opinion. Qu’il en use et en abuse, fragilisant ainsi une démocratie dite représentative déjà bien ébranlée, c’est l’évidence, mais ces formes de brutalisation ne suffisent pas à caractériser le sens de l’action elle-même.
En d’autres termes, le 49.3 n’est ici que l’arme générique d’une guerre plus spécifique, comme le sont d’ailleurs les forces policières et leurs usages immodérés de la violence.
Certains ont cru à tort que le néolibéralisme n’était qu’une doctrine suffisamment hétéroclite ou incohérente pour ne pas avoir à trop s’en inquiéter. D’autres ont pensé que cette doctrine était déjà passée aux oubliettes et avec elles les politiques et les modes de gouvernement qui y trouvent leur rationalité, comme s’il avait suffi d’en constater les effets catastrophiques sur la nature et la société pour en être définitivement libérés.
Autant d’erreurs accumulées d’analyse, qui ont conduit à beaucoup d’aveuglements. Il est urgent que l’on comprenne bien en quoi le néolibéralisme est une doctrine de guerre civile, au sens où Michel Foucault avançait en matière de méthode d’analyse du pouvoir que « la guerre civile est la matrice de toutes les luttes de pouvoir, de toutes les stratégies du pouvoir » (Michel Foucault,La société punitive. Cours au Collège de France, 1972-1973, EHESS-Gallimard-Seuil, 2013, p. 15) Ce que l’actuel gouvernement sait parfaitement bien, puisqu’il la met sciemment et systématiquement en œuvre tout en accusant les divers « ennemis de la république » d’en être responsables, selon un retournement qui a tout du déni.
1- La peur de la démocratie
Le néolibéralisme – doctrine qu’Édouard Philippe saluait en 2019 devant l’Autorité de la concurrence en rendant hommage à l’un de ses principaux fondateurs, Friedrich Hayek, et à sa conception de l’État comme gardien juridique de la concurrence économique efficace – est né au tournant des années 1930 avec l’objectif de mettre en place un ordre politique ferme et cohérent qui protégerait la propriété privée et garantirait les échanges marchands concurrentiels – les « libertés économiques ».
Il fallait « rénover le libéralisme » en faisant de l’État la membrane protectrice de la concurrence marchande, parce que la politique du laissez-faire des libéraux classiques et leur doctrine de l’État minimal avaient échoué à préserver le marché du puissant et dangereux désir d’égalité des masses.
Dès le départ, les thuriféraires du néolibéralisme ont ainsi explicitement identifié le principal problème qui menaçait leur projet de fluidification du marché par l’État : la démocratie toujours susceptible de mettre en danger les libertés économiques. Leur stratégie politique, qui trouve ses racines dans une démophobie profondément réactionnaire, est restée invariable de Hayek à aujourd’hui.
Elle consiste à contenir, à neutraliser ou à détruire toutes les forces qui s’attaqueraient aux intérêts économiques privés et au principe de la concurrence en se prévalant de la justice sociale dénoncée comme un mythe.
Au premier rang de ces forces on trouve les syndicats, l’opposition « collectiviste », les mouvements sociaux, les majorités électorales « manipulées par des démagogues ». Les doctrinaires néolibéraux ont consacré d’innombrables pages à imaginer les moyens de tenir en joug la démocratie, n’hésitant pas à souhaiter un droit d’exception donnant tout pouvoir au gouvernement sur les organes parlementaires, ce que l’un deux, Alexander Rüstow, a appelé la « dictature dans les limites de la démocratie ».
D’autres ont été parfois jusqu’à souligner l’utilité de la violence fasciste pour sauver la « civilisation européenne » de la « barbarie » socialiste (Ludwig von Mises). D’autres voies plus « légales » sont également praticables selon les circonstances, par exemple l’instauration d’une « constitution économique » permettant de sanctuariser dans le droit toutes les conditions d’une économie capitaliste pour les mettre à l’abri des choix politiques et de la volonté populaire. Tout doit être fait pour faire échec à « l’État social » que l’un des leurs, Wilhelm Röpke, considère comme un « fruit pourri » .
En lieu et place de cet État social, il faut construire et défendre un « État fort » que ce dernier définit comme un « État totalement indépendant et vigoureux qui ne soit pas affaibli par des autorités pluralistes de type corporatiste ».
2-Une guerre qui n’en finit pas
Mais est-il légitime de parler de « guerre civile » pour décrire la mise en place de l’État fort néolibéral contre les forces sociales et politiques hostiles au capitalisme ou simplement désireuses de plus d’égalité et de solidarité ?
À cet égard, l’histoire ne trompe pas quand elle se répète avec cette régularité. Dès 1927, Mises applaudit à Vienne lorsque les pouvoirs d’urgence donnés à la police pour réprimer une manifestation ouvrière firent 89 morts.
Les trois « prix Nobel d’économie », Friedrich Hayek, Milton Friedman et James Buchanan se réunirent, dans le cadre de la Société du Mont-Pèlerin, pour célébrer en 1981 la dictature de Pinochet au faîte de sa répression. Röpke soutint l’apartheid en Afrique du Sud tandis que Hayek envoya un exemplaire de son livreLa Constitution de la libertéau dictateur portugais Salazar pour, disait-il dans la lettre qui l’accompagnait, « l’aider dans ses efforts de concevoir une constitution protégée des abus de la démocratie ».
Thatcher, qui correspondait avec Hayek, fît deLa Constitution de la libertéle livre de foi du Parti conservateur : elle réprima militairement la grève des mineurs en faisant trois morts et plus de vingt mille blessés tandis qu’elle s’attaqua durement aux émeutes urbaines des Noirs et des Indo-Pakistanais tout en laissant l’extrême droite ratonner librement.
Lorsqu’il était gouverneur de Californie au tournant des années 1970, Reagan introduisit l’obligation au paiement de la scolarité et la répression du mouvement étudiant par la Garde nationale californienne fit un mort. Lors de son premier discours en tant que Président devant le Parti républicain après sa victoire de 1981, il remercia entre autres Hayek, Friedman et Mises pour « leur rôle dans [son] succès ».
« La guerre civile habite, traverse, anime, investit de toutes parts le pouvoir », disait Foucault, « on en a précisément les signes sous la forme de cette surveillance, de cette menace, de cette détention de la force armée, bref de tous les instruments de coercition que le pouvoir effectivement établi se donne pour l’exercer » (Ibid,p. 33).
L’imposition de l’ordre du marché par la neutralisation ou la destruction de la démocratie ne peut cependant susciter l’adhésion de la société à terme, à l’exception des classes pro-business qui y trouvent toujours leur compte.
Pour cette raison, la stratégie de l’ennemisation, de la constitution d’ennemis rendus responsables du chaos, est essentielle à la politique de guerre civile néolibérale, car, à travers la bataille culturelle et médiatique qu’elle déclenche et que l’État cherche à contrôler à tout prix, elle rassemble autour du pouvoir la coalition sociale de ceux qui prennent parti contre l’ennemi social désigné.
Pour les néolibéraux, tous ceux qui critiquent la « civilisation capitaliste » relèvent de la catégorie d’ ennemi : dans les années 1920, Mises voyait dans la Russie soviétique un « peuple barbare » ; dans les années 1940, Röpke faisait des ouvriers « des envahisseurs barbares au sein de leur propre nation », et, à la fin des années 1950, il assimilait les Noirs d’Afrique du Sud à une « majorité écrasante de barbares noirs » ; dans les années 1980, Hayek traitait les étudiants contestataires des seventies de « barbares non-domestiqués » et Buchanan les appelait les « nouveaux barbares », tandis que Thatcher désignait les syndicats de mineurs comme l’« ennemi de l’intérieur ».
3-Le macronisme ou la forme convulsive du néolibéralisme
On passe par conséquent à côté du néolibéralisme si on oublie son caractère intrinsèquement autoritaire. La formule de Hayek : « Je préfère un dictateur libéral à une démocratie sans libéralisme » résume à elle seule l’attitude des néolibéraux à l’égard de la démocratie : acceptable quand elle est inoffensive, elle doit être niée d’une manière ou d’une autre, y compris par les moyens les plus violents, lorsqu’elle menace le droit illimité du capital.
Le macronisme n’est donc pas violent par hasard ou par accident. Il est une des formes politiques que peut prendre le néolibéralisme car il est conforme à sa stratégie de neutralisation de la puissance de décision collective quand cette dernière s’oppose à la logique du marché et du capital.
Sa particularité historique tient qu’il radicalise la logique néolibérale à contretemps, dans une période où tous les signaux sociaux, politiques et écologiques sont au rouge, de sorte qu’il ne peut qu’aggraver toutes les crises latentes ou ouvertes. Le résultat est devant nous : les raidissements convulsifs de Macron engendrent des résistances massives et déterminées de la société.
Ceux qui ont interprété le néolibéralisme macronien comme une troisième voie modérée, à distance de l’ultralibéralisme et du socialisme, se sont lourdement trompés. Et ceux qui ont cru y voir une alternative à l’extrême droite, ont porté l’illusion à son comble. A cet égard, le macronisme n’est pas un rempart, c’est un tremplin, pour une double raison : parce qu’il accentue et élargit le ressentiment contre les élites et les institutions ; parce qu’il utilise des méthodes, notamment les violences policières, qui ne dépareraient pas dans le tableau de ce qu’on appelle pudiquement « l’illibéralisme ».
Il suffit d’écouter un ministre de l’intérieur comme Gérald Darmanin pour se rendre compte de l’hybridation en cours entre macronisme et extrême droite.
Macron croit utile à sa cause de jouer les défenseurs de « l’ordre républicain », et croit même malin de comparer les manifestants contre la réforme des retraites à l’extrême droite trumpiste à l’assaut du Capitole ou à opposer les « émeutes » de la « foule » à la « légitimité du peuple qui s’exprime via ses élus ».
Le raisonnement est ici aussi simple qu’il est sophistique : tout ce que le gouvernement ordonne ou décide de protéger est, de ce fait même, légitime et démocratique, fût-ce lorsque ce dernier recourt au 47.1, au 44.3 ou au 49.3 en vue de couper court aux débats parlementaires.
Et, inversement, toutes celles et ceux qui osent manifester leur opposition au gouvernement au nom de valeurs démocratiques, écologiques ou redistributives se retrouvent taxés non seulement d’illégalité mais d’illégitimité voire de néofascisme inavoué. On a vu une opération rhétorique similaire à l’encontre des Gilets jaunes, assimilés déjà aux ligues de 1934.
Dénoncer « les factions et les factieux » comme il l’a fait n’a d’autre sens que defabriquer de l’ennemià l’intérieur même de la société selon une tradition bien établie des auteurs néolibéraux. C’est là un aspect et un ressort essentiel de toute guerre civile. Avec le néolibéralisme contemporain, cette ennemisation vise toutes celles et ceux qui, à travers leurs pratiques, leurs formes de vie ou leurs luttes, paraissent aujourd’hui menacer la logique normative du marché ou la supposée unité indivisible de l’État.
Dans le cours chaotique du macronisme, on a assisté à l’invention continue de catégories d’ennemis en fonction des circonstances, qu’il s’agisse du « populisme », de l’« islamo-gauchisme », de la non-mixité, de la théorie du genre, du « séparatisme », du « communautarisme », du « postcolonialisme », du « wokisme », du « déconstructionnisme » ou du « terrorisme intellectuel ». Avec la décision de dissoudre « Les Soulèvements de la Terre » qui a défendu à Sainte-Soline un modèle d’agriculture non-productiviste, ce sont maintenant les termes d’« éco-terrorisme » et d’ « ultra-gauche » qui vont être systématiquement utilisés pour neutraliser toute critique de l’écologie marchande de Macron.
Les avantages d’un tel vertige dénonciateur ne sauraient être sous-estimés. Il présente l’immense intérêt de constituer celles et ceux qui dénoncent les diverses formes d’inégalité et de prédation en ennemis de la République, et de maintenir par-là la croyance en la fonction pacificatrice de l’État, niant précisément par cette opération la guerre menée par ce même État contre les adversaires de l’ordre néolibéral.
On voit par conséquent ce que l’invitation foucaldienne à envisager tout pouvoir – et donc le pouvoir néolibéral lui-même – selon la « matrice » de la guerre civile comporte de décisif, dans une conjoncture comme la nôtre.
Elle permet de ne pas céder à l’illusion selon laquelle l’État aurait, par essence, pour fonction d’harmoniser les différences et les points de vue par un « dialogue » si possible rationnel entre les « partenaires » pour au contraire l’envisager comme un acteur de premier plan dans la conduite de la guerre civile.
Mais elle permet aussi de prendre toute la mesure de la portée des mobilisations en cours, en mettant au jour la cohérence profonde qui relie la politique de régression de l’État social et la politique écocidaire de Macron.
Derrière le « chaos » que Macron a déclenché, il convient de déceler l’autre monde que portent en eux les « factieux ».
En quoi la défense d’une vie digne pour les travailleurs les plus âgés et les futurs retraités et la défense de la nature contre des projets destructeurs offrent-elles aujourd’hui une rare puissance de coalition ? Parce qu’en chaque cas, il est question d’une vie désirable et d’un monde habitable.
Et ce désir et cette habitation sont inconciliables avec la subordination de la vie et la domination du monde par le capital et son État. Il faudra s’y faire : les logiques du commun et du capital, devant l’urgence des crises et face au raidissement néolibéral, apparaissent comme irréconciliables au plus grand nombre.
C’est en ce sens qu’il n’y a pas de « dialogue » et de « compromis » possible entre ceux qui mènent la guerre civile et la grande masse de la population qui en est la cible.
Le 10 février 2021, la députée européenne Manon Aubry, élue sur la liste de « La France Insoumise », co-présidente du groupe de la « Gauche unitaire européenne/gauche verte nordique » prend la parole au parlement européen et interpelle vivement Ursula Von der Leyen, membre de l’Union chrétienne-démocrate (Allemagne), ministre fédérale entre 2005 et 2019 et actuelle présidente de la Commission européenne.
Manon Aubry constate que les citoyens européens doutent du vaccin contre le Covid-19. Une des raisons, dit-elle, est que l’Union européenne s’est couchée devant les laboratoires pharmaceutiques.
Elle brandit un contrat souscrit par l’Europe pour la commande de vaccins destinés aux pays membres de l’Union européenne. Les élus ne peuvent en connaître le contenu. La plupart des lignes sont noircies pour cacher le texte. Le prix, le calendrier de livraison, le détail des clauses de responsabilité du laboratoire sont masqués.
Devant la présidente, figée derrière son masque de protection, la députée française assène :« Les dirigeants de big pharma ont fait la loi à votre place ».Vidéo de l’intervention de Manon Aubry.
Le 16 janvier 2021, le quotidien le Monde a publié une enquête troublante sous le titre : « Ce que disent les documents sur les vaccins anti-Covid-19 volés à l’Agence européenne des médicaments ».
L’article porte sur une enquête à laquelle ont contribué des journalistes italiens, allemands, néerlandais, suisses. Il est signé par la journaliste française Lise Barnéoud. L’enquête a été conduite dans le cadre du projet européen Behind the pledge (Derrière l’engagement) financé par Journalism Fund (Fond de journalisme) et IJ4EU.
IJ4EU (Journalisme d’investigation pour l’Europe)est un fond qui soutient le journalisme d’investigationtransfrontalier dans l’Union européenne. Il déclare accorder« des subventions à des équipes de journalistes ou d’organismes de presse en Europe qui enquêtent sur des sujets d’intérêt public ». IJ4EU est lui-même cofinancé par la Commission européenne (DG Connect), par une subvention de la Fondation Open Society Institute (1) en coopération avec le programme sur le journalisme indépendant des fondations Open Society et par Fritt Ord.
Les« documents volés à l’Agence européenne des médicaments »(EMA) ont été diffusés par Dark Web, aussi appelé web clandestin ou encore web caché qui utilise Internet, mais n’est pas accessible sans protocoles spécifiques. L’enquête est une analyse de près de 900 pages d’échanges d’e-mails provenant de la direction de l’EMA, des rapports confidentiels du personnel scientifique et des présentations de Pfizer/BioNTech en novembre 2020.
Elle nous révèle, entre autres, des discussions internes de l’Union européenne,« dans une atmosphère plutôt tendue, parfois même désagréable »selon un responsable de l’EMA et qui portaient sur l’évaluation des vaccins Pfizer et Moderna que l’UE devait acheter alors même que des problèmes avaient été soulevés. Il y avait, par exemple, de préoccupantes« différences qualitatives entre les lots commerciaux et ceux qui avaient servi durant les essais cliniques ».
Dans la course aux résultats et pour passer plus vite du« stade clinique »au« stade commercial », des processus de fabrication ont été changés, entraînant des modifications dans la composition des vaccins avec une diminution du degré d’ARN pouvant aller jusqu’à créer un écart de 30 %, troncature que l’EMA qualifia le 23 novembre, en privé, de« point bloquant ».
Bref, des désaccords furent discrètement discutés. Une capture d’écran d’un mail échangé le 30 novembre entre l’EMA et les fabricants est révélateur :« Ces problèmes sont considérés comme critiques, en particulier dans le contexte de la nouveauté de ce type de produit et de l’expérience limitée ; une stratégie de contrôle plus stricte est donc attendue ».
Sur tout cela, Pfizer« n’a pas souhaité s’exprimer ». Quant à l’EMA, sur sollicitation des enquêteurs, elle assure que le problème de qualité a été réglé par la suite et qu’il est« peu probable que ces molécules d’ARN tronquées puissent être traduites en protéine ou en peptide, et ainsi provoquer des effets indésirables ».
Peu probable, donc. Egalement interrogée par les enquêteurs, la Commission européenne affirme que toutes ces discussions « n’ont jamais empiété sur l’indépendance de l’agence et n’ont jamais interféré de quelque manière que ce soit avec l’intégrité de la mission de l’EMA en ce qui concerne l’évaluation des candidats-vaccins ou d’autres médicaments ».Ni sur l’urgence à autoriser le vaccin américain avant d’autres, et de préférence (idéologique) à d’autres (russe, chinois, cubain) ?
La journaliste Lise Barneoud émet un léger soupçon :« Ces données dérobées, puis diffusées sur le Dark Web, montrent la pression à laquelle faisait face l’agence pour approuver au plus vite le vaccin Pfizer-BioNTech ». Approuver au plus vite.
Surgit alors une question qui inquiète les dirigeants européens : un hackeur d’Etat russe ou russophile ne serait-il pas à l’origine du vol et de la divulgation des documents publiés sur le Dark Web sous le titre :« Preuves de la grande arnaque aux données des vaccins de Pfizer (…) ! » ?
Le saura-t-on jamais ? Ce que l’on peut comprendre cependant sans attendre, c’est pourquoi la députée française Manon Aubry a pu dire publiquement à la présidente de l’Europe queles citoyens européens doutent du vaccin contre le Covid-19et quel’Union européenne s’est couchée devant les laboratoires pharmaceutiques.
Stanislas Guerini député de Paris, délégué général de LREM dans l’émission “ Le temps du débat ” du 4 février, sur France Culture, propose aux étudiants de s’endetter pour pouvoir faire des études.
Stanislas, fils du directeur de Air Products France, inscrit, enfant, à l’École alsacienne, a fait ses études au lycée Henri IV. Diplômé d’HEC, il crée son entreprise Watt & Home. Il fait partie de ladream teamde Strauss-Khan avec Ismaël Emelien, Benjamin Griveaux et d’autres qui ont défrayé la chronique... Les enfants chéris de la macronie qui ont biberonné au rocardisme.
Nul étonnement que ce néolibéral s’attache à faire passer cette idée géniale.
Le prêt étudiant, un assujettissement.
Le prêt étudiant qui n’était jusqu’alors qu’un produit financier très marginal deviendrait un mode banalisé de financement des études. Stanislas Guerini prend des précautions tant cette pratique du prêt étudiant est sulfureuse dans notre pays aux traditions opposées à celles des pays anglo-saxons.
Le prêt de 10 000 euros serait remboursable sur trente ans à taux zéro, uniquement si le niveau de revenu le permet. Comment résister à ces sirènes ?Faire entrer dans les mœurs l’idée-même du prêt, là est l’objectif. Les mots nouveaux arrivent avec les vieilles idées. Un « capital-jeunes ».
Stanislas Guerini nous rassure en maintenant les aides existantes.
Le plan est bien au point.
L’ organisation étudiante UNEF demande, elle, l’extension du RSA à partir de18 ans arguant que la majorité civile est à 18 ans et qu’il n’y aucune raison que la majorité économique ne soit pas elle aussi à 18 ans. L’argument porte.
Mais quelle est la logique du prêt, comme d’ailleurs celle des aides ponctuelles, des minimas ? Un étudiant ne travaille pas, il étudie !
Contre toute raison, les heures passées à apprendre ne sont pas considérées comme du travail. Pourtant l’Éducation Nationale, les professeurs, se répandent en injonction sur les bulletins trimestriels de « travailler davantage », « si tu ne travailles pas tu n’arriveras à rien... ».
Que faut-il comprendre ?
Si l’on peut admettre qu’un lycéen à la charge de ses parents jusqu’à sa majorité ne perçoive pas de salaire pour son travail, il est en revanche absurde qu’un étudiant passé 18 ans ne perçoive pas un salaire. « À 18 ans ce qu’on veut c’est un travail » déclare Bruno Lemaire à BFM s’opposant au RSA à partir de 18 ans. La sagesse populaire lui répond : « à 18 ans on travaille, alors on veut un salaire ».
D’ailleurs, si travailler et donc percevoir un salaire, comme semblent le dire les libéraux façon Stanislas, se résume à avoir un emploi productif, alors Stanislas n’est pas légitime à percevoir ses émoluments, médiocre apprenti député qu’il est.
Le PNSI pour étudier/travailler dans la dignité
Un Premier Niveau de Salaire Inconditionnel (PNSI) égal au SMIC, est la seule réponse juste et efficace à la détresse des étudiants qui n’ont pas eu la « chance » du petit Stanislas.
Mais l’instauration de ce premier niveau de salaire ne se limiterait pas aux étudiants. Il concernerait l’ensemble de la population à partir de 18 ans. En effet, il reconnaîtrait à chacun le statut de producteur de richesses ayant valeur économique.
Il permettrait aux salariés de choisir leur collectif de travail, d’en créer un en toute sécurité. Financé parune cotisation sociale assise sur la valeur ajoutée des entreprises, il permettrait aux entreprises employant de nombreux salariés de pouvoir rivaliser avec des entreprises robotisées ayant une forte valeur ajoutée. Il exonérait les employeurs de payer la part des salaires inférieure au SMIC, pour ne payer que la part supérieure au SMIC.
L’ensemble des protections sociales, sécurité sociale, UNEDIC serait bien entendu maintenu. Il est probable qu’une telle sécurité du salaire serait de nature à limiter les fléaux sociaux que sont la misère, le chômage, le burn-out, les addictions...
Stanislas, je sais que vous vous opposerez de toutes vos forces, ainsi que tous ceux qui vous ont porté sur les fonts baptismaux de la finance mais « le monde se fera sans vous ou contre vous ».
Une mission d’information parlementaire pilotée par Les Républicains et La République en marche demande de « renforcer l’arsenal pénal » contre « les militants antiglyphosate, véganes ou antichasse ». Les propositions pourraient être inscrites dans la loi, une perspective qui inquiète fortement les militants écologistes ou antispécistes.
En creux, certains députés veulent« renforcer l’arsenal pénal »contre« les militants antiglyphosate, véganes ou antichasse ». Ils proposent la création de nouveaux délits pour lutter plus efficacement contre la diffusion d’images sur les réseaux sociaux et pour limiter l’intrusion dans les abattoirs ou les fermes usines.
Reporterrepublie ce document qui a reçu l’aval de la majorité La République en marche (LREM). Un an après la création dela cellule Déméter, une nouvelle étape est franchie dans la répression et la criminalisation du mouvement écologiste.
Lire le rapport de la mission d’information « sur les moyens de juguler les entraves et obstructions opposées à l’exercice de certaines activités légales », composée de M. Xavier Breton, président, et de Mme Martine Leguille-Balloy et M. Alain Perea, rapporteurs :
Le rapport a été adopté mardi 26 janvier en fin d’après-midipar les commissions du Développement durable, des Affaires économiques et des Lois. Présidée par le député Les Républicains Xavier Breton, la mission parlementaire compte également deux rapporteurs, Martine Leguille-Balloy et Alain Perea, tous deux affiliés à La République en marche.
Ce travail est le fruit d’une promesse faite en juin 2019 par Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, alors députée, aux sénateurs. Dans le cadre du projet de loi créant l’Office français de la biodiversité (OFB), le Sénat avait souhaité créer un délit d’entrave aux activités de la chasse.
L’idée n’avait finalement pas été retenue mais les présidentes des commissions des Lois et du Développement durable, Mmes Yaël Braun-Pivet et Barbara Pompili, s’étaient engagées à lancer une mission d’information sur le sujet.
Un an et demi plus tard, nous y voilà. Et contrairement à l’adage, le temps n’a pas assagi les parlementaires. Dès les premières pages, les auteurs du texte s’en prennent violemment aux écologistes et à leurs actions qui« stigmatisent des activités légales »comme« lesOGM, la corrida, l’utilisation de glyphosate et autres produits phytosanitaires, les activités cynégétiques ou la consommation de protéines d’origine animale ».
Les auteurs précisent que« les avancées démocratiques ne peuvent pas se faire en imposant des idéologies par la voie d’exactions, d’attaques, de menaces ou encore de pressions sur des activités légales ».
Un rapport qui cible nommément plusieurs associations comme L214
D’après eux, ces dernières années, le nombre d’entraves à la chasse et à l’élevage industriel a explosé. Or« la réponse pénale apportée est trop faible », jugent-ils, regrettant que peu de plaintes soient déposées puis instruites. Le droit existant n’est pas adapté, estiment-ils.
L’état des lieux qu’ils dressent est volontairement dramatique, nourri par les plaintes des professionnels et des chasseurs, nombreux à avoir été auditionnés, contre seulement une association anti-chasse,AVA(Abolissons la vénerie aujourd’hui).« Greenpeace, France Nature Environnement et leWWFont refusé les sollicitations de la représentation nationale », rappellent les députés en introduction, sans évoquer pour autant les raisons de leur boycott.
Les rapporteurs déplorent« une radicalisation des actions »menées par des« militants de plus en plus urbains »,« engagés dans une multitude de causes, notamment féministe, antinucléaire ou antipolice ».« On y retrouve également desblack blocs », alertent-ils, très sérieusement.
Le rapport recense pêle-mêle les tentatives d’intrusions au sein d’exploitations agricoles et des faits divers, comme l’altercation entre« un jeune chasseur et trois militants radicaux qui l’auraient mordu à la main ». Il cite autant la multiplication des sit-in devant les abattoirs que« les échanges verbaux vifs »entre agriculteurs et écologistes, les tags sur les cabanes de chasseurs ou les bris de vitrines dont seraient victimes des boucheries.
La question des réseaux sociaux est au cœur du rapport. Pour les auteurs,« les réseaux sociaux constituent en soi un moyen d’entrave » : ils« inspirent »et« amplifient les conséquences des actions ».
Le document cible nommément plusieurs associations : L214, Direct Action Everywhere, 269 Libération animale, Abolissons la vénerie aujourd’hui.« Bien organisées, avec une puissance d’influence importante, préméditant leurs actions et ayant une bonne connaissance de leurs droits, ces associations ont une capacité à exploiter les failles de la législation », notent-ils.
Le rapporteur de la mission voulait interdire leVTTen période de chasse
Les députés font plusieurs recommandations : ils veulent d’abord créer un délit d’entrave à la chasse, passible de 6 mois d’emprisonnement et de 5.000 euros d’amende. Ils proposent aussi d’introduire dans le Code pénal un délit punissant d’un an d’emprisonnement et de 7.500 euros d’amende l’intrusion sur un site industriel, artisanal, agricole ou de loisirs, qui aurait pour but de« troubler la tranquillité ou le déroulement normal de l’activité ».
Les rapporteurs souhaitent élargir le champ législatif des discriminations pour ajouter l’activité professionnelle ou de loisirs. Ils recommandent aussi de punir d’un an d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende toute diffamation publique commise à l’encontre d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de leur activité professionnelle ou de loisir, et donc l’agriculture ou la chasse.
Plusieurs mesures apparaissent comme une réponse directe aux demandes du principal syndicat agricole, laFNSEA(Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles). Il y a à peine plus d’un an, la présidente du syndicat, Christiane Lambert, avait demandé à la ministre de la Justice de l’époque, Nicole Belloubet, la création d’un délit spécifique aux intrusions dans les élevages, commeReporterrel’avait signalé.
La même avait aussi demandé, dès 2018, une commission d’enquête parlementaire sur les militants antispécistes. Vœu quasi exaucé avec cette mission d’information.
Elle a pu compter sur les trois parlementaires qui portent ce rapport. Le président est le député de l’Ain Les Républicains Xavier Breton. C’est dans son département qu’a eu lieu l’incendie d’un abattoir pour lequel des antispécistes ont été incriminés. Le rapport omet de préciser que ces derniers nient les faits.
En ce qui concerne les rapporteurs, Alain Perea, députéLREMde l’Aude, est coprésident du groupe Chasse, pêche et territoires à l’Assemblée nationale. Quand un vététiste avait été tué par un chasseur, il avait proposé d’interdire…leVTTpendant la période de chasse. La rapporteuse, Martine Leguille-Balloy, a été avocate dans l’agroalimentaire et avait déjà proposéune commission d’enquête sur l’agribashing.
Plus généralement, le rapport reprend exactement les mêmes arguments que ceux qui ont présidé à la création de la cellule de renseignement de la gendarmerie Déméter, en décembre 2019. La cible est la même, à savoir les contestataires du modèle agricole dominant, élargie aux anti-chasse.
Les acteurs identiques : Déméter a été mise en place via un partenariat inédit entre seulement deux des syndicats agricoles — laFNSEAet les Jeunes Agriculteurs — et la gendarmerie. Pour le justifier, la gendarmerie avançait que plus de 14.000« atteintes au monde agricole »avaient été recensées en 2019. Mais la majorité était des vols et cambriolages. L214 avait pu calculer que seul 0,28 % était des actes antispécistes.
« On est dans la même logique que la loi Sécurité globale »
Pour ces députés, le phénomène est au contraire massif.« Nous sommes, avec Alain Perea, tous les deux du milieu rural et nous avons été surpris par ce que nous avons découvert », insiste Mme Leguille-Balloy, jointe parReporterre.« Toute idéologie mérite d’être défendue, mais pas dans la violence.
Nous devons concilier l’expression de ces idées et l’arrêt de la violence. » « Perturber la chasse est devenue la marotte de certains. Ils sont inconscients, il va y avoir des morts », avertit M. Perea.
Pas de quoi rassurer la sphère associative.« Il y a un risque de glissement. La contestation du système agricole dominant pourrait finir par être considérée comme du dénigrement », craint François Veillerette, de l’association Générations futures.
« Je prends cela très au sérieux, car ils veulent criminaliser une critique sociale, politique, écologique,indique Fabrice Nicolino, président de l’association Nous voulons des coquelicots.Ce qui les embête, c’est que la société se révolte contre l’agriculture industrielle. Ils sentent le sol se dérober sous leurs pieds. »
« Il y a un refus d’entendre la société civile,poursuit la députée Génération Écologie Delphine Batho.Le fait de considérer comme délictuelles des activités qui concourent de façon normale et non violente à la vie démocratique est extrêmement choquant. On est dans la même logique quela loi Sécurité globaleappliquée au domaine agricole. »
Autant de réticences balayées par les rapporteurs, qui appellent à des mesures urgentes. Pour aller vite, ils étudient deux solutions. Soit reprendreune proposition de loi sur le même sujet, déjà adoptée par le Sénat, et la renforcer avec les propositions du rapport. Soit introduire les dispositions via des amendements dans une autre loi passant bientôt en discussion.« On est en fin de législature, le risque est que ça ne débouche pas, peut-être vaudrait-il mieux appliquer de ce qui existe déjà dans le droit », nuance le député breton Paul Molac, membre de la mission. Le message a été, en tout cas, passé aux chasseurs et à laFNSEA : à un peu plus d’un an de la présidentielle,LREMreste à leur écoute.
C’est maintenant que tout se joue…
Les scientifiques alertent sur le désastre environnemental qui s’accélère et s’aggrave, la population est de plus en plus préoccupée, et pourtant, le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique. Ce bouleversement étant le problème fondamental de ce siècle, nous estimons qu’il doit occuper une place centrale dans le traitement de l’actualité.
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Depuis le 26 août 2014, date à laquelle l’espoir français de la finance internationale a été nommé ministre de l’Économie et nous a pris en main, nous assistons au match titanesque qui oppose Macron et les nantis à 80% du peuple français.
Jusqu’en décembre 2018, notre petit marquis s’est pris pour Alice au pays des merveilles.
Tout lui a réussi. Somptueusement élu grâce à Marine le Pen, doté d’une introuvable majorité grâce à Sarkozy qui a modifié la Constitution pour que la Chambre soit élue dans la foulée de la présidentielle [ en vérité c’est Jospin. Note du GS] , il a fait absolument tout ce qu’il voulait pendant 4 ans. Il n’a jamais douté que le peuple français se plierait à tous ses désirs de gré ou de force. Il s’est cru si invincible, si intouchable, qu’il nous a même nargués : « Venez me chercher ! » a-t-il clapi depuis sa tanière imprenable.
La première manche
Aussitôt arrivé à Bercy, le cœur du pouvoir, ce « symbole du virage social-libéral de l’exécutif » (mené par l’inodore et incolore Hollande et la girouette Valls) a fait passer la « loi Macron », avec le 49-3. Cette loi, vous vous en souvenez peut-être, assouplit le travail le dimanche et la nuit, les règles de licenciement et la justice prud’homale, et crée accessoirement des lignes de car pour amuser la galerie et détourner l’attention de la destruction des acquis sociaux.
C’était la première étape du Grand nettoyage à la Macron qui doit être, il en a la volonté fanatique et la certitude absolue, l’ultime nettoyage de la France, celui qui la délivrera enfin des archaïsmes qui l’empêche de rentrer triomphalement dans la mondialisation au son des trompettes de la finance spéculative. Ces archaïsmes, vous l’avez deviné, ce sont :
Imaginez-vous que la plupart des Français ne parlent même pas Franglais !
Le 8 aout 2016, la loi travail, appelée hypocritement loi El Khomri, qui continue le travail de sape en s’attaquant au code du travail, est promulguée par un 3ième recours au 49-3. Elle suscite une opposition farouche et des manifestations incroyables et, pour la première fois depuis la guerre d’Algérie, une forte répression. Les coups de matraque et les tirs de flashball ne pleuvent pas encore autant qu’aujourd’hui, mais il devient presque impossible de se rendre sur le parcours des manifs, la police fermant tous les accès.
Puis aussitôt arrivé à la présidence, l’extrémiste libéral Macron assuré du pouvoir absolu par une majorité de playmobils largement achetés et la collusion des pouvoirs institutionnels et privés, impose une nouvelle « réforme » du Code du travail, cette fois par ordonnances. C’est plus simple !
Nous l’avons alors compris, Macron ne nous fera pas de quartier. Même si son discours change avec ses interlocuteurs, nous savons maintenant ce qu’il veut. Il veut que plus rien, plus aucun bien, aucun service, aucune opération n’échappe au marché soi-disant libre et non faussé (quelle imposture !), et donc au bout du compte à la finance, puisque toute l’économie est financiarisée.
Pour cela, il faut détruire la Sécurité sociale, les retraites, l’assurance chômage, l’école publique et tout ce qui est mutuel, associatif, bénévole. Pour « s’adapter » à la mondialisation (comprendre : nourrir l’ogre Finance international), il faut tout privatiser : la santé, l’éducation, les retraites, l’eau, le vivant, bref tout ce qu’il est possible de s’approprier et de vendre. Il faut réduire le rôle de l’État à lever les impôts pour « subventionner » les entreprises privées, car il ne faut qu’un seul centime échappe à l’ogre Finance qui en a besoin pour spéculer.
C’est une réforme spoliatrice relativement bénigne, l’augmentation des taxes du diésel, sous couvert d’écologie, qui provoquera la révolte des gueux, les Gilets jaunes. Elle durera six mois [En fait elle dure depuis novembre 2018. Note du GS] et sera sauvagement réprimée, mais Macron aura si peur qu’en décembre 2018, il fera venir un hélicoptère à l’Élysée pour pouvoir s’enfuir au cas où les Gilets jaunes réussiraient à approcher de son palais.
Macron a perdu la première manche. Il est obligé de mettre de l’eau dans son vin. Il est profondément humilié, mais pas découragé. Il a perdu une bataille mais pas la guerre. Il change de stratégie et passe de l’attaque frontale à l’enfumage (grand débat, grand ci et grand ça), en attendant une opportunité. Et comme c’est un grand veinard et que la manipulation de masse n’a pas de secret pour lui et ses commanditaires, elle se présente bientôt : l’épidémie du Covid-19.
La seconde manche
Elle est en cours, mais le score n’est pas bon du tout pour nous. Nous voilà réduits à l’impuissance par toute une série de lois liberticides instaurant des états d’urgence, des couvre-feux, des assignations à résidence, de la surveillance généralisée et une répression sans limites. Nous sommes totalement soumis aux pulsions totalitaires du potentat Macron.
Nous vivons sous la menace perpétuelle de nouvelles interdictions. Nous ne pouvons quasiment plus bouger pendant que Macron détruit allégrement ce qui reste de notre richesse. Certes elle a été globalement mal acquise, à travers la spoliation et l’exploitation des colonies et la destruction de nombreuses civilisations d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie, mais ce n’est pas la raison pour laquelle Macron veut détruire notre économie.
Qui ? Comment ? Pourquoi ?
Devant chaque événement, surtout les plus surprenants, voilà les trois questions que l’on doit se poser. Notre époque, qui a tout sacrifié à la technologie, s’intéresse surtout au Comment et néglige souvent le Pourquoi et le Qui.
Toutes les personnes qui ont un peu de jugeote se sont désormais rendu compte que l’épidémie était instrumentalisée pour atteindre des objectifs qui n’ont rien de sanitaire. Tous ceux que l’intérêt personnel ou l’apathie ne rendent pas sourds et aveugles ont constaté que les mesures prises étaient presque exactement le contraire de ce qu’il aurait fallu faire si on avait vraiment voulu combattre une épidémie.
La logique sanitaire commandait d’améliorer la prévention et le traitement de la maladie ainsi que la surveillance et l’accueil des personnes âgées presque exclusivement visées par le virus, et de laisser tranquille le reste de la population qui ne risquait rien, mais Macron a fait tout autre chose.
Pourquoi et pour qui ?
J’ai commencé à répondre à ces questions dans la première partie de l’article. Macron, l’âme damnée de la Finance, veut lui faire don de la France, corps et âme. Mais pourquoi et comment est-il devenu possible de détruire notre économie pour réaliser un pareil objectif, sans nuire à la Finance ?
C’est la question sur laquelle je butais commeGilles Amiel de Ménard, et bien d’autres. D’accord, je me disais, Macron est prêt à tout, mais tout de même pas à scier la branche sur laquelle le Capital est assis, à savoir l’économie réelle. Mais si, justement, et c’est Gilles Amiel de Ménard qui nous l’explique le mieux dans une vidéo intitulée :Instrumentaliser la crise sanitaire. 3/3.
Une crise économique sans crise financière. En 2008, la crise des subprimes, venue des Etats-Unis, a tout fait voler en éclats. Elle a obligé les banques centrales à sortir la planche à billets pour empêcher le secteur financier de s’effondrer. Et, depuis, la planche à billets tourne à plein régime. Cet « argent magique » que les banques centrales injectent à grands flots, ne va pas dans l’économie réelle, il reste dans le secteur bancaire/boursier et alimente la spéculation.
Le secteur financier s’est déconnecté totalement de l’économie réelle. Il fonctionne avec l’argent magique des Banques centrales.
Pour mieux comprendre ce que spéculer veut dire, on regardera avec profit la vidéoGamestop : tout savoir sur l’armée Redditqui a vaincu les fonds EU dans laquelle le financier Julien Messias explique comment les petits porteurs ont contré les gros fonds de pension qui spéculaient à la baisse sur l’entreprise Gamestop. C’est passionnant ! Nous, Français, à la différence des Étasuniens, ne nous intéressons pas à la finance car nos retraites ne sont pas capitalisées. Il est temps de s’y mettre...
Bref, désormais l’ogre Finance n’a plus besoin de l’économie réelle. Il a « piégé » les banques centrales qui sont obligées de le financer (amusant, n’est-ce pas, de devoir financer la finance !) pour que le système ne s’effondre pas.
Macron peut donc, sans problème immédiat, détruire l’économie française, en maintenant fermés des secteurs entiers de notre économie dans l’unique but de parachever ses « réformes » qui attendent sagement qu’il ait fini de transformer la France en une grande prison à ciel ouvert – c’est possible, les Israéliens l’ont fait en Palestine –, pour pouvoir les faire passer sans risque de révolte.
Tous les dirigeants occidentaux ont tenté d’instrumentaliser le Covid à divers degrés, mais nulle part, sauf en Belgique, notre alter ego, les mesures restrictives et répressives n’ont pris une telle ampleur. Au contraire, quand les peuples ont commencé à s’opposer à l’escalade sécuritaire, le pouvoir a dû céder et presque partout la vie a repris son cours normal, comme en témoigne cette vidéo tout à fait rafraîchissante de Slobadan Despot.
Il nous offre une délicieuse promenade à travers Belgrade. Tout est ouvert, même les bars et les restaurants et les gens circulent sans masque. Les dirigeants serbes ont réussi à imposer un premier confinement grâce à l’effet de surprise, mais quand ils ont voulu en décréter un second, les Serbes ont dit non.
Hélas en France, Macron a la situation est bien en main et il avance ses pions. La loi d’urgence sanitaire sera reconduite jusqu’à la réélection de Macron. D’ores et déjà, Marine le Pen se prépare à jouer son rôle de repoussoir ; les véritables opposants, même petits, qui ont le vent en poupe, comme Asselineau depuis le Brexit, sont calomniés et traînés devant les tribunaux (pour Mélenchon, c’est déjà fait) ; la loi sur le séparatisme islamiste détourne habilement la colère des Français, terrorisés et désespérés, sur les malheureux musulmans et l’apparition vraiment providentielle de Didier Lemaire sur les médias permet à toute la classe politique, des socialistes à l’extrême-droite, en passant par l’extrême centre et la droite, de faire assaut d’islamophobie sur les plateaux TV ; les médias se préparent à assurer la réélection de Macron ; Google et les médias sociaux polissent leurs instruments de censure sacralisés par les progressistes depuis qu’ils ont permis de rendre Trump « discret » comme ils disent pudiquement ; la police et l’armée sont prêtes à intervenir en cas de révolte. Franchement, on ne voit pas ce qui pourrait mal tourner pour Macron.
C’est triste à dire, mais Emmanuel est à nouveau roi au pays des merveilles. Et gageons qu’il ne se contentera pas de faire couper quelques têtes comme la Reine rouge, non, quand il en aura fini avec nous, le sort des Grecs nous paraîtra enviable.
A moins que...
A moins que nous n’arrêtions de regarder passer les balles et que nous ne sortions tous dans la rue, comme les Tunisiens (mais il est vrai qu’en Tunisie on ne tire pas sur les manifestants), pour réclamer notre part de pouvoir et de richesses, avec, pour commencer – allez, soyons fous ! – un premier niveau de salaire inconditionnel (PNSI) équivalent au SMIC pour tous à partir de 18 ans.
Un salaire inconditionnel qui serait pris en charge par la Sécurité sociale, comme les retraites, l’assurance chômage, les soins de santé, et les allocations familiales qui, en nous libérant de la peur du lendemain, ont été, après la guerre, le fondement de notre émancipation et de notre bonheur.
Note :
Pour les liens vers les sources, se reporter au site salaireavie.fr
Ce mardi, les députés adoptent par un vote solennel la loi « séparatisme ». Mais ce texte ne vise pas que les activités potentiellement terroristes : tout un chapitre s’intéresse aux libertés associatives. Les associations de défense de l’environnement, notamment, s’estiment gravement menacées.
Les associations organisant des actions de désobéissance civile, ou soutenant des blocages de chantier tel quecelui en cours à Gonesse, seront-elles bientôt considérées comme« agissant contre la République » ? Pourront-elles être plus facilement privées de subventions, voire dissoutes ? La crainte est grande chez les associations de défense de l’environnement.
Carle projet de loi« confortant le respect des principes de la République »(surnommé « loi séparatisme ») prévoit, dans ses articles 6 à 12, de renforcer le contrôle des associations. Après en avoir débattu pendant deux semaines, les députés doivent adopter l’ensemble du texte par un vote solennel mardi 16 février.
L’objectif affiché par le législateur est de viser les associations« séparatistes »,comprenez celles qui feraient la promotion d’un islamisme radical. Mais une grande partie du monde associatif se sent visé.
« Contrairement à ce qui est avancé par ses promoteurs, ce nouveau texte liberticide ne concerne pas seulement les associations cultuelles et celles qui perçoivent des fonds publics, mais constitue une menace très grave pour l’ensemble des associations françaises », expliquaiten janvier une tribunesignée d’universitaires, d’avocats, et de multiples associations allant des arts de rue au soutien aux migrants, en passant par la défense des droits de l’Homme et de l’environnement.
« De nouveaux outils de contrôle des associations sur la base de notions floues »
« L’amour de la République demande des preuves, il faut poser des lignes rouges »,a affirmé devant l’Assemblée nationalele rapporteur de ces articles, le député La République en marche (LREM) Éric Poulliat.Reporterrea tenté de le joindre, mais le député n’a pas trouvé le temps de nous répondre.
« On crée de nouveaux outils de contrôle des associations sur la base de notions floues », observe Frédéric Amiel, coordinateur général des Amis de la Terre. Le défenseur des droits a, de son côté, dénoncé dansson avis sur le projet de loiun« renforcement global du contrôle de l’ordre social. »
Car l’article 6 du projet de loi prévoit que désormais, les associations recevant des subventions — donc de l’argent public — devront signer un« contrat d’engagement républicain ». À noter quele Conseil d’Étatavait souligné que le mot« contrat »semblait inapproprié, un contrat supposant un engagement libre entre deux parties, alors qu’il serait ici unilatéralement imposé.
Outre le respect de l’égalité homme-femme ou la lutte contre le racisme, l’un des engagements prévoit que l’association ne doit pas« causer de trouble à l’ordre public »,et ne pas« revendiquer sa propre soustraction aux lois de la République ». « C’est la définition même de la désobéissance civile »,proteste Benjamin Sourice, chargé de mission chez VoxPublic.
« On pourrait imaginer que l’on nous retire l’agrément à cause de nos actions de désobéissance civile »
Certaines associations en pointe dans la défense de l’environnement touchent des subventions publiques, et pourraient être directement concernées, à l’instar de la plus grande fédération française d’associations environnementales,FNE(France Nature Environnement).« Prenons l’exemple dubarrage de Sivens (Tarn),explique Bénédicte Hermelin, directrice générale deFNE.
On ne peut pas dire que l’ordre public ait été sauvegardé. Pourtant, en définitive, les associations ont gagné tous les recours. Elles se sont battues pour faire respecter la loi. Mais avec ce projet de loi, on aurait pu leur couper les subventions publiques, voire les dissoudre. »Elle souligne par ailleurs que ce contrat est réservé aux associations,« alors que les syndicats et les entreprises aussi touchent des subventions ».
Des membres de la Coalition pour les libertés associatives devant l’Assemblée nationale.
Les Amis de la Terre France, également, touchent des subventions. Or l’association organise régulièrement des actions de désobéissance civile, et pourrait donc d’être considérée comme peu respectueuse de l’ordre républicain.
« On connaît notre liberté de ton,réagit Frédéric Amiel, son coordinateur.Il me semblait que cette liberté était un acquis, y compris quand on touche de l’argent public. Ces subventions financent la vitalité du débat public. »
Mais ce n’est pas tout. L’article 7 du projet de loi élargit le champ des associations potentiellement touchées. Car ce« contrat d’engagement républicain »devra également être respecté par les associations demandant un agrément à l’État.
Un sésame essentiel pour agir en justice au nom de la protection de la nature. Nombreuses sont les associations qui allient actions juridiques et sur le terrain, commeFNEou Greenpeace.« On pourrait imaginer que l’on nous retire l’agrément à cause de nos actions de désobéissance civile,craint Clara Gonzales, juriste chez Greenpeace France.
Pourtant, nous subissons déjà un contrôlea prioriau moment de la délivrance de l’agrément. Là, on fermerait encore plus les possibilités de l’obtenir. C’est une loi bâillon. »Ce contrat ajouterait donc de nouvelles conditions, plus restrictives.« Les associations pourraient être obligées de choisir entre l’arme du droit et celle de la désobéissance civile »,craint Benjamin Sourice.
« Cette loi ouvre la porte à beaucoup de dérives »
« Toutes les luttes sociales et environnementales ont obtenu des choses parce qu’elles ne se sont pas, à un moment, cantonnées aux pétitions et manifestations,estime Charlotte Mijeon, du réseau Sortir du nucléaire.Je pense notamment à un blocage de convoi d’uranium en 2013, que nous avons soutenu.
Le procureur avait estimé que c’est grâce à ce type d’actions que la société évolue. Et pour cela nous pourrions perdre notre agrément ? Ce serait extrêmement dommageable, nous avons une trentaine d’actions en justice en cours. »
Même crainte chezFNE, qui via ses associations membres au niveau local porte une myriade d’actions en justice.« Dans bien des lieux, on est les seuls à aller en justice, parce que cela coûte cher,explique Éric Feraille, président deFNEAuvergne-Rhône-Alpes.Si on ne peut plus y aller, personne n’ira. C’est la contestation des grands projets inutiles qui est visée. »
Au-delà, les associations pourraient renoncer à certains types de mobilisations, de peur de ne pas satisfaire à l’obligation de« respecter l’ordre public ». Car« cette notion d’ordre public est très vague, et on peut imaginer que son interprétation va être laissée à la police et au ministère de l’Intérieur »,estime Clara Gonzales, de Greenpeace.
« J’ai expliqué au rapporteur, qui nous a auditionnés, que cela ouvrait la porte à beaucoup de dérives,dit Bénédicte Hermelin.Il m’a rassurée sur les intentions du gouvernement. Mais demain, on ne sait pas qui sera au pouvoir ! »
Clara Gonzales et Laura Monnier, du service juridique de Greenpeace France.
D’autant que la panoplie des nouveaux outils de contrôle ne s’arrête pas là. L’article 8 élargit les possibilités de dissolution d’une association et renforce la responsabilité de son président. La dissolution peut être prononcée en cas d’« agissements violents à l’encontre des personnes ou des biens ».
Là encore, la notion est considérée comme floue. L’action des jeunes de Youth for Climate dans les locaux de BlackRock aurait-elle été considérée comme suffisamment violente pour justifier une dissolution de l’organisation ?Les locaux de la multinationale avaient été occupés et tagués.
« Par ailleurs, cet article élargit considérablement le champ de responsabilité des présidents d’association,avertit Bénédicte Hermelin.Il pourrait être tenu responsable si un membre deFNEappelle par exemple au blocage d’un chantier. Mais le président de l’association n’a pas le pouvoir de l’en empêcher ! Cela va décourager d’être président d’association. » « Je risque de me retrouver responsable des agissements de n’importe qui se réclamant de mon association »,proteste Éric Feraille.
« Cela postule une organisation très pyramidale du monde associatif, un lien hiérarchique qui n’existe pas »,ajoute Charlotte Mijeon.
« Gêner les associations qui contestent l’ordre social »
Enfin, le texte renforce aussi le contrôle des associations percevant des dons et émettant des reçus fiscaux permettant aux donateurs de déduire de leurs impôts une partie de ces dons. Cela suppose que l’association soit reconnue d’intérêt général.
« Le texte prévoit que les contrôleurs des impôts pourront aussi vérifier que l’association est bien d’intérêt général,explique Bénédicte Hermelin.Alors que normalement, ce n’est pas l’administration fiscale qui doit décider de cela, c’est l’autorité administrative. »C’est un garde-fou de moins.
Et toutes les associations recevant des dons devront faire un descriptif détaillé des dons et reçus fiscaux correspondants,« alors qu’avant le seuil était de 153.000 euros,ajoute Bénédicte Hermelin.C’est une obligation de plus pour les petites associations ».
Tout un arsenal pas seulement contesté par les associations, mais aussi par la Commission nationale consultative des droits de l’Homme,qui demandel’abandon du« contrat »d’engagement républicain et de la possibilité de dissoudre une association sur décision administrative plutôt qu’en passant par la justice.
L’institution dénonce des« atteintes »à la liberté d’association pouvant« déstabiliser »le secteur« sans pour autant atteindre les objectifs proclamés par le Président de la République et son Gouvernement. »
« Il ne s’agit aucunement d’avoir de la défiance envers les associations, que je salue,a défendu devant l’Assemblée nationale le rapporteur Éric Pouilliat.Mais de combattre ceux qui utilisent ce bel outil républicain pour le séparatisme. » « Les armes juridiques existent, deux associations ont déjà été dissoutes »,réplique Bénédicte Hermelin.
« On vise, notamment, les associations de défense de l’environnement parce qu’elles s’attaquent à des intérêts économiques puissants. Et puis, ce gouvernement n’aime pas les associations. »
Ce projet de loi vient assombrir un paysage déjà bien gris pour les associations en général, et environnementales en particulier.
« Il y a une volonté de gêner les associations qui contestent l’ordre social actuel,analyse Annick Coupé, d’Attac.De mettre au pas les contestations sociales à un moment où les colères sont importantes. »
Autant d’avertissements qui n’ont pas porté pour l’instant auprès de la majoritéLREMau Parlement. Mais« pendant que le secteur associatif perd du terrain, les intérêts économiques, eux, sont élevés par le gouvernement au rang de partenaires privilégiés »,constate Frédéric Amiel.
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Victoire pour les organisations requérantes de l’Affaire du siècle : mercredi 3 février, l’État français a été reconnu coupable d’inaction climatique. Le tribunal enjoint à l’État de prendre « toutes les mesures permettant d’atteindre les objectifs que la France s’est fixés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre ».
« Aujourd’hui, on est 2,3 millions de personnes à avoir gagné. Cette décision met fin au débat : non, l’État n’en fait pas assez pour lutter contre le réchauffement climatique ! »Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France, l’une des associations requérantes, affiche un grand sourire en conférence de presse. Le mercredi 3 février, le tribunal administratif de Paris a renduune décision historique.
La juridiction a enjoint à l’État de prendre« toutes les mesures permettant d’atteindre les objectifs que la France s’est fixés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre », et ce« afin de faire cesser pour l’avenir l’aggravation du préjudice écologique constaté ».
Décision du tribunal administratif de Paris
Le tribunal administratif de Paris a condamné l’État à verser aux quatre organisations requérantes — Oxfam France, Notre affaire à tous, la Fondation pour la nature et l’Homme et Greenpeace France — la somme d’un euro chacune en réparation de leur préjudice moral. Les demandes de versement d’un euro symbolique en réparation du préjudice écologique ont, en revanche, été rejetées.
Il s’agit« d’un jugement "avant-dire droit",a précisé l’avocat Arnaud Gossementsur Twitter.Le jugement définitif sera rendu après un supplément d’instruction de 2 mois. Il faut attendre ce 2ejugement pour savoir s’il sera "historique" ». Les associations demandaient en effet au tribunal d’enjoindre à l’État d’adopter des mesures concrètes pour lutter contre le changement climatique.
Pour le tribunal,« l’état de l’instruction ne permet pas (…) de déterminer avec précision les mesures qui doivent être ordonnées à l’État à cette fin ». La juridiction laisse donc deux mois aux ministres compétents pour fournir des« observations non communiquées »lors de l’instruction et prouver qu’il agit.
Pour Cécile Duflot,« un nouveau débat de deux mois s’ouvre sur l’injonction de l’État à agir. Le tribunal ne peut pas se substituer à lui, mais peut le pousser à agir, notamment avec des décrets, circulaires ou projets de loi ».
Les conclusions du tribunal administratif de Paris vont en tout cas au-delà des réquisitions de la rapporteuse publique. Durant l’audience, elle avait déjà constaté« la carence de l’État à adopter des mesures publiques contraignantes », dont résulte« un surplus annuel d’émissions de gaz à effet de serre qui aggrave le préjudice écologique ».
La présentation de ses conclusions avait été largement étayée par des données scientifiques, notamment les derniers rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Le non-respect de la trajectoire que s’est lui-même fixée l’État, transcrite par la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), a beaucoup pesé dans sa recommandation.
Si l’État décide de faire appel du jugement, l’affaire sera portée devant la Cour administrative d’appel de Paris.« Un appel est possible, mais ce serait un signal assez désastreux de la part de l’État, sachant que le tribunal a reconnu ses carences dans la lutte contre le réchauffement climatique », estime l’avocat de Greenpeace, Clément Capdebos.
C’est en tout cas une première victoire pour les organisations requérantes de l’Affaire du siècle, qui avait été lancée le 17 décembre 2018. Les associations avaient alors envoyé une demande préalable indemnitaire — une étape obligatoire avant toute procédure au tribunal — à plusieurs ministres, dont le Premier ministre de l’époque, Édouard Philippe. « Cette lettre démontrait l’inaction de l’État et demandait une réparation des préjudices écologiques et moraux causés par cette inaction », racontait Célia Gautierà Reporterre, début janvier. L’État avait alors deux mois pour y répondre.
En parallèle, une pétition de soutien à l’Affaire du siècle avait recueilli plus d’un million de signatures en moins de 48 heures, et dépassé la barre des deux millions en moins de trois semaines, devenant la mobilisation en ligne la plus massive de l’histoire de France.
« La pression sociétale était telle qu’il est devenu impossible et intenable pour le gouvernement de ne pas faire l’effort de nous répondre, poursuivait le directeur général de Greenpeace. Édouard Philippe et François de Rugy, alors ministre de l’Écologie, nous ont reçus pour nous expliquer la “différence de vision philosophique” qui nous séparait. Ils nous ont dit qu’ils faisaient leur part, que les citoyens devaient faire la leur. »
Pourtant mis sous pression par la pétition, le gouvernement avait rejeté la demande préalable indemnitaire des ONG. Le 14 mars 2019, à la suite de ce rejet, les quatre organisations requérantes avaient déposé un recours « en plein contentieux » devant le tribunal administratif de Paris, complété deux mois plus tard par un mémoire compilant l’ensemble de leurs arguments.
Le 23 juin 2020, à la fin du délai imparti, l’État avait répondu à l’Affaire du siècle en déposant un mémoire en défense de quarante pages. Le 3 septembre 2020, les organisations ont contre argumenté avec un mémoire en réplique et y ont joint une centaine de témoignages de victimes de la crise climatique.
Le tribunal administratif a clos l’instruction le 9 octobre 2020 et avait fixél’audience au jeudi 14 janvier— audience durant laquelle les avocats des associations et de l’État avaient pu plaider. Les organisations corequérantes ont signifié leur soulagement àReporterre.« Cette décision prouve que l’action citoyenne par le droit peut permettre de faire changer les choses et de lutter contre le réchauffement climatique,a déclaré Arié Alimi, avocat de l’ONGOxfam France.Cette décision ouvre aussi la porte à d’autres actions en justice. »
C’est maintenant que tout se joue…
Le désastre environnemental s’accélère et s’aggrave, les citoyens sont de plus en plus concernés, et pourtant, le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique. Ce bouleversement étant le problème fondamental de ce siècle, nous estimons qu’il doit occuper une place centrale dans le traitement de l’actualité.
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C’est le deuxième article en quelques jours sur cet aventurier politique fait député par la grâce du PS.
Pourquoi, encore lui ? Parce qu’il le vaut bien.
LGS
Ils sont devenus la préoccupation première des responsables politiques américains qui jusqu’ici se souciaient peu, pour ne pas dire pas du tout, des peuples opprimés. Selon Donald Trump des entreprises chinoises exploitent la communauté Ouïghour.
Même ton chez Joe Biden, qui parle de répression. En France, les chantres des réseaux acquis à l’Amérique impérialiste relaient comme ils l’ont toujours fait quel que soit le pouvoir en place la rhétorique étasunienne sans jamais y apporter la moindre correction.
Sur les chaînes de télévisionet dans les grands médias en général, seuls “les spécialistes” favorables aux affirmations américaines sont tolérés. Pourtant,il existe des voix dissonantes. Le journaliste Maxime Vivas, l’un des rares à s’être vraiment rendu sur place, publie un livre-enquête :Ouïghour pour en finir avec les fake news. L’historien André Lacroix écrit :Après le Tibet, place au Xinjiang pour discréditer la Chine. Docteur en information et en communication, Emmanuel Wathelet, sans toutefois nier les dérives du capitalisme chinois, revient méthodiquement surles mensonges d’Amnesty International sur la Chine.
Difficile pour nous de trancher définitivement, mais une chose est sûre : les réseaux inféodés à Washington nous ont appris à nous méfier de leurs affirmations. Quoi de plus légitime de douter d’un pays qui dans son histoire n’a eu de préoccupations que pour l’hégémonie de son Dollar ? Partant de ce principe, il nous a semblé, en attendant un éventuel débat contradictoire à la télévision entre débatteurs avisés, de revenir sur la carrière d’un supporter inconditionnel de la cause Ouïghour si l’on s’en tient à ses dires.
La méthode à papa
Fils du nouveau philosophe André Glucksmann, Raphaël s’est particulièrement inspiré jusqu’alors de l’approche intellectuelle de son père. Ce dernier, qualifié par le sociologue Claude Grignonde de « révolutionnaire conservateur », qui « met l’est à la place de l’ouest, la gauche à la place de la droite, la droite à la gauche de la gauche […], transforme les révolutions victorieuses en révolutions manquées et les révolutions manquées en révolutions réussies », s’était fait remarquer dans les années 70/80 en devenant la figure de proue de l’accueil des « Boat People » vietnamiens
Cela sans jamais rappeler que le malheur des réfugiés vietnamiens était pour l’essentiel le fruit d’un Apocalypse créé par les Américains. (Plusieurs millions de morts et de mutilés). Ainsi, le journalisteJohn Pilgerdémontre avec une grande pertinence la similitude entre l’apparition des Khmers rouges au Cambodge et celle de Daech en Irak et Syrie. Deux sectes insignifiantes au départ qui ont émergé à la suite des désastres engendrés par l’intervention américaine.
Dans la période post 11-Septembre qui a fait sombrer indéniablement le monde dans l’idéologie bushiste, la famille Glucksmann, André en tête, a contribué à légitimer l’idéologie néo-conservatrice. Partisans zélés de l’interventionnisme américain, le père, le fils Glucksmann, et leurs amis de la mouvance atlantiste seront à l’origine d’un projet politique qui prendra la forme d’une revue intitulée”Le Meilleur des mondes”.
Impulsée par le Cercle de l’Oratoire, un think tank acquis à l’Amérique imperialiste, cette publication s’avérera être le porte-voix de la propagande des va-t-en guerre, avec le résultat que l’on sait : plus d’un million de morts. Ce chiffre hallucinant et non définitif émane d’un rapport publié par un groupe de médecins lauréats du prix Nobel.La « guerre mondiale contre le terrorisme » a tué plus d‘un million de civils.
Le conseiller de Sarkozy
En 2019, lors de l’élection européenne, Raphaël Glucksmann assure qu’avec lui « La gauche n’est pas morte” et qu’ “il y a une opportunité historique qu’elle gagne au niveaueuropéen ». Dans la campagne qui précéda un échec qui était quasi certain (6,19 %), Raphaël Glucksmann, affaibli par son parcours politique sinueux, refusa que l’on évoque sa proximité avecNicolas Sarkozy en 2007.
Néanmoins, contacté par France Inter, l’entourage de l’époque de Nicolas Sarkozy affirma que Raphaël Glucksmann et l’ancien président “s’appréciaient”. “Ils s’entretenaient régulièrement et Raphaël Glucksmann le conseillait sur la Géorgie.” Nous les voyons même ensemble sur des photos en 2008.
A vrai dire Raphaël Glucksmann connaissait les rouages atlantistes, jusqu’à devenir en 2009 conseiller du chef d’État géorgien,Mikheïl Saakachvili. Qui est donc Monsieur Saakachvili ? Dans le genre aventurier sans scrupule, l’ancien président géorgien se pose là. En 2008, il fait pénétrer son armée dans Tskhinvali, la petite capitale de la région séparatiste d’Ossétie du Sud qualifiée en occident de “pro-russe”.
Au bout de 24 heuresles troupes géorgiennes refluent en désordre balayées par les troupes Russes. Résultat : Le cessez-le-feu intervient 3 jours plus tard avec le retrait des troupes russes. Saakachvili fut lui aussi un bushiste convaincu. D’ailleurs il enverra ses soldats aux côtés des américains en Irak. Expulsé de Géorgie en 2013 où il est passible de prison pour quatre chefs d’accusation, nous retrouvons comme par enchantement Mikheïl Saakachvili recyclé par un truchement mystérieux en gouverneur de la région d’Odessa enUkraine.
Une femme sous influence
En Ukraine, Raphaël Glucksmann a également ses entrées. Après le putsch du Maïdan, sous couvert de rétablir la démocratie, il devient l’un des nouveaux préposés en charge du catéchisme libéral-fascisteukrainien. Libéral, car totalement inféodé au capitalismeoccidental. Fasciste, car pour parvenir à leurs fins, les dirigeants se sont agglomérés à des miliciens d’extrême droite. Des activistes ultra-violents qui depuis 2014 font régner la terreur en Ukraine.Ukraine : une milice d’extrême droite détruit un camp de Roms à la hache.
Or qui était l’épouse de Raphaël Glucksmann de 2009 à 2014, lors de cette période de violence en Ukraine ?Eka Zgouladze, celle-là même qui, de décembre 2014 à mai 2016, allait devenir vice-ministre de l’Intérieur de l’Ukraine. Lorsqu’elle rencontre Raphaël Glucksmann, elle est vice-ministre de l’Intérieur de Géorgie, alors dirigée par l’atlantiste Saakachvili (2005-2012) dontRaphaël Glucksmann est un conseiller officieux depuis 2004.
Aussi comprenons que notre donneur de leçons en série fut marié à une femme qui allait devenir ministre à la tête d’une véritable organisation militaire et maffieuse parallèle, capable d’employer desrégimentsnéonazis pour ses basses œuvres et ainsi faire basculer la pseudo-révolution de l’Euro-maïdan dans le camp atlantiste.
L’indignation à géométrie variable
Raphaël Glucksmann soutient également la cause des Tchétchènes, nous dit-il. Dans le même temps, il soutient aussi l’ultranationaliste Alexeï Navalny, crédité de 2 à 3 %d’intentions de voteen 2017. Nos médias nous le présentent toujours comme l’unique opposant à Poutine en omettant constamment de parler du Parti Communiste russe, qui est en fait le véritable principal parti d’opposition avec 11,7 % des voix obtenues parson candidat Pavel Groudinineen 2017.
Ceci étant, le cas “Navalny coqueluche des occidentaux” est intéressant pour plusieurs raisons dont nous retiendrons ici la plus significative : Dans une vidéo de 2018, Navalny s’est en effet exhibé avec un pistolet automatique pour promouvoir l’autorisation d’utiliser les armes à feu contre les Tchétchènes, qu’il a comparés à des cafards.Alexeï Navalny et les cafards Tchétchènes. Nous sommes donc face à un cas d’école du “paradoxe néocons” : D’un côté tenir un discours empreint de « droitdelhommisme » et de l’autre copiner avec les pires extrémistes, du moment qu’ils servent les intérêts américains.
Il n’y a donc aucune originalité dans le « procès néocons » que Raphaël Glucksmann livre contre la Chine. Sa démarche consiste à constamment stigmatiser les cibles désignées au préalable par l’administration américaine, la Chine nous avons vu, mais aussi la Russie, Cuba, l’Iran, ou le Venezuela, tout en omettant de mentionner des informations capitales sur les dérives autoritaires de nombreux alliés de l’Amérique.
En conformité avec le logiciel atlantiste, Raphaël Glucksmann délaisse volontairement les dérives et bavures du Pentagone et de la CIA à qui l’appareil politico-économique demande de conduire des guerres pour des motifs extrêmement contestables.
Pleutre et minimaliste
A contrario, prenons deux exemples emblématiques : Bien qu’il ait été présenté lors de la campagne des élections européennes de mai 2019 comme la “tête de gondole” du groupe de “l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates” au Parlement européen, Glucksmann, l’auto proclamé défenseur des opprimés, ne semble pas réagir immédiatement à la famine au Yémen qui est créée de toute pièce par Washington et Riyad, nous explique le magazine américainCounterpunch.
A la question “Doit-on vendre des armes à l’Arabie saoudite, un état qui pratique la charia en étant un allié indéfectible des puissances dites démocratiques ?” Raphaël Glucksmann se contente dans un communiqué lapidaire de demander timidement au président de la République “de « faire toute la « transparence » (…) sur les exportations d’armes françaises et sur les liens de la France avec les régimes autoritaires comme l’Arabie saoudite et l’Egypte.”
De la transparence et pas plus pour contenter Raphaël, alors qu’une ONG pourtant acquise aux intérêts de l’occident comme Human Rights Watch déclare « Le gouvernement ne peut plus nier le risque de complicité dans des crimes de guerre ». Depuis 2015, la guerre au Yémen a fait au moins 10.000 morts, et poussé des millions de Yéménites à la famine.
La question sera d’ailleurscomplètement éclaircie par AmnestyInternational, une autre ONG à la solde de l’occident, qui malgré tout nous signale que la France « pays des droits de l’Homme » est l’un des plus gros fournisseurs d’armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. La transparence est assurément faite, et visiblement elle suffit à Raphaël Glucksmann.
Récemment surRMC, à la question “La France doit-elle accueillir Julian Assange ?”, le journaliste lanceur d’alertesemprisonnéettorturédans les geôles de l’occident, Glucksmann répond oui en précisant toutefois qu’ “il n’a aucune sympathie pour Julian Assange qui travaille pour la chaine TV Russia Today et qui en plus a une mentalité un peu complotiste“.
Cette discussion avec Bourdin se conclut d’ailleurs par un lapsus oh combien révélateur : Glucksmann confond l’organisation WikiLeaks fondée par Julian Assange qui nous informe sur les bavures américaines, avec l’encyclopédie Wikipédia“noyautée par la CIA”nous dit le journal20minutes. Une information édulcorée mais malgré tout présente aussi sur le site duNouvelobs.
Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : Pour que Glucksmann nous sorte quelques mots sur les crimes de guerre au Yemen ou sur l’acharnement tortionnaire que subit Julian Assange, il faut les lui arracher de la bouche.
Jeter le discrédit sur quelqu’un en le traitant de complotiste est, comme nous venons de le voir, une autre spécificité deGlucksmann. Ainsi nous avons écrit en préambule qu’il s’était surtout fait connaître en tant que contributeur de la revue néocons / atlantiste “Le Meilleur des Mondes”. Or le bien fondé de cette publication s’appuyait sur le fait que Saddam Hussein avait des armes de destruction massive et qu’il avait l’intention de les utiliser.
Ce mensonge vendu à l’époque par Colin Powell, secrétaire d’État des États-Unis, fut à l’origine de la destruction de l’Irak. Dès lors, ouvrons les yeux et comprenons qu’il s’agit là de l’une des pires théories du complot, puisque ce mensonge à caractère paranoïaque a eu pour conséquence d’occasionner la destruction d’un pays dont la population et singulièrement ses enfants, étaient déjà ravagés par un strict embargo imposé par les mêmes Etats-Unis.
Conclusion
Il fit ses premiers pas aux côtés des membres du Cercle de l’Oratoire, la principale structure de rayonnement de la propagande néocons en France. Il fut ensuite le collaborateur de Saakachvili, un pantin à la solde de l’Amérique. Aujourd’hui il cautionne les allégations de Trump et Biden. Bref, à l’instar de Robert Ménard qui fut à la pointe de la campagne anti-JO de Pékin, Raphaël Glucksmann a résolument orienté sa carrière vers les intérêts américains.
Si les Ouïghours ont vraiment besoin d’un porte parole crédible, il va sans dire qu’avec Raphaël Glucksmann leur avocat commis d’office, il n’ont pas touché le gros lot.
Habitué aux semblants de débats dépourvus de contradicteurs, notre homme évolue depuis toujours dans un entre-soi qui lui procure l’assurance de ne jamais être vraiment mis en difficulté. Or sans opposer les différents points de vue pour démêler le vrai du faux, il est difficile de pouvoir valider ou pas les différentes déclarations sur la question des conditions de vie des Ouïghours en Chine.
Surtout quand les accusations viennent d’un camp qui au nom des droits de l’homme a plongé des parties importantes du monde dans un chaos indescriptible. Une chose est certaine, l’ascension fulgurante de la Chine ne plaide pas en sa faveur.
Ainsi, les vociférations de Raphaël Glucksmann sont en accord avec la position commune des pays occidentaux à l’égard du pouvoir politique chinois. Elles se propagent parallèlement au fond ancestral de racisme anti-asiatique qui puise sa force dans l’histoire sordide de nos guerres coloniales. Il est préoccupant de constater combien les messages haineux d’incitation à la violence envers la Chine se multiplient. Ainsi l’Association des Jeunes Chinois de France (AJCFt), nous alertait dernièrement que “les chinois” sont accusés entre autres d’être à l’origine de la propagation du nouveau coronavirus.
Sur Youtube, Nadiya Lazzouni nous propose une émission modestement intitulée « Nadiya Lazzouni show » et dont le thème est « Les Ouïghours [...] victimes d’une politique de colonisation chinoise qui les rend minoritaires sur leur propre territoire ».
Elle interviewe Raphaël Glucksmann. Je vous livre un florilège des affirmations de l’euro-député et je vous dis, juste après, pourquoi il parle ainsi. (Si vous avez du temps, sa prestation complète est ici. Elle dure 33 MN). https://www.youtube.com/watch?v=6rAgTO2KB-I
« Tu lis le Coran, tu vas en camp, tu portes une barbe, tu vas en camp, tu envoies des vœux pour l’Aïd, tu vas en camp… on tue un peuple… un programme de mise en camp d’un peuple… il y a des camps de concentration où l’on parque une population entière…. Il y a trois millions de personnes dans des camps de concentration… enfermement d’un peuple dans des camps de concentration… trois millions de personnes dans des camps de concentration [pour] éradiquer le peuple… un peuple qui, n’a plus de langue, plus de religion, plus de droit à l’identité… ».
Pourquoi parle-t-il (ment-il) ainsi sans avoir mis les pieds sur place ni, semble-t-il, vu une vidéo sur la vie quotidienne au Xinjiang ? Parce qu’il sait qu’il n’aura jamais en face de lui un journaliste qui lui demandera de préciser, d’étayer, de sourcer, de s’étonner de ses contradictions les plus grosses.
Son interlocutrice, par exemple, ne relève pas son incohérence quand il prétend qu’il y a « trois millions de personnes dans des camps de concentration », soit « une population entière »alors qu’il y a 25 millions d’habitants au Xinjiiang. Si Glucksmann a voulu dire« une population entière de Ouïghours », il en manque encore dans les camps car les Ouïghours sont 12,7 millions d’habitants.
Mettre« une population entière »dans les camps pour punir les Ouïghours suppose que le gouvernement chinois n’a pas remarqué que le Xinjiang est peuplée de 56 ethnies. Ce sont, dans l’ordre d’importance numérique : les Ouïgours (50%), les Han (30%), les Kazakhs, Huis, Kirghizes, Mongols, Tadjiks, Xibes, Mandchous, Ouzbeks, Russes, Daurs, Tatares, Dongxiangs, etc.
Mettre« une population entière »dans les camps pour lui apprendre à aimer les mosquées, suppose que le gouvernement chinois n’a pas remarqué que le Xinjiang n’est pas une région musulmane. Plusieurs religions y cohabitent : musulmane, certes, mais aussi, taoïste, bouddhiste, chrétienne, orthodoxe sans oublier les non-croyants.
Sans que son interlocutrice ne lève un sourcil incrédule qui aurait pu déranger l’agencement de son prude foulard (et offenser nos regards à la vue d’une mèche de ses cheveux), Glucksmann, suggère que Beijing, anti-musulman et anti-Ouïghour, met en camp de concentration, à la louche, sans faire de détail,« une population entière »faite d’ethnies différentes et de religions variées.
On se demande bien pourquoi les Glucksmann, Autain, journalistes de Libé et autres pitres, faisant preuve d’un égoïsme inouï, se bornent à parler de« génocide ouïghour »et ne nous alertent pas sur « l’éradication »des peuples kazakhs, huis, kirghizes, mongols, tadjiks, xibes, mandchous, ouzbeks, russes, daurs, tatares, dongxiangs, etc.
Et ce n’est pas tout ! Gluksmann affirme :« Tu lis le Coran, tu vas en camp, tu portes une barbe, tu vas en camp… ». Pure invention ! J’ai vu,de mes yeux vu,une école coranique, des mosquées, des prières hors des mosquées, des barbus, des restaurants halal, une cantine halal. Il suffit d’ailleurs à qui me lit de taper « Kashgar » sur son moteur de recherche et il vérifiera que Glucksmann ment. Effrontément.
Il est sûr du soutien des siens, conscients et complices de ses mensonges parce que s’en démarquer serait politiquement incorrect.
Ecoutons-le encore« éradiquer le peuple… un peuple qui n’a plus de langue, plus de religion… ».
Mais la religion est libre. Il y a plus de mosquée au Xinjiang qu’aux USA. Celle de Kashgar, que j’ai visitée, peut accueillir plus de fidèles que Notre-Dame de Paris.
Mais la langue des Ouïghours n’est pas menacée, c’est souvent la seule langue parlée et le gouvernement chinois voudrait qu’ils parlent AUSSI le mandarin.
Fallait-il que la France du 19 ème siècle continue à parler ses 50 langues sans surtout apprendre celle dans laquelle vous me lisez ? Fallait-il que l’Eglise catholique fasse la loi et éduque les jeunes Français ? Fallait-il accorder l’indépendance au pays Basque, à la Bretagne, à la Nouvelle-Calédonie ? Faut-il que les quelques centaines de djihadistes français qui se battent en Syrie aux côtés de milliers de Ouïghours soient assurés d’une sorte d’immunité droit-de-l’hommiste ?
Ces questions ne seront pas posées. Les mafiosi médiatiques déblatèrent entre eux en toute impunité, sans jamais être interrompus. Ils se confortent, s’apitoient de concert devant des faux témoins. Ils se passent la parole pour des surenchères, ils sont entre eux. « Tout chien est lion dans sa maison ».
D’après une enquête (2019) publiée fin janvier 2020 par l’Institut Reuters (1), seulement, 24 % des français font confiance aux médias. Soit 11% de moins que l’année précédente. Le taux de confiance est de 47% en Allemagne, de 40% au RoyaumeUni.
L’enquête a été menée auprès de 75 000 personnes dans 38 pays. Quand elle a commencé à mesurer la confiance en 2015, le taux était de 38% pour la France. La France enregistre la chute de confiance la plus importante. Elle se classe 37e sur 38 pays étudiés, devant la Corée du Sud (22 %).
Séduction et oppression : le « en même temps » de Macron culmine dans le Projet de loi instituant un régime de dictature sanitaire
Dominique MUSELET
La plupart des dirigeants, petits et grands, manient, de tous temps, la carotte et le bâton. Ils promettent, puis donnent quelques miettes, puis les reprennent, puis répriment, puis promettent, puis donnent quelques miettes, puis les reprennent, puis répriment. Macron lui, ne donne jamais rien.
Mais si, allez-vous me rétorquer, il a distribué 17 milliards d’Euros aux Gilets jaunes, selon les économistes du pouvoir, comme Nicolas Beytout qui trouve injuste que « beaucoup de Français ne le perçoivent pas ». Pourtant ils ont raison, les Français, Macron ne leur a en fait rien donné de concret, ni de durable. C’était uniquement de la communication, un tour de passe-passe, après que ce petit roitelet, élevé dans du coton, s’est laissé surprendre par une révolte qui lui a foutu la pétoche, la vraie.
L’extrême centre
Il n’a rien lâché (pour ne pas être lâché par ses maîtres du CAC 40), mais il tout de même été obligé de se livrer à une forme de reddition humiliante qu’il ne nous a jamais pardonnée.
« Honteux et confus » comme le corbeau de Jean de la Fontaine, Macron « jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus ». Et c’est là que nous avons tous compris que la répression inouïe qui s’était abattue sur les Gilets jaunes n’était pas un hasard. Sous le gendre idéal, nous avons découvert une figure implacable et sans merci de l’extrême-centre.
C’est Pierre Serna qui nous a révélé « l’existence d’un extrême centre auquel il accole trois caractéristiques : le discours de la modération, le girouettisme et la force du pouvoir exécutif jusqu’à la répression et la dictature ». Il applique le concept à Macron dans son dernier livreL’extrême centre ou le poison français.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça lui va comme un gant. L’extrême centre, c’est une main de fer dans un gant de velours caméléon.
La prévention
Après la révolte des Gilets jaunes, Macron a amélioré sa formule. A la séduction et la répression, il a ajouté la prévention, la prévention de l’insurrection.
Le mot prévention n’a pas d’autre sens pour lui. En matière de santé, pourtant l’obsession du moment, la prévention, ce n’est surtout pas le renforcement des défenses immunitaires, ni évidemment les soins précoces, non, ce sont les amendes pour nous terroriser tout en assurant le train de vie de l’aristocratie stato-financière, les vaccins à la chaîne et les passeports sanitaires pour contrôler tous nos faits et gestes et améliorer les profits des laboratoires pharmaceutiques, et la fermeture des frontières avec la Grande Bretagne pour se venger de sa décision de quitter l’UE.
Un petit détour par le Brexit
On le comprend, la France va beaucoup perdre avec le Brexit, comme le reconnaît Marc Touati dans un article intitulé prudemment Brexit : “la France risque de perdre plus que le Royaume-Uni !” : « selon nos estimations, le coût du Brexit (avant même son entrée en vigueur) atteint déjà 1,2 point de croissance en moins pour la France en 2016-2019 » et ce n’est pas fini ! Il paraît que l’accord de dernière minute que l’UE pensait pouvoir arracher au Royaume Uni achoppe sur la question de la pêche. On apprend que pendant que les énormes bateaux-usines des Hollandais viennent piller les fonds français en pratiquant la pêche électrique avec la bénédiction de l’UE, nos malheureux pêcheurs se consolent en ratissant plus artisanalement les fonds anglais. Ce que précisément l’Angleterre veut faire cesser... Et qui sera au bout du compte les dindons de la farce ? Les pêcheurs français évidemment, comme les agriculteurs français, l’industrie française, les restaurateurs français...
Mais revenons à nos moutons.
Les opérations de séduction
En matière de séduction, nous avons été servis. Parmi les plus mémorables il y a eu :
• La marche solitaire d’Emmanuel Macron au Louvre, comme Public-Sénat l’intitule sobrement. A savoir l’intronisation, ou plutôt le sacrement du royal président, non pas dans la cathédrale de Reims, mais sur l’esplanade du Louvre, laïcité oblige, sous les applaudissements émus et les commentaires énamourés des courtisans-journalistes qui après avoir fait sa promotion comme d’un produit de marketing pendant sa campagne, s’extasient de ce qu’il s’adresse « à tous les Français, y compris aux électeurs du Front national ».
• Le Grand débat national organisé pour soi-disant recueillir les doléances des Français, des milliers de cahiers et de textes jetés à la poubelle aussitôt fini le soliloque interminable du petit monarque, ivre de lui-même et de sa puissance.
• La Convention citoyenne pour la transition écologique dont les 150 propositions se sont transformées en une vague promesse de vague référendum pour inscrire une vague défense de l’environnement dans la Constitution.
Et il y a eu bien d’autres coups de com, il y en a même eu des quantités et on les a tous oubliés. Par exemple, la grande concertation écologique lancée en novembre 2018 pour tenter de désamorcer la révolte des Gilets jaunes tout en maintenant la taxe carbone (qu’il a dû finalement retirer). Ou la Rencontre avec 67 intellectuels triés sur le volet à l’Elysée que Lordon a snobée, ne voulant pas servir de caution à Jupiter. Ou tous les ridicules et hypocrites numéros verts dont le dernier doit servir à signaler les discriminations. Révolution permanente les tourne en dérision : « Pour savoir si quelque chose va mal dans la société, il faut chercher le numéro vert » et de souhaiter qu’on mette bientôt un numéro vert à la disposition de « toutes les personnes qui auraient la fâcheuse impression d’être pris pour des cons ».
Oui, Macron n’a pas ménagé ses efforts pour nous séduire. Il vient même de se faire porter malade pour nous attendrir alors qu’on sait que tout ce qu’il risque, en fait, c’est de passer de somptueuses vacances dans le joli château de Marie-Antoinette.
La répression, la surveillance, le contrôle
Mais tout s’use et il a beau faire, son charme aussi. Qu’à cela ne tienne, les opérations successives de séduction n’ont pas pour but de convaincre, mais de gagner du temps en attendant les opportunités de mener à bien le second volet du « en même temps » : le contrôle de la population pour mieux la dépouiller.
Tout le long de son quinquennat, il a lutté et bataillé pour supprimer nos droits, nos acquis, nos libertés, nous soumettre et nous réduire, petit bout par petit bout. Il y a eu tant de projets de loi, de lois, de décrets divers et variés qu’on ne peut plus les compter. Tout ce qu’on sait, c’est qu’au bout du compte, le chômage augmente pendant que les indemnités baissent ; les salariés doivent travailler plus longtemps et dans des conditions toujours plus dégradées, avec des salaires toujours plus dérisoires pendant que les retraites baissent ; les libertés de manifester, de se réunir, la liberté d’expression, d’internet, les libertés de mouvement, d’action, fondent comme neige au soleil. Et désormais le gouvernement peut fermer arbitrairement et au gré de sa volonté tous les établissements publics ou privés et enfermer les gens chez eux.
La victoire de Macron ?
Il faut dire que l’épidémie a été une aubaine comme jamais l’oligarchie n’aurait osé l’espérer. Sans elle, jamais Macron n’aurait pu espérer s’offrir une dictature sanitaire comme cadeau de Noël. Sans elle, il ne pourrait pas espérer faire passer tous les dispositifs liberticides de l’état d’urgence dans la loi ordinaire. Décembre 2020 scellera-t-il notre défaite et la victoire de Macron ? Pour le moment, il semble tenir le bon bout avec :
• Le décret du 4 décembre qui vient d’octroyer aux pouvoirs publics l’autorisation de ficher les opinions/appartenances politiques, religieuses et syndicales des Français. Enfin d’une partie pour le moment en attendant que ce soit tout le monde.
• Le projet de loi qui vient d’être déposé dans le cadre d’une procédure d’urgence sanitaire. Il conditionne notamment nos déplacements, l’exercice de certaines activités à l’administration d’un test, d’un traitement ou d’un vaccin et permet des enfermements administratifs. Bref, c’est le régime de l’arbitraire.
Où est la gauche ?
Le gouvernement danois a essayé de faire passer une loi du même genre en novembre dernier et les Danois ont fait 9 jours de manifestations, jusqu’à ce que la loi soit retirée...
En France on entend quelques protestations à droite mais pas beaucoup à gauche. La gauche est descendue dans la rue contre la loi de Sécurité globale et l’article 24 (retiré mais remis dans la loi sur le séparatisme), mais là, contre les deux décrets de décembre et le projet de loi Castex, on ne l’entend pas autant, me semble-t-il. On ne l’a pas entendue non plus s’élever, pendant toute la durée de l’épidémie, contre l’arbitraire, l’exagération, l’absurdité et l‘iniquité des mesures sanitaires. Pourquoi ?
C’est, à mon humble avis, que la gauche, soit partage, soit n’ose pas s’opposer à l’idéal de société aseptisée des écologistes. Yannick Jadot voulait rendre les vaccins obligatoires, vous vous rappelez ? Et, sur les plateaux de TV, les écologistes n’ont pas cessé de traiter d’irresponsables tous ceux qui trouvaient les mesures gouvernementales abusives et contre-productives.
Dans leur société future, il n’y aura plus rien de sale, ni de dangereux. Il n’y aura plus, ni charbon, ni pétrole, ni nucléaire, ni virus, ni maladie. Il y aura peu de monde sur terre et tout le monde fera ce qu’il doit faire. La religion sera naturelle, et le foie gras sera proscrit. On mangera de la viande artificielle et des légumes hors sol à l’ombre des éoliennes, et on dormira dans des maisons de terre ou dans des villes intelligentes (le débat n’est pas tranché au sein des verts). On vivra d’amour, d’eau fraîche et d’énergie verte, et tout le monde sera heureux.
Finalement on dirait que la dictature sanitaire de Macron convient parfaitement à ces ayatollahs de l’écologie et que leurs amis de gauche s’en accommodent par lâcheté, commodité ou conviction.
C’est bien regrettable, car lorsqu’ils s’apercevront que ce n’est pas leur conte de fée qui se réalise mais celui du Grand Capital, il sera trop tard.