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12 avril 2021 1 12 /04 /avril /2021 01:15

Le Monde Diplomatique (avril 2021)

Les États-Unis font le pari du risque systémique selon Serge Halimi : « Trois jours avant l’entrée de M. Donald Trump à la Maison Blanche, le président chinois Xi Jinping se rendit à Davos. Il y mit en garde les États-Unis contre le protectionnisme. Aujourd’hui, c’est la politique de relance impulsée par M. Joseph Biden qui alarme les dirigeants chinois. Ils y voient un « risque systémique » pour l’ordre économique actuel.

Les États-Unis viennent en tout cas d’adopter une des lois les plus sociales de leur histoire. Elle s’écarte des stratégies économiques mises en œuvre ces dernières décennies, qui ont favorisé les revenus du capital – « startupeurs » et rentiers mêlés — et accru le décrochage des classes populaires.

Elle rompt avec des politiques publiques hantées par la crainte d’une reprise de l’inflation et d’une flambée de l’endettement. Elle ne cherche plus à amadouer les néolibéraux et leurs bailleurs de fonds avec des baisses d’impôts dont le produit atterrit souvent en Bourse et gele la bulle financière. »

Pour Stefano Palombarini, l’Italie est devenue un laboratoire politique européen : « Dix ans après M. Mario Monti et son gouvernement de technocrates, un autre ancien cadre de Goldman Sachs vient de s’installer au palais Chigi.

Comme son prédécesseur, et comme M. Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle française de 2017, M. Mario Draghi prétend dépasser le clivage entre la droite et la gauche en s’élevant au-dessus des partis et en apportant la vision éclairée de l’expert, tout en restant scrupuleusement dans les clous fixés par Bruxelles : orthodoxie budgétaire et néolibéralisme.

L’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) a réussi à rassembler toutes les formations italiennes, de la gauche à l’extrême droite, y compris celles qui ont prospéré en s’opposant à ce programme. Il a en effet reçu le soutien conjoint du Mouvement 5 étoiles (M5S) et de la Ligue, deux partis qui, trois ans plus tôt, remportaient les élections législatives sur la promesse de rompre avec l’austérité et de s’opposer aux diktats européens. »

L’Italie où, selon Giovanni Ierardi, la mafia s’enracine toujours et encore : « Moins connue que Cosa Nostra en Sicile ou la Camorra napolitaine, la ’Ndrangheta, la Mafia calabraise, est pourtant l’une des plus redoutables. Exerçant son emprise sur l’économie et la politique, et contrôlant ainsi de vastes territoires, elle se trouve aujourd’hui au cœur d’un procès historique. Mais la répression ne peut suffire si l’on ne s’attaque pas également aux racines de cette criminalité organisée. »

Alex Alber, Joël Cabalion et Valérie Cohen analysent le fiasco de la déradicalisation : « La question brûlante qui occupait le débat public après les attentats de 2015 à Paris n’a rien perdu de son acuité : qu’est-ce qui a pu susciter l’explosion d’une telle violence ? Comment bascule-t-on dans l’innommable ? La « radicalisation » violente, initialement pensée comme une catégorie de signalement policier.

s’est ainsi imposée comme un marronnier médiatique et comme l’objet d’intarissables querelles entre chercheurs orientalistes qui resurgissent à chaque assassinat impliquant de près ou de loin des mobiles politico-religieux.Ces événements renforcent le parti de ceux qui jugent les « valeurs de la République » remises en question par le « communautarisme » musulman.

Celui-ci minerait de l’intérieur la cohésion de la société française ; il appellerait un sursaut propre à restaurer l’unité perdue et à inculquer le « respect de nos valeurs » à une partie de la jeunesse, particulièrement dans les quartiers populaires, toujours suspects d’un déficit de citoyenneté.

Philippe Baqué demande si c’est un crime de combattre les djihadistes : « Le Parlement français a adopté de nombreuses lois « antiterroristes » qui permettent de substituer le soupçon à la preuve. Comble de la perversité, ces textes servent aujourd’hui de base juridique pour traquer ceux qui ont voulu combattre le djihadisme en Syrie. Avoir pris les armes contre l’Organisation de l’État islamique devient un élément à charge pour la machine policière. »

Pour Roger Erkirch, le sommeil a une histoire : « Aux premiers jours de l’automne 1878, Robert Louis Stevenson, alors âgé de 27 ans, passa douze jours à crapahuter dans les Cévennes. Son seul compagnon de voyage était une ânesse du nom de Modestine. Stevenson ne devait publier L’Île au trésor et connaître la célébrité littéraire que cinq ans plus tard.

Au beau milieu de son expédition, il installa son campement dans une petite clairière entourée de pins. Après un souper roboratif, alors que le soleil venait de terminer sa course, il s’étendit dans son « sac de couchage », une casquette sur les yeux.

Mais, plutôt que de dormir d’une traite jusqu’à l’aube, il s’éveilla peu après minuit, le temps de fumer nonchalamment une cigarette et de jouir d’une heure de contemplation. Jamais auparavant il n’avait savouré « une heure plus parfaite » — libéré, se réjouissait-il, de l’« embastillement de la civilisation ». « Par quelle suggestion informulée, par quel délicat contact de la nature, se demandait-il, tous ces dormeurs sont-ils rappelés, vers la même heure, à la vie ? ».

Pour Philippe Descamps, la montagne s’émancipe du ski alpin : « Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Ici, les pentes sont douces. On se réapproprie la montagne ! » En ce mardi 26 janvier, ensoleillé et glacial, quarante centimètres de neige poudreuse recouvrent les pistes de La Plagne. Retraitée à Aime, au pied de cette station savoyarde de plus de cinquante mille lits, Christiane monte tous les jours faire une balade à skis de randonnée.

Avec son amie Agnès, monitrice de ski qui bénéficie du chômage partiel, elle profite de la fermeture des remontées mécaniques qui, depuis 1961, ont accaparé le « deuxième plus grand domaine skiable du monde ». Une légère brise thermique fait tourner à vide un canon à neige devenu inutile depuis le 15 mars 2020.

Au « village » (artificiel) de Belle Plagne, un seul commerce sur une dizaine reste ouvert. L’office du tourisme tente de s’adapter à la situation sanitaire en sortant de nouveaux prospectus sur la luge, le ski de fond ou la « peau de phoque ». Des engins ont même damé quelques secteurs pour les moins aguerris qui seraient néanmoins prêts à remonter par leurs propres moyens, grâce aux peluches antirecul placées sous leurs planches. »

Romain Mielcarek explique comment la France sous-traite sa guerre au Sahel : « Confrontée au coût exorbitant — près de 1 milliard d’euros par an — de sa présence militaire au Sahel, la France peine à obtenir le soutien de ses partenaires européens. Après avoir envoyé du matériel et des conseillers techniques, une poignée de pays ont finalement accepté de dépêcher de petits contingents de soldats. Mais ces gestes symboliques ne sont pas sans contrepartie. »

Pour Ndongo Samba Sylla, cinq coléreuses secouent le Sénégal : « Le Sénégal a connu entre le 4 et le 8 mars derniers un soulèvement populaire d’une ampleur inédite. La répression des émeutes a coûté la vie à onze manifestants âgés de 12 à 35 ans. La façade lisse de la « démocratie » dans ce pays d’Afrique de l’Ouest s’est subitement effondrée. La contestation sociale, avivée par les restrictions dues à la pandémie de Covid-19, a des racines profondes. »

PourYuta Yagishita, les fonctionnaires japonais sont en plein burn-out » : « Une heure et demie du matin. Dans le quartier de Kasumigaseki, à Tokyo, qui regroupe la plupart des institutions du pays, d’interminables files de taxi entourent les bâtiments imposants des ministères. Ayant raté le dernier métro, des fonctionnaires marchent d’un pas lourd et s’engouffrent dans les voitures, qui disparaissent dans les profondeurs de la nuit.

Cette scène illustre le quotidien des agents d’État au Japon. Bien qu’ils bénéficient d’un statut enviable, sans risque de chômage, leur vie ressemble à un chemin de croix. Au motif qu’ils travaillent pour l’intérêt général et doivent parer aux urgences le cas échéant, le code du travail, qui limite le nombre d’heures supplémentaires à quarante-cinq par mois pour les autres salariés, ne s’applique pas à eux. Leurs syndicats sont également privés du droit de grève. »

Pour Franck Gaudichaud, le Chili fait le pari de la Constitution : « Depuis longtemps, la colère gronde au Chili, un pays façonné par la dictature du général Augusto Pinochet. Mais comment rompre avec le passé et réparer la société ? Confronté à un mouvement social puissant, le président conservateur Sebastián Piñera a avancé l’idée d’une nouvelle Constitution. Cédait-il à la contestation ou venait-il de trouver un moyen de la torpiller ? »

 

Daniel Luban explique pourquoi le conservatisme populaire est introuvable aux États-Unis : « Le plan d’urgence du président Joseph Biden vient d’être voté par le Congrès américain sans un seul suffrage républicain. Cette opposition unanime à des mesures économiques qui favorisent au premier chef les catégories populaires pourrait surprendre venant d’un parti qui se prétend dorénavant soucieux de les défendre. Mais elle illustre les limites – ou l’imposture – d’un populisme de droite aux États-Unis. »

Pendant ce temps, le dialogue reste tendu entre Washington et Téhéran : « La Maison Blanche a relancé les discussions avec l’Iran afin de parvenir à un nouvel accord pour l’encadrement des projets nucléaires de la République islamique. Ces négociations suscitent l’hostilité de l’Arabie saoudite, inquiète des critiques répétées de M. Joseph Biden à son encontre, et d’Israël, pourtant assuré de l’immobilisme américain à propos de la question palestinienne. »

En Russie, on se mobilise contre les arnaques immobilières (Estelle Levresse) : « Les ventes frauduleuses d’appartements sur plan ont ruiné des dizaines de milliers de ménages russes. Face aux protestations, l’État commence à verser des indemnisations, tout en promettant de mieux réguler le marché de l’immobilier. Cela suffira-t-il à convaincre les populations de l’ex-URSS que le logement, après avoir été un bien essentiel fourni par l’État, est désormais une marchandise comme les autres ? »

Pour Anne-Cécile Robert, l’espace du débat est en train de disparaître : « L’évolution des mentalités et le progrès des idées redessinent à chaque époque les contours de ce que la société choisit pour elle-même comme étant le Bien. Il existe donc une part nécessaire d’indétermination dans l’intérêt général. La lente conquête des droits sociaux, par exemple, à partir du XVIIIe siècle, et surtout du XIXe siècle, illustre le caractère à la fois contingent et évolutif de l’intérêt général.

Avec la démocratisation, celui-ci doit se rapprocher des souhaits du peuple et, à cette fin, être soumis à une délibération publique sanctionnée par le suffrage universel. Une démocratie vivante de citoyens actifs, attentifs aux affaires publiques, fait, en principe, apparaître l’étendue des possibles, dévoile les options en présence et donne une vision plus large et donc plus juste, plus vraie, de la réalité. La vérité remplit une fonction centrale ici car, sans elle, la détermination de l’intérêt général n’est que le paravent des intérêts particuliers. Il est, en quelque sorte, faux. »

Sophie Eustache dénonce les recettes de l’information en continu : « L’information en continu naît de l’injection d’une vieille idée dans de nouveaux tuyaux. L’idée ? Les maux du monde découleraient d’un déficit de communication entre humains. Les canaux ? Ces chaînes privées qui se multiplient au début des années 1980, grâce aux nouvelles technologies et à la financiarisation des médias.

« Depuis la création de CNN, explique en 1997 M. Robert « Ted » Turner, créateur dix-sept ans plus tôt de Cable News Network, la première chaîne « toute info », aux États-Unis, la guerre froide a cessé, les conflits en Amérique centrale ont pris fin, c’est la paix en Afrique du Sud, ils essaient de faire la paix au Proche-Orient et en Irlande du Nord.

Les gens voient bien que c’est idiot de faire la guerre. Avec CNN, l’info circule dans le monde entier et personne ne veut avoir l’air d’un débile. Donc ils font la paix, car ça, c’est intelligent. » En 1991, la chaîne américaine apporte la guerre du Golfe dans le salon des téléspectateurs occidentaux : des heures passées à attendre qu’un événement interrompe les palabres de généraux à la retraite installés en plateau pendant que les correspondants perchés sur le toit d’un hôtel de luxe bagdadi filment le ciel.

Devant les caméras, il ne se passe rien, mais en direct. Ce mode de traitement va s’imposer comme norme de la couverture médiatique des grands événements internationaux. »

En Algérie (Akram Belkaïd), le Hirak ressuscite mais se divise : « Unie à ses débuts, en 2019, la protestation pacifique, ou Hirak, contre le pouvoir algérien doit composer avec la montée en son sein de la défiance à l’encontre du mouvement islamoconservateur Rachad. Une aubaine pour les autorités, qui entretiennent la zizanie pour favoriser les candidats du régime lors des élections législatives du 12 juin. »

En Bretagne, Maëlle Mariette a observé deux mondes paysans qui s’ignorent : « Enchaînés à l’impératif du rendement, montrés du doigt pour leurs pratiques polluantes, cernés par les résidences secondaires, les agriculteurs conventionnels du Morbihan observent avec désarroi le succès de leurs collègues qui se sont tournés vers le bio, la vente directe, les circuits courts, etc. Des cultures différentes cohabitent… sans qu’émerge une solution globale au modèle agricole dominant. »

Jean-Numa Ducange revient sur la gauche et la question coloniale : « La gauche républicaine a-t-elle toujours été, comme certains l’affirment, colonialiste ? Aucune réponse simple ne saurait être apportée à cette question. De Jean Jaurès à Georges Clemenceau, de Jules Guesde à Édouard Vaillant, les dirigeants socialistes français ont pris des positions très variées, qui ont évolué au fil des décennies. »

Clothilde Dozier décrit le plaisir d’apprendre aux temps de Jean-Michel Blanquer : « En février dernier, cela faisait trois mois que 60 % des lycéens ne pouvaient suivre que la moitié de leurs cours, et plus de six mois que les enfants de 6 ans devaient apprendre à lire en portant des masques.

Il fallait aérer les salles plusieurs fois par jour malgré des températures négatives, les cours d’éducation physique et sportive (EPS) en intérieur étaient suspendus, les cas de contamination au Covid-19 se multipliaient dans les établissements et des incertitudes planaient sur les examens de fin d’année. Que décida alors M. Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’éducation nationale ? La suppression de 1 883 emplois à temps plein… Une manie qu’il semble partager avec son collègue de la santé, M. Olivier Véran qui, lui, élimine des lits d’hôpitaux en pleine pandémie.

Un an plus tôt, le coronavirus se répandait sur le territoire français et la question de la fermeture des écoles commençait à se poser. Au micro de Sonia Mabrouk, sur Europe 1, le 28 février 2020, M. Blanquer certifiait que professeurs et élèves n’avaient rien à craindre. « Nous y sommes préparés depuis plusieurs semaines, prétendait-il. Il est normal qu’on formule des doutes, mais voilà, je peux vous le dire : nous avons notre dispositif qui est prêt, je l’ai testé moi-même, nous avons les connexions nécessaires, il peut y avoir sept millions de connexions en même temps. » Le ministre avait allumé son ordinateur, il avait testé, cliqué : tout était prêt.

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8 avril 2021 4 08 /04 /avril /2021 02:40
 

Je rebondis sur l’intervention d’une camarade sur ce blog, Mireille Popelin réagissant au texte de J.Cl Delaunay(1) : je suis bien d’accord: “On dirait que les communistes français sont tétanisés par le concept de socialisme je l’ai constaté en réunion avec des communistes ! quand je parle de la nécessité de lutter pour le socialisme, c’est la stupeur, l’embarras, on passe “au point suivant ” . Va falloir que je leur rentre dedans. Vous dirai les résultats

je dois dire pour ma part que dans mes cauchemars les plus audacieux je n’avais jamais osé imaginer pareil interdit, celui de prononcer le mot socialisme dans les couloirs du colonel Fabien et par “ruissellement” de voir!e même interdit suscitant une gêne proche de la panique si on ose le prononcer en réunion de section. C’est exactement ce que décrit Gombrowitcz avec un fantôme au milieu d’un salon bourgeois: “que dire cette présence est tellement… mal élevée!” On ne débat pas, on ignore…

Le mot communisme est lui parfois utilisé. Cela se passe quand on ose aller au-delà de l’apologie du “rassemblement” pour chasser un président, étant assuré que l’on aura le même à la suite de l’opération et peut-être pire, si faire se peut. Le mot “communisme” relevant alors d’un vague idéal moral étayé à grand coups de citations, une sorte d’Almanach Vermot de la culture qui ravirait Bachelot.

Ce communisme là, qui économise but et moyens est lui autorisé comme un supplément d’âme théorique, mais on lui préfère son amputation “le commun”. D’ailleurs si ce mot subsiste ce n’est pas faute d’avoir essayé à chaque congrès de le supprimer en tant qu’associé à celui de parti et Français, ce qui s’est heurté à un réflexe de refus de la base.

Tout cela est bien étrange, pourquoi un tel acharnement? comment tenter de le comprendre? …

D’abord pour sensibiliser à la question,je vous conseille de lire l’article publié aujourd’hui dans histoire et societe dans lequel un intellectuel Chinois vivant au Canada découvre Franz Fanon et la manière dont l’impérialisme obligé par “l’assimilation” les immigrés de la seconde génération chinoise à devenir les meilleurs agents de l’attaque contre le socialisme de leur pays d”origine.

S’interroger sur le processus d’assimilation qu’ont subi les communistes français a le mérite d’insister sur la dimension de classe de toute assimilation alors qu’un des pièges de l’impérialisme est de limiter la dite assimilation à une dimension culturelle voir raciste.

Le cas qui peut l’illustrer est celui de l’imbécile débat sur “mixité et non mixité” dont on se demande qui est le plus insupportable de ceux qui sont pour et ceux qui sont contre mais il suffit de voir qu’il aboutit à donner les moyens de renforcer la répression conservatrice contre un syndicat quel que soit les limites de son expression. Il en est ainsi de tout débat racialisant les questions de classe, leurs effets retombent toujours en faveur de la répression capitaliste et de la division des travailleurs.

Donc retrouvons la dimension de classe dans une société de classe y compris pour dénoncer le racisme, l’antisémitisme et toutes les xénophobies, les stigmatisations de genre, l’ignorer c’est à la fin renforcer l’autoritarisme, le conservatisme dans l’étape de la société capitaliste dans laquelle nous sommes.

Il y aurait trois stades à cette assimilation, la première consiste à vouloir se faire accepter en se montrant le meilleur dans les valeurs supposées de la dite société.Valeurs proclamée qui nie les faits, les pillages, le sous développement entretenu, mais met en avant son excellence démocratique, son humanisme, son suprématisme… le fin du fin est d’opposer ces valeurs à celles de contrainte et de dictature de la société dont l’individu est issu.

ce dernier pour participer de l'”élite” doit distinguer le peuple chinois “opprimé” et son gouvernement autocrate. Mais au lieu d’en retirer les bénéfices escomptés, le jeune chinois s’aperçoit qu’il ne sera jamais considéré comme les autres alors lui vient un vague souvenir de ses origines et il en fait dans un premier temps un bazar de pacotille, du folklore identitaire.

Seule la troisième prise de conscience, celle de la nature de l’aliénation de l’assimilation impérialiste permet de retrouver non seulement l’identité individuelle mais collective. du pays d’accueil comme celui d’origine.

Les communistes s’y reconnaitront je pense. Il suffit de se souvenir de quelques interventions de journalistes de l’humanité cherchant à se faire accepter sur les plateaux de télévision ou du pilonnage de propagande subi depuis plus de trente ans non seulement sur Staline, mais à partir de là sur Lénine et désormais sur Marx que l’on castre, on les efface, les rend illisibles.

Le tout au profit de Jaurès dont le plus grand mérite fut la cause pour laquelle il mourut et son choix d’aller aux jacobins s’asseoir aux côtés de Robespierre. Encore que Robespierre lui-même sente le soufre, parce qu’il a osé défier la toute puissance des riches, au sein même de ceux dont la logique de classe était de s’enrichir, en revanche on ne trouve rien à redire à Olympe de Gouges qui est pourtant une sacrée réactionnaire

 Le processus d’assimilation se présente comme une dérive vers la social démocratie mais sur le fond ce sont les finalités de l’impérialisme contre son propre camp ses origines qui sont imposées.

Ces assimilationnistes n’ont pas ménagé leurs efforts, toute la formation des militants, toute la production idéologique, toute la presse du parti a été orientée vers la négation du socialisme, de ses expériences et le concept lui-même a été frappé d’interdit. Ceux qui osaient en parler étaient censurés et comme la censure ne faisait que redoubler celle de la presse bourgeoise elle devenait de plus en plus “normale”. Ceux qui se débattaient encore étaient des “staliniens”, voir des fous…

Malgré tous ces efforts d’assimilation le communiste se sentait de moins en moins accepté. La plainte la plus fréquente du communiste en voie d’assimilation, celui que l’on a convaincu de l’inutilité de l’intervention populaire et surtout de la sienne propre, est “les médias nous font beaucoup de tort”.

Oui le reniement ne paye pas, pourtant la seule issue envisagée est comme dans l’ensemble de la société, de poursuivre sur la même voie, plus loin encore… Le communiste de base, celui qui a survécu à la saignée qui a fait passer de 700.00 à 50.000, devenu une conscience malheureuse de l’assimilation à l’impérialisme, a du mal à s’y faire…

A l’inverse de ses chefs bénéficiant de la vente des bijoux de famille, et de postes confortables, il n’aime pas du tout être méprisé, il estime ne pas l’avoir mérité . Le communiste grugé commence à rechercher des gadgets identitaires et il faudra du temps pour passer de là à la conscience révolutionnaire, mais c’est un pas important.

Le tout bien sur avance avec d’autant plus de difficulté que les “assimilateurs” en chef, ceux qui se proclament au sein du parti”les défenseurs de la diversité” donc de la valeur suprême de l’assimilation :la démocratie – quitte à la bafouer sans état d’âme en pratiquant une censure impitoyable sur les communistes non assimilationnistes – font tout pour entretenir l’inertie, et ils en arrivent même à nier les choix du Congrès au nom de cette “démocratie”.

Chacun s’y reconnaitra et peut prolonger l’analogie. Mais il faudrait faire un peu de théorie et si l’on considère ce que Marx emprunte à Hegel, le renverse, pour passer du mot au concept révolutionnaire.

Cet étrange impossibilité à dire le mot socialisme prouve que nous avons là un concept révolutionnaire et pas un simple mot, peut-être parce qu’il transforme justement la pseudo démocratie bourgeoise en sa vérité, la dictature d’une minorité de possédants sur la majorité et qu’avec Marx et l”expérience de la commune, il en déduit la nécessité de pousser la démocratie jusqu’au bout c’est-à-dire la dictature du prolétariat, dictature de la majorité sur une minorité de possédants 

Parce qu’il propose de s’intéresser à la nature de l’État alors même que le notre perd de plus en plus ses fonctions redistributrices, ses services publics et renforce ses aspects autoritaires? etc… Et puisqu’il est question de l’État et de la Révolution, on évite difficilement la réflexion sur le parti nécessaire…

Passer d’un mot à un concept c’est replacer le mot dans tout un appareil conceptuel, une théorie et c’est là où Marx préfère l’idéalisme de Hegel au matérialisme vulgaire, au pseudo positivisme.

Si Hegel était un idéaliste vulgaire pour qui le mot prend la place de la chose Marx, Lénine et tant d’autres ne s’y seraient pas intéressés. Hegel comme tous les grands théoriciens se crée un langage et “l’idée” chez lui n’a pas grand chose à voir avec “c’est vos idées”, une opinion triviale”. Comme on dirait vulgairement : vous êtes pour le socialisme” sans que cet énoncé n’ait pas plus de valeur que” j’aime les hamburgers”.

Non il affirme que son langage est LOGOS activité de raison caractéristique du genre humain. Parce que l’idée devenue concept est prise dans le mouvement historique de la pensée et de l’action, il ne s’agit plus de l’abstraction d’un mot comme le considère le linguiste, mais il est pris dans le concret et il vit.

Quand on daigne vous annoncer la définition du concept de communisme comme le mouvement qui change l’ordre des choses existantes, on fait référence justement à ce que Marx emprunte à Hegel : le mouvement historique de la pensée et de l’action unie pour la révolution.

Ce qui rend le texte de Delaunay sur le socialisme que nous avons publié hier tout à fait percutant c’est qu’il montre comment le concept de “socialisme” vit non seulement d’une manière interne en unissant des oppositions fragmentées ou plutôt que le capitalisme fragmente,mais il vit par rapport aux enjeux historiques d’aujourd’hui.

Le passé n’est pas simplement ce qui n’est plus aujourd’hui mais il est aussi ce qui travaille l’avenir. Tandis que des concepts hérités d’une période antérieure, celle du triomphe de la bourgeoisie en semblent se fissurer, perdre leur capacité unificatrice on le voit au niveau des représentations et des églises, des appareils, le socialisme recrée les conditions de l’unification et l’attitude des gouvernements socialistes comme des citoyens, durant l’épidémie en est la preuve la plus manifeste.

Je vous conseille donc pour prolonger cette réflexion de vous interroger sur le fait assez étrange de cette interdiction du concept de socialisme : est-ce que la justification par laquelle est porté l’interdit “le socialisme a accompli des crimes et on ne doit plus en parler” relève d’une analyse réelle concrète, ou d’un processus d’assimilation ? est-ce qu’il permet comme le montre Delaunay de comprendre la réalité, “la vérité” de ce qui se présente aujourd’hui dans le concret de nos vies autant que dans celui des défis planétaires auxquels l’humanité est confrontée?

Est-ce que le refuser au nom de rassemblements de plus en plus vides de toute issue est capable de donner sa finalité, ses buts, ses moyens à l’activité des communistes ?

Parfois certes, il suffit de se dire : ces gens là ne nous mènent nulle part qu’à la répétition d’une situation de plus en plus insupportable… Ils font monter l’abstention, le découragement, divisent ce que tout devrait unir et donc font de la minorité capitaliste qui elle n’est pas divisée les maitres de nos vies, est amplement suffisant pour la prise de conscience.

Mais puisque les assimilationnistes, les défenseurs de la “diversité” s’amusent à nous la jouer théorie avec leurs flonflons “communistes” et leur censure y compris du marxisme voilà ce que je voulais dire sur la censure des concepts… Histoire et société est là pour ça…

Histoire et société s’adresse à tous les communistes et pas seulement à ceux qui demeurent au PCF, l’intéressant de cette réflexion – et il faudra bien l’aborder un jour- pourquoi l’enjeu demeure l’évolution de la conscience malheureuse de ceux qui préparent ce congrès et une candidature à la présidentielle ?

Danielle Bleitrach

(1) Baran qui n’a pas été marqué par une adhésion quelconque et qui découvre ces querelles byzantines est nettement plus direct…

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19 décembre 2020 6 19 /12 /décembre /2020 04:42

Depuis que tu es né toutes mes pensées vont vers toi,

Toi, dont l’enfance est secouée par les ambitions dévorantes et désordonnées d’une oligarchie mondialisée prête à tout pour augmenter ses pouvoirs et ses profits,

Toi, qui vis, depuis ta naissance, sous des menaces traumatisantes grossièrement créées, exagérées ou entretenues par cette oligarchie pour détruire tes capacités de résistance et d’opposition à leur projet d’appropriation de toutes les richesses mondiales,

Toi, à qui il est présentement interdit de respirer, et donc de vivre car le souffle est la vie, forcé que tu es de porter un masque toute la journée pour satisfaire cette oligarchie sadique qui veut juste te montrer qui est le maître afin que tu ne t’avises jamais de te rebeller,

Toi, qui vois, chaque jour, un pouvoir implacable ignorer les revendications sociales les plus légitimes, réprimer dans le sang les protestations, supprimer tes libertés, voler les biens publics, réécrire ton histoire nationale et mettre en place une sorte de dictature policière,

Toi, qui ne pourras sans doute jamais t’approprier la chanson de Charles Trenet, « Douce France, cher pays de mon enfance, bercée de tendre insouciance, mon village où les enfants de mon âge ont partagé mon bonheur », car la Douce France est en voie de disparition.

Depuis que tu es né, mon seul souci est de te communiquer assez de force intérieure et de confiance en toi pour que tu puisses naviguer sans trop de peine dans ce monde en pleine mutation. Ma génération a eu la vie facile. Nous nous sommes abandonnés à la jouissance consumériste et nous avons laissé une petite oligarchie prendre tous les pouvoirs, sceller notre impuissance, et détruire et piller notre beau pays sous prétexte de l’adapter à la mondialisation. Je t’en ai souvent parlé.

Ta vie sera beaucoup plus dure que la mienne. Tu auras besoin de bien plus de force, de courage et d’audace pour prendre des décisions difficiles tout en gardant ta joie, ta paix intérieure, ton indépendance d’esprit et ta puissance d’action.

Il y a deux ou trois choses que tu dois savoir.

La France au cœur de la tourmente

Le désordre, l’agitation, la révolte, la guerre menacent. Le monde est en pleine recomposition. Je t’ai souvent expliqué, à l’aide d’une carte du monde, l’état des rapports de force géopolitiques. L’Occident est en train de perdre son hégémonie. Les pays asiatiques, menés par la Chine, sont en passe de dépasser l’Occident dans tous les domaines.

C’est sans doute un bien pour l’humanité car l’impérialisme chinois sera probablement beaucoup moins belliqueux et plus commercial, contractuel, que l’impérialisme anglo-saxon. La Chine n’a jamais attaqué ni colonisé personne. Mais dans la période de transition, l’Occident mené par les Etats-Unis, tel un lion blessé, peut encore causer bien des désastres et des guerres. Tu dois te préparer à tout. Il te faudra peut-être te battre, te cacher, t’enfuir, émigrer.

La France est particulièrement touchée parce qu’elle concentre le pire des deux pôles du capitalisme occidental : les prélèvements de la Suède (mais sans que l’argent aille où il devrait aller) et la pauvreté des Etats-Unis.

Comme la Suède, la France a développé, après la guerre de 1940, un capitalisme redistributif, c’est-à-dire que ces pays lèvent beaucoup d’impôts et de taxes, normalement sur les plus riches, pour les redistribuer aux plus pauvres sous forme de gratuité (éducation, santé, etc.), ou d’aides sociales. La France lève encore plus d’impôts que la Suède.

Mais malgré cela, comme tu le vois, à Noël, les Français n’ont pas le droit d’aller skier parce qu’il n’y a plus assez d’hôpitaux en France pour accueillir les éventuels blessés, tandis que les Suédois peuvent vivre normalement (sans confinement, sans masques et sans interdictions humiliantes et destructrices) depuis le début de l’épidémie parce qu’ils ont assez d’hôpitaux pour accueillir et soigner tous leurs malades.

Comment cela se peut-il me diras-tu ? C’est que l’argent des Français n’est pas utilisé à bon escient. Il y a beaucoup de corruption et d’incompétence dans les sphères dirigeantes. L’argent de nos impôts, est au mieux mal employé, au pire détourné ou dilapidé. Par exemple, la République française entretient dans le luxe, avec ton argent et le mien, une invraisemblable quantité de parasites.

Imagine-toi, il y a en France 1 200 agences qui ne servent à rien d’autre qu’à placer les amis du pouvoir et qui coûtent des milliards aux Français. Il y a, par exemple, trois agences de santé : l’Anap (Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux), la HAS (Haute autorité de santé) et l’Anesm (Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux), eh bien Macron ne s’en est même pas servi pour gérer l’épidémie de Covid. Il a créé, en plus, un Conseil scientifique, puis un Conseil de défense !

Nos gouvernants distribuent aussi énormément de milliards à toutes sortes d’organismes internationaux dont l’utilité n’est pas prouvée et dépensent énormément d’argent dans des guerres d’agression, juste pour faire plaisir aux Etats-Unis. Sans compter que notre économie est plombée par l’Euro qui ne profite vraiment qu’à l’Allemagne.

Tu as entendu dire que Valéry Giscard d’Estaing venait (enfin !) de mourir ? Eh bien figure-toi que ce méprisable et nuisible ex-président nous a coûté 2,5 milliards. Eh oui, nous sommes si riches que nous entretenons somptueusement nos anciens présidents jusqu’à leur mort...

Résultat de ces détournements et de cette gabegie phénoménale de fonds publics, la pauvreté et la misère est aussi grande en France qu’aux Etats-Unis, le pays le plus libéral et antisocial du spectre capitaliste, le modèle de nos zélites zombies (comme les surnomme Philippe Grasset) qui ne rêvent que de faire de nous tous des esclaves. Aux Etats-Unis, 15% de la population ne mangerait pas à sa faim sans les bons alimentaires et, en France, il y a désormais plus de 10 millions de pauvres.

Les Occidentaux ne sont pas préparés à ces bouleversements

La plupart des pays occidentaux, et notamment la France, ne seront pas capables de faire face aux changements qui s’amorcent. Nous baignons depuis notre enfance dans ce qu’on appelle la société de consommation et la plupart d’entre nous croient que le bonheur c’est d’avoir « tout le confort moderne » et plus si possible.

Comme je te l’ai souvent dit, ce n’est pas une croyance saine. Le bonheur vient en faisant le bien pas en accumulant des biens. Pour te le faire comprendre, je t’ai donné l’exemple des chevaliers du Moyen-Âge qui gagnaient leur salut (la paix de leur âme) en protégeant la veuve et l’orphelin ; ou des Amérindiens, aux cheveux longs comme toi, qui s’efforçaient de vivre en harmonie avec les membres de leur tribu et avec la nature. Loin de se voler, de s’envier, de se mépriser ou de se combattre, ils s’entre aidaient et partageaient ce qu’ils avaient.

Quand l’oligarchie occidentale invoque le bien, c’est pour dissimuler ses exactions. Comme elle a de plus en plus de mal à s’approprier les richesses mondiales par la violence, elle a dû changer de stratégie. Les multinationales ont pris le relais des Etats avec leur soutien. Ce sont désormais les multinationales qui font la loi (sauf sans doute en Chine, en Biélorussie, en Corée du Nord, raison pour laquelle ces pays sont vilipendés) comme les Seigneurs féodaux du Moyen Âge. Notre sort sera bientôt moins enviable que celui des serfs qui au moins avaient le droit d’héritage sur le lopin de terre qui leur était attribué. Le Seigneur ne pouvait pas les en chasser.

Le pire, c’est qu’il y a encore 25% à 30% de Français pour soutenir cette oligarchie prédatrice. Autant d’aveugles ou de naïfs qui croient encore qu’ils vont pouvoir monter sur le piédestal avec les puissants, alors même que le sol se dérobe sous leurs pieds. Au lieu de se soulever, ils se raccrochent à ceux qui ne cessent de les trahir et de les spolier, un peu comme un enfant battu s’accroche à ses tortionnaires de parents.

Et pendant ce temps-là, Macron, qui se prend pour Jupiter, rigole en buvant de l’hydromel au sommet de l’Olympe avec ses amis milliardaires, les vrais maîtres du monde.

Le bonheur est dans le pré

Comme disait Gurdjieff, on ne peut pas sauver les autres mais on peut se sauver soi-même en développant sa force intérieure. Je t’ai souvent parlé de ta vie intérieure et je t’ai souvent expliqué comme l’enrichir, la renforcer, l’approfondir.

Je te le répète, si tu ne veux pas perdre tous tes moyens à la moindre difficulté, si tu ne veux pas seulement survivre mais vivre et vivre heureux, il te faudra surmonter la peur de l’autorité, la peur de déplaire, la peur de te tromper, la peur du changement, la peur de l’insécurité, la peur de la mort. Il y a des peurs naturelles, provoquées par un danger réel, et des peurs irrationnelles. C’est de ces dernières dont il faut te débarrasser car elles empêchent d’agir et d’être soi-même. Faire ce qui te fait peur, voilà le meilleur moyen de desserrer l’étau des peurs irrationnelles.

Il te faudra aussi renoncer à toutes tes prétentions, tes grandeurs, tes illusions pour coller au plus près de la réalité et t’adapter au cours changeant et imprévisible des événements. Il te faudra enfin renoncer à suivre le troupeau et accepter de suivre ton propre chemin, différent de celui de la multitude qui attend avec passivité d’être sacrifiée par ceux-là même qui prétendent la protéger.

Ne crois pas que cela soit facile. La puissance de l’idéologie dominante et de la pression sociale est immense. L’intelligence et le bon sens ne te suffiront pas, il te faudra avoir une solide colonne vertébrale et une inébranlable confiance dans son propre jugement. Il ne faudra craindre ni la réprobation, ni la diffamation, ni la persécution.

La majorité, composée de suiveurs par inconscience ou commodité, n’aime pas les libres penseurs. Regarde comment, en ce moment même, les rares Braves qui osent contester la version officielle sur le covid et les vaccins sont traités de "complotistes" et mis au ban de la société. C’est la classe dominante qui décide de ce que nous devons penser, et, comme elle détient tous les pouvoirs et qu’elle ne lésine pas sur les moyens (propagande, répression, chantage, manipulation), ce n’est pas facile d’échapper à son influence.

Je peux t’en donner un exemple concret. Au moment de la guerre d’Irak que Bush a lancée sur des prétextes fallacieux, je vivais en Israël. Là-bas, les gouvernants, les médias et la majorité des gens pensaient que cette guerre était tout à fait justifiée, et donc je ne me posais pas vraiment de questions. Puis je suis venue en France et là, à ma grande surprise, la majorité des gens pensaient tout le contraire, parce que Chirac et Villepin avaient dit le contraire. Chirac avait raison, mais ce n’est pas pour cela que les gens le croyaient. La preuve, quand Sarkozy nous a emmenés dans la même guerre d’agression inique et cynique en Libye, les Français l’ont suivi comme un seul homme...

La majorité des gens sont des girouettes, ils suivent les puissants, sans aucun esprit critique ni bon sens. En ce moment ils suivent les "scientifiques" alors que la plupart ont des liens d’intérêt avec les laboratoires pharmaceutiques, simplement parce que la classe dirigeante dit qu’il faut les suivre.

L’avoir et l’être

Je t’ai souvent parlé des sociétés médiévales et amérindiennes qui privilégiaient l’être sur l’avoir. Elles n’étaient pas exemptes d’injustice et d’hypocrisie, mais, à la différence des sociétés de l’avoir comme la nôtre, elles n’étaient pas fondées sur l’injustice et l’hypocrisie. Si tu avais vécu dans une telle société, tu aurais pu lui faire confiance pour t’aider à grandir en force et en sagesse.

Notre société de l’avoir et de l’apparence est une société malsaine et destructrice qui te force à jouer un rôle, à être un autre que toi-même. Comment pourrais-tu garder ton indépendance d’esprit et ta confiance en ton jugement, en tes intuitions, tes sensations, tes émotions, lorsqu’on t’apprend tout petit que le roi que tu voies nu est en fait revêtu des plus beaux atours ? Tant que tu n’auras pas rompu les amarres avec la société matérialiste de l’avoir et de l’apparence, au moins dans ta tête, tu seras déchiré entre ce que tu penses et ce qu’on te dit que tu dois penser, entre ce que tu vois et ce qu’on te dit que tu dois voir. Et à force, cela te détruira.

Une autre fois, je t’expliquerai comment on se forge une colonne vertébrale, comment on apprend à réfléchir, analyser, à se faire une opinion personnelle. C’est un travail, un entraînement, une pratique, cela ne se fait pas tout seul. Il faut énormément lire, écouter, s’informer, discuter, voyager, observer. Il faut fréquenter des personnes qui n’ont pas peur de se poser des questions et surtout la question du Pourquoi. Il y a quantités d’outils, toutes sortes de grilles de lecture disponibles pour voit et analyser la réalité et pour augmenter ta force intérieure et ta connaissance de soi, comme l’Analyse transactionnelle dont je t’ai déjà parlé et la méditation Vipassana (ma préférence va à celle qu’enseigne le maître S. N. Goenka).

La confiance dans la science

Je viens de tomber sur une étude révélatrice. C’est une analyse de Patrick Peretti-Watel, Directeur de Recherches INSERM en sociologie qui évalue la confiance dans la science. Sa conclusion est, grosso modo, que la grosse majorité des gens ont confiance dans la science, mais c’est parce qu’ils choisissent leurs scientifiques, comme ils choisissent leur docteur, et que ce choix s’opère, non selon des critères scientifiques (c’est logique, étant donné qu’ils n’ont pas les connaissances scientifiques nécessaires), mais selon des critères politiques. Par exemple, les extrêmes (droite et gauche) croient les scientifiques qui défendent l’efficacité de l’hydroxychloroquine tandis que le centre du spectre politique croit les experts de l’Establishment qui disent le contraire...

Je me suis demandé, comme toi sans doute, si ce n’était pas tout bêtement par réflexe pavlovien : les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Mais finalement je me suis dit que cela signifiait plutôt qu’une minorité de gens, échaudés par les mensonges du pouvoir, ont pris l’habitude de se méfier des vérités toutes faîtes sorties de la bouche des experts officiels. Du coup, ils font l’effort de s’informer, de réfléchir. Comme ils ont l’habitude d’être minoritaires, ils n’ont pas peur de ne pas penser comme tout le monde. Il suffit d’ailleurs de regarder un débat entre un de ces experts mandatés par le pouvoir, le minable petit arriviste Blachier, et le docteur Toussaint, pour voir qui des deux est une personne honorable et digne de confiance.

L’action juste

Mon cher petit-fils, lorsque tu auras développé une force intérieure suffisante, l’action jaillira de toi-même, sans que tu le décides vraiment. Un jour, sans savoir pourquoi, tu poseras un ou des actes audacieux que tu ne savais pas que tu allais poser. L’action s’imposera à toi quand tu seras prêt. Ce ne sera pas forcément une action extraordinaire aux yeux du monde, mais elle sera extraordinaire à tes yeux, car tu ne savais pas que tu en étais capable. Ce sera le fruit et l’expression de ta force intérieure, comme on disait de Jésus qu’une force sortait de lui.

A toutes les époques, il y a de grandes âmes qui ont bravé la pensée officielle, non par goût ni même par devoir, mais parce qu’une force intérieure les y contraignait, comme Rousseau qui a été persécuté une bonne partie de sa vie, ou Antonio Gramsci qui a fini en prison, ou Victor Hugo, exilé dans les îles anglo-normandes, ou encore Descartes banni par les Pays-Bas où il vivait car il pensait que la liberté d’expression y serait plus grande que dans sa France natale, et qui n’a été réhabilité par son pays d’adoption qu’en 2005. Un des derniers grands hommes historiques français de cette trempe a été le Général De Gaulle.

« Ouvrir les yeux est un antidote au désespoir » affirme Sylvain Tesson. La crise sanitaire a fait fleurir toute une série de héros qui nous ont ouvert les yeux : les docteurs ou professeurs Raoult, Toussaint, Fouché, Parola, Perronne, Michel, Henrion-Caude et quelques autres, qu’il faut saluer pour leur courage car ils risquent gros. Sans eux, beaucoup d’entre nous auraient perdu pied dans cet Absurdistan de la désolation qu’est devenue notre Douce France.

Mon petit-fils bien aimé, permets-moi, pour finir, de te faire la recommandation que le Bouddha faisait à ses disciples : «  Ne crois rien, peu importe où tu l’as lu ou qui l’a dit, même si c’est moi, à moins que cela ne s’accorde avec ta raison ».

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12 décembre 2018 3 12 /12 /décembre /2018 00:20
Egon Schiele — « Selbstbildnis in gelber Weste » (« Autoportrait en veste jaune »), 1914.

La chute d’un ordre de domination se reconnaît à la stupéfaction qui se lit sur les visages de ses desservants. Samedi, le spectacle n’était pas seulement dans la rue. Il était, et il dure toujours depuis, sur les faces ahuries de BFM, de CNews, de France 2, et d’à peu près tous les médias audiovisuels, frappées d’incompréhension radicale.

Que la stupidité ait à voir avec la stupéfaction, c’est l’étymologie même qui le dit. Les voilà rendues au point d’indistinction, et leur spectacle commun se donne comme cette sorte particulière d’« information » : en continu.

Comme l’esprit se rend préférentiellement aux idées qui font sa satisfaction et là où il trouve du confort, les trompettistes du «  nouveau monde  » et du «  macronisme révolutionnaire  », sans faire l’économie d’une contradiction, retournent invariablement à l’écurie de leurs vieilles catégories, les catégories du vieux monde puisque c’est celui-là qui a fait leur situation, leurs émoluments et leur magistère (lire «  Macron, le spasme du système  »).

Et les voilà qui divaguent entre l’ultradroite et l’extrême gauche, ou l’ultragauche et l’extrême droite, cherchent avec angoisse des «  représentants  » ou des «  porte-parole  » présentables, voudraient une liste circonstanciée de «  revendications  » qu’on puisse «  négocier  », n’en trouvent pas davantage, ni de «  table  » autour de laquelle se mettre.

Alors, en désespoir de cause, on cherche frénétiquement avec le gouvernement au fond du magasin des accessoires : consultations des chefs de parti, débat à l’Assemblée, réunion avec les syndicats — l’espoir d’une «  sortie de crise  » accrochée à un moratoire sur la taxe gasoil  ? un Grenelle de quelque chose peut-être  ? C’est-à-dire pantomime avec tout ce qui est en train de tomber en ruine.

Voilà où en sont les «  élites  » : incapables de seulement voir qu’il n’est plus temps, que c’est tout un monde qui est en train de partir en morceaux, le leur, qu’on ne tiendra pas pareille dislocation avec du report de taxe ou des taux minorés, bien content si les institutions politiques elles-mêmes ne sont pas prises dans l’effondrement général. Car il ne s’agit pas d’un «  mouvement social  » : il s’agit d’un soulèvement.

Car il ne s’agit pas d’un « mouvement social » : il s’agit d’un soulèvement.

Quand une domination approche de son point de renversement, ce sont toutes les institutions du régime, et notamment celles du gardiennage symbolique, qui se raidissent dans une incompréhension profonde de l’événement — l’ordre n’était-il pas le meilleur possible ? —, doublée d’un regain de hargne, mais aussi d’un commencement de panique quand la haine dont elles font l’objet éclate au grand jour et se découvre d’un coup à leurs yeux. Ceci d’autant plus que, comme il a été noté, la singularité de ce mouvement tient à ce qu’il porte désormais l’incendie là où il n’avait jamais été, et là où il doit être : chez les riches. Et sans doute bientôt, chez leurs collaborateurs.

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À Paris, la contestation des « gilets jaunes » gagne les lieux de pouvoir.
En regard, les parcours habituels des manifestations et les rassemblements des 24 novembre et 1er décembre 2018.

On lit que la directrice de BFM est restée interloquée d’entendre scander « BFM enculés » sur les Champs, et que le président de la société des journalistes a découvert, dans le même état, que « cela ne vient pas de militants mais de gens du quotidien ». Les pouvoirs de ce genre, ceux de la tyrannie des possédants et de leurs laquais, finissent toujours ainsi, dans la sidération et l’hébétude : « ils nous détestent donc tant que ça ». La réponse est oui, et pour les meilleures raisons du monde. Elle est aussi qu’après toutes ces décennies, le moment est venu de passer à la caisse et, disons-le leur dès maintenant, l’addition s’annonce salée. Car il y a trop d’arriérés et depuis trop longtemps.

Depuis les grèves de 1995, la conscience de ce que les médias censément contre-pouvoirs sont des auxiliaires des pouvoirs, n’a cessé d’aller croissant. Du reste, ils ont œuvré sans discontinuer à donner plus de corps à cette accusation à mesure que le néolibéralisme s’approfondissait, mettait les populations sous des tensions de plus en plus insupportables, qui ne pouvaient être reprises que par un matraquage intensif des esprits, avant qu’on en vienne à celui des corps.

C’est à ce moment que, devenant ouvertement les supplétifs du ministère de l’intérieur en plus d’être ceux de la fortune, ils se sont mis à rendre des comptages de manifestants plus avantageux encore que ceux de la préfecture, puis à entreprendre de dissoudre tous les mouvements de contestation dans «  la violence  » — et par-là à indiquer clairement à qui et à quoi ils avaient partie liée.

C’est peut-être en ce lieu, la «  violence  », que la hargne des laquais trouve à se dégonder à proportion de ce qu’ils sentent la situation leur échapper. Au reste, «  condamner  » ayant toujours été le meilleur moyen de ne pas comprendre, à plus forte raison poussé par des intérêts si puissants à la cécité volontaire, «  la violence des casseurs  » a été érigée en dernière redoute de l’ordre néolibéral, en antidote définitif à toute contestation possible — sans par ailleurs voir le moins du monde le problème à célébrer le 14 juillet 1789 ou commémorer Mai 68 : folle inconséquence de l’Histoire embaumée, mise à distance, dévitalisée, et privée de tout enseignement concret pour le présent.

C’est peut-être en ce lieu, la « violence », que la hargne des laquais trouve à se dégonder à proportion de ce qu’ils sentent la situation leur échapper.

En tout cas, dans le paysage général de la violence, les médias, surtout audiovisuels, ont toujours pris ce qui les arrangeait en ayant bien soin de laisser le reste invisible, donc la violence incompréhensible, par conséquent à l’état de scandale sans cause : le mal à l’état pur. Mais pourquoi, et surtout au bout de quoi, les Conti envahissent-ils la sous-préfecture de Compiègne, les Goodyear séquestrent-ils leur direction, les Air France se font-ils une chemise de DRH, et certains gilets jaunes sont-ils au bord de prendre les armes  ? Qu’est-ce qu’il faut avoir fait à des gens ordinaires, qui ont la même préférence que tout le monde pour la tranquillité, pour qu’ils en viennent à ces extrémités, sinon, précisément, les avoir poussés à toute extrémité  ?

Les « gilets jaunes » offrent à profusion cette figure oxymorique, incompréhensible pour les pouvoirs, des « braves gens enragés »

Croyant que ce dont ils ne parlent pas n’existe pas, les médias ne les avaient pas vu venir ces enragés-là. Mais voilà, ils sont là, produits d’une longue et silencieuse accumulation de colère, qui vient de rompre sa digue. Ceux-là on ne les fera pas rentrer facilement à la maison. Et ceci d’autant moins qu’avec la naïveté des «  braves gens  », ils ont expérimenté, à l’occasion de leur première manifestation pour beaucoup d’entre eux, ce que c’est que la violence policière

. En sont restés d’abord sidérés. Puis maintenant, s’étant repris, dégoupillés pour de bon. Alors on ne compte plus ceux qui, à l’origine «  braves gens  » certifiés, sont pris dans un devenir-casseur — comme certains autres, débitant des palettes sur un rond-point pour construire une cabane, sont pris dans un étonnant devenir-zadiste.

Gageons d’ailleurs que des révisions de grande ampleur doivent être en train de s’opérer dans leurs esprits. Car tous ces gens qui depuis 2016 et la loi El Khomri, jusqu’à 2018 avec Notre-Dame-des-Landes et les ordonnances SNCF, avaient été abreuvés de BFM et de France Info, invités à pleurer les vitres de Necker, se retrouvent aujourd’hui dans la position structurale des casseurs, en vivent la condition de violence policière et médiatique, et savent un peu mieux à quoi s’en tenir quant à ce que ces deux institutions diront désormais des «  ultras violents radicalisés  ».

En tout cas c’est très embêtant pour les chaînes d’information en continu cette affaire : car si le devenir-casseur prend cette extension, que pourra donc encore vouloir dire «  casseur  »  ?

L’autre condition est de maintenir les agissements réels de la police hors-champ. Sur ce front-là, on se battra jusqu’au bout dans les chefferies audiovisuelles. Le mensonge par occultation est général, acharné, épais comme de la propagande de dictature. La population basculerait instantanément dans l’indignation si elle avait l’occasion de voir le dixième de ce que les grands médias audiovisuels lui cachent systématiquement, ainsi ces vidéos d’une vieille dame en sang gazée ou d’un retraité matraqué.

Quand France Info nous avait saoulés jusqu’à la nausée des vitres de Necker ou du McDo en feu, aucun flash à la mi-journée de lundi n’avait encore informé de la mort d’une octogénaire tuée par une grenade lacrymogène. Les robots de BFM n’opposent jamais aucune image aux syndicalistes policiers qui disent qu’on les «  matraque  » (sic  !) et qu’on les «  mutile  ». Mais, si les mots ont encore un sens, de quel côté du flashball ou du lanceur de grenades compte-t-on les éborgnés et les mains arrachées  ? On se demande si Nathalie Saint-Cricq ou Apathie garderaient leur déjeuner si on leur montrait au débotté les photos proprement insoutenables (il s’agit de blessures de guerre) de manifestants mutilés — vraiment — par les armes de la police.

On ne sache pas qu’il se soit encore trouvé un seul grand média audiovisuel pour montrer en boucle, comme ils le font d’habitude, aux «  braves gens  » pas encore devenus casseurs cette vidéo d’un jeune homme roué de coups par huit policiers, qui achèverait de les informer sur le degré de confiance qu’il convient d’avoir en la «  police républicaine  » quand on met tout ça — ces dizaines de vidéos, ces centaines de témoignages — bout à bout.

Mais il y a une économie générale de la violence et on sait ce qu’elle donne quand elle est lancée : elle est réciprocitaire, divergente et peut emmener très loin. Nul ne sait jusqu’où dans la situation actuelle, et peut-être à des extrémités dramatiques. Mais qui l’aura déclenchée sinon Macron qui, après avoir déclaré la guerre sociale à son peuple, lui déclare la guerre policière, peut-être bientôt la guerre militaire, en compagnie des médias de gouvernement qui lui déclarent la guerre symbolique  ? Le partage des responsabilités est d’autant plus clair que les offensés auront encaissé très longtemps sans mot dire : l’agression économique, le mépris élitaire, le mensonge médiatique, la brutalité policière. Or le mauvais génie de la réciprocité violente est une mémoire, et une mémoire longue.

Sur un fil Twitter une baqueuse découvre sidérée — elle aussi, comme les primo-manifestants matraqués pour rien, mais en sens inverse, car, en définitive tout est affaire de sidération dans cette histoire, de sidérations opposées, qui passent les unes dans les autres, qui se nourrissent les unes les autres — la baqueuse, donc, découvre de quelle haine ses collègues et elle sont l’objet. Et l’on peine à le croire. Décidément toutes les institutions de la violence néolibérale tombent ensemble des nues.

Les collégiens cernés et gazés au poivre par des flics accompagnés de chiens n’oublieront pas de sitôt ce moment de leur vie où s’est formé décisivement leur rapport à la police et, dans deux ans, cinq ans, cette police oublieuse qui les croisera de nouveau s’émouvra de la détestation brute qu’elle lira sur leurs visages — et n’y comprendra rien.

Et voilà que le corps préfectoral se met à avoir des sueurs froides à son tour. C’est qu’ils ont de quoi se sentir un peu seulets dans leurs hôtels. Depuis que la préfecture du Puy-en-Velay a brûlé, on sait de quoi «  les autres  » sont capables — oui, maintenant, de tout. Alors il est urgent de négocier un virage sur l’aile sans attendre, pour faire savoir par «  quotidien de référence  » interposé que l’Élysée macronien a quitté terre, que, eux, préfets, ont conscience des malheurs du peuple, qu’ils pourraient même se reconvertir en lanceurs d’alerte si on les écoutait. On tâchera quand même de se souvenir que ce sont ces préfets qui depuis Nuit debout font éborgner, grenader, et tirer-tendu.

Mais l’on y verra surtout le retour de ce qu’on pourrait appeler «  la situation La Boétie  », celle que le pouvoir s’efforce de nous faire oublier constamment, et d’ailleurs que nous oublions constamment, tant elle semble un incompréhensible mystère : ils sont très peu et règnent sur nous qui sommes nombreux. Il arrive cependant que le voile se déchire et que fasse retour la cruelle réalité arithmétique du pouvoir.

Et c’est bien cet aveu touchant de candeur qu’a consenti samedi soir le sous-ministre de l’intérieur, en reconnaissant qu’il ne pouvait guère engager davantage de troupe à Paris quand toute la carte de France clignote et demande de la garnison. Un manager de la startup nation trouverait sans doute à dire que le dispositif est «  stressé  ». Le «  stress du dispositif  », c’est le retour de La Boétie. Nous sommes les plus nombreux. Nous sommes même beaucoup plus nombreux qu’eux. C’est d’autant plus vrai que le plein est loin d’avoir été fait et qu’il y a encore une belle marge de progression. Tout ça se vérifiera bientôt : lycéens, étudiants, ambulanciers, agriculteurs, tant d’autres.

Le déni de la violence sociale est cette forme suprême de violence à laquelle Bourdieu donnait le nom de violence symbolique, bien faite pour que ses victimes soient réduites à merci : car violentées socialement, et méthodiquement dépouillées de tout moyen d’y résister «  dans les formes  » puisque tous les médiateurs institutionnels les ont abandonnées, elles n’ont plus le choix que de la soumission intégrale ou de la révolte, mais alors physique, et déclarée d’emblée odieuse, illégitime et anti-démocratique — normalement le piège parfait.

Vient cependant un moment où la terreur symbolique ne prend plus, où les verdicts de légitimité ou d’illégitimité volent à leur tour, et où la souffrance se transforme chimiquement en rage, à proportion de ce qu’elle a été niée. Alors tout est candidat à y passer, et il ne faudra pas s’en étonner : permanences de députés, banques, hôtels particuliers, préfectures, logiquement plus rien n’est respecté quand tout a failli.

Il est vrai qu’à ceux qui ont lié leur position et leurs avantages au cadre du moment, et qui n’ont cessé de répéter qu’il n’y en avait ni de meilleur ni simplement d’autre possible, l’irruption du hors-cadre radical ne laisse aucune autre solution de lecture que «  l’aberrant  », le «  monstrueux  », ou mieux encore, quand elle est «  avérée  », la «  violence  ». Encore fallait-il qu’elle demeure marginale pour pouvoir être maintenue dans son statut de monstruosité, et puis aussi qu’on occulte systématiquement la responsabilité de celle des forces de police. Mais ce sont ces deux conditions qui sont en train d’être détruites en ce moment.

La première parce que les «  gilets jaunes  » offrent à profusion cette figure oxymorique, incompréhensible pour les pouvoirs, des «  braves gens enragés  ». «  Enragé  » normalement c’est «  enragé  », c’est-à-dire ultra-radical-minoritaire. Ça ne peut pas être «  braves gens  », qui veut dire majorité silencieuse — ou bien contradiction dans les termes. Or, si. Assez simplement même : on est enragé quand on est poussé à bout. Il se trouve qu’au bout de 30 ans de néolibéralisme parachevés par 18 mois macroniens de guerre sociale à outrance, des groupes sociaux entiers ont été poussés à bout. Alors enragés.

Ils sont très peu et règnent sur nous qui sommes nombreux. Il arrive cependant que le voile se déchire et que fasse retour la cruelle réalité arithmétique du pouvoir.

Mais alors quoi  ? L’armée  ? L’adolescent désaxé qui est à l’Élysée en est très capable : n’utilise-t-il pas contre sa population des grenades qui sont des armes de guerre, et n’a-t-il pas fait placer des snipers avec fusils à lunettes au sommet de quelques bâtiments parisiens, image des plus impressionnantes, étonnamment offerte par Le Monde qui est peut-être en train de se demander lui aussi s’il n’est pas temps de lâcher son encombrant protégé dans un virage  ?

En tout cas, terrible moment de vérité pour l’éditorialisme «  faites ce que vous voulez  ». On avait adoré le dégagisme à Tunis ou place Tahrir. Mais expliqué que ce qui est là-bas un merveilleux sursaut de la liberté est ici du populisme crasseux qui rappelle les heures sombres. Jusqu’ici ça tenait. Et voilà que «  mais votez Macron  » pourrait bien tourner Moubarak, mon dieu dans quelle mouscaille ne nous sommes-nous pas mis  ?

Et forcément, plus on pagaye pour en sortir, plus on en met partout. Tout revient, tout éclabousse. Or nous en sommes là : quand un pouvoir verse une prime exceptionnelle à des forces de l’ordre qui se rendent chaque jour plus odieuses, c’est qu’il redoute par-dessus tout d’être lâché par elles et que, toute légitimité effondrée, il ne tient plus que par son appareil de force, dans la main duquel en réalité il se remet entièrement. Faites ce que vous voulez, mais votez Moubarak.

Ce pouvoir est honni car il s’est méthodiquement rendu haïssable. Il paye une facture sans doute venue de très loin, mais dont il est le parachèvement le plus forcené, par conséquent l’endosseur le plus logique. Il n’a plus pour se cramponner que le choix de la répression sanglante, peut-être même de la dérive militaire. Il ne mérite plus que de tomber.

Frédéric Lordon

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5 décembre 2018 3 05 /12 /décembre /2018 00:20

Le site LGS partenaire du Forum national de la gratuité qui aura lieu le samedi 5 janvier 2019 à Lyon publie la conclusion du livre-manifeste Gratuité vs capitalisme (Larousse). Tous les partis et mouvements des gauches et de l‘écologie vous donnent rendez-vous le samedi 5 janvier pour fêter la gratuité ! Construisons la gratuité et l’espoir, construisons la sortie du capitalisme !
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La gratuité tire les leçons des échecs des politiques d’émancipation depuis du 20e siècle. Tout appel au sacrifice au nom du bonheur des générations futures se conclut dans le sang. Nous ne croyons plus aux lendemains qui chantent car nous voulons chanter au présent. Cette bonne nouvelle possède à la fois un fondement matériel et un fondement idéel. La planète est déjà bien assez riche pour permettre à sept milliards d’humains de vivre bien.

Les nouveaux gros mots de l’émancipation (buen vivir sud-américain, plus vivre négro-africain, écologisme des pauvres en Inde) montrent que les peuples ne désirent pas « toujours plus ». Au terme de ce voyage aussi gourmand que gourmet au sein des expériences de gratuité, qui sont autant de laboratoires d’un monde en gestation, je crois nécessaire d’établir dix grands repères permettant d’avancer, dès maintenant, vers une civilisation de la gratuité.

Gratuité ou barbarie
La gratuité est une réponse à la crise systémique qui menace l’avenir même de l’humanité. C’est bien parce que la planète est en feu qu’il convient de changer de paradigme dominant. C’est bien parce que notre civilisation meurt qu’il faut observer les alternatives émergentes. Le monde actuel court à sa perte mais d’autres mondes peuvent déjà s’y substituer.

Le meilleur n’est pas certain comme le prouvent les projets d’adapter la planète et l’humanité aux besoins qui sont ceux du capitalisme mais le pire peut être évité grâce à la gratuité. La gratuité n’est pas toute la solution mais elle a le mérite de rouvrir le champ des possibles. C’est bien parce que l’eau potable devient plus rare que nous devons la rendre gratuite ; c’est bien parce que les transports sont responsables d’une part essentielle des émissions de CO2, qu’il faut basculer des transports individuels aux transports en commun gratuits ; c’est bien parce que nous devons apprendre à manger mieux en émettant moins que la restauration scolaire, et demain toute la restauration sociale, devront être gratuites.

La gratuité en changeant la règle du jeu redistribue les grandes cartes civilisationnelles. J’invite les lecteurs, les citoyens, les élus à ne jamais céder au désespoir qui ne peut susciter que des colères mais à montrer qu’existent déjà des petits-bouts d’autres civilisations au sein même de celle-ci, des formes de vie pré-capitalistes et post-capitalistes qui peuvent rendre l’espoir.

Gratuité versus marchandisation
La gratuité répond certes à un certain nombre d’urgences sociales, écologiques, politiques, mais elle le fait en proposant non pas seulement des solutions aux multiples crises que provoque la marchandisation, mais en considérant que c’est la marchandisation elle-même qui est en crise et que nos réponses doivent donc ouvrir des voies de démarchandisation.

La gratuité est donc plus révolutionnaire que tous les projets généreux de revenu d’existence puisqu’elle ne se fonde pas sur la thèse contestable de la « fin du travail » mais est une réponse à la crise du processus de marchandisation lui-même ce qui vise plus loin/grand. J’invite les lecteurs, les citoyens, les élus à engager dès maintenant la réflexion pour commencer à construire dès maintenant des petits bouts d’une société de la gratuité. Ces îlots de gratuité deviendront demain des archipels, des continents, un nouveau monde.

La gratuité existe toujours !
La gratuité n’a pas disparu contrairement à ce que clament les chiens de garde du système. Le poète Arthur Rimbaud invitait, au 19e siècle, à redevenir des voyants pour pouvoir agir. La même urgence existe, aujourd’hui, consistant à rendre visible cette part de gratuité invisible. J’invite les lecteurs, les citoyens, les élus à engager, dès maintenant, l’inventaire de tout ce qui subsiste de gratuit dans nos existences, dans ce que nous construisons ensemble, mais aussi dans les territoires de la République, afin de reprendre la main idéologiquement.

Des villes ont déjà commencé à lister tout ce qui demeure gratuit et que nous ne voyons plus : les voies publiques, les places, jardins et parcs, les aires de jeux pour les enfants, les jeux de boules, le mobilier urbain, les protections devant les arrêts de bus, les écoles, les centres aérés, les dispensaires médicaux, les services administratifs, le soutien scolaire, les animations, les points cyb et les digital cities, l’accompagnement à la rédaction des CV et lettres de motivation, les Maisons de la justice et du droit, les déchetteries, les prêts de vélos, l’enlèvement des tags, des épaves (véhicules), les décorations florales, le stationnement, les conseils gratuits en architecture ou en aménagement paysager, les spectacles vivants, les baignades surveillées, les permanences d’assistantes sociales, de conseillères en économie sociale et familiale, la police municipale, les toilettes publiques, les fontaines d’eau y compris pétillante, avec eau froide ou à température ambiante, etc.

Une gratuité construite
La gratuité constitue une façon de faire société, bénéficiant, certes, des gratuités naturelles, mais résultant surtout d’un effort constant de construction collective dans tous les champs. La gratuité est économiquement, socialement, politiquement, écologiquement, construite ! Cette gratuité s’invente tout en fabriquant une société des usagers maîtres de leurs usages. J’invite les lecteurs, les citoyens, les élus à mettre en commun leurs modes d’emploi, sans rien cacher des difficultés et des échecs, sans taire non plus les succès petits et grands.

La gratuité du bon usage
La gratuité ne concerne pas seulement le vital mais tous les domaines de l’existence. La gratuité n’est pas vouée à demeurer l’exception face à la marchandisation qui serait la règle. Mais il ne s’agit surtout pas de laisser croire que tout pourrait devenir gratuit demain mais d’instaurer la gratuité du bon usage face au renchérissement du mésusage. J’incite les lecteurs, les citoyens, les élus à créer des collectifs d’usagers dans tous les domaines pour définir démocratiquement, en tenant compte du savoir scientifique, ce qui, dans l’état actuel de la société doit être gratuit, renchérie et de quelle façon et ce qui doit être interdit.

La gratuité humanise !
La gratuité n’est dévalorisée socialement que dans la tête des mercenaires du capitalisme puisque les gens partagent majoritairement, au contraire, une bonne image de la gratuité. Ce qui nous reste le plus cher, l’amour, l’amitié, l’engagement, est sans valeur marchande ! Les Français ont une relation d’attachement instinctive à leurs services publics locaux. J’invite les lecteurs, les citoyens, les élus à contester systématiquement l’idée que ce qui serait sans valeur marchande n’aurait aucun prix aux yeux des humains et je les invite aussi à instruire le procès de la marchandisation en dénonçant systématiquement ses méfaits.

La gratuité responsabilise !
La gratuité responsabilise alors que l’échange marchand déresponsabilise. Cette thèse iconoclaste se vérifie dans tous les domaines, de l’existence individuelle à la société. Que je sache l’alimentation mondiale n’est pas gratuite et pourtant les producteurs et consommateur gaspillent presque 40 % de ce qui est produit à tous les stades de l’échange ! Les usagers des bibliothèques gratuites sont plus nombreux mais empruntent moins d’ouvrages, signe que la gratuité permet d’en finir avec le désir d’en avoir pour son argent, les usagers de l’eau gratuite en consomment également beaucoup moins.

La gratuité conduit au-delà du marché donc des comportements pervers des consommateurs ! J’invite les lecteurs, les citoyens, les élus à montrer concrètement comment la gratuité améliore la qualité de vie, comment elle permet de réaliser des économies, de faire la chasse au gaspi.

La gratuité ou le choix de la démocratie
La gratuité est l’inverse d’une robinsonnade dans la mesure où elle a besoin des autres. La gratuité est une construction collective qui impose la participation du plus grand nombre. J’invite les lecteurs, les citoyens, les élus à faire le choix du toujours plus de démocratie, à créer les conditions pour avancer vers une société des usagers maîtres de leurs usages, à ne jamais séparer l’extension de la sphère de la gratuité de celle de la démocratisation.

La gratuité un projet universel
La gratuité n’est pas une lubie de gosses de riches car ceux qui en parlent le mieux sont les peuples du Sud et les premiers bénéficiaires en seront incontestablement les plus pauvres. Mais la gratuité s’adresse à tout le monde puisqu’elle est par principe inconditionnelle, les logements sociaux gratuits seront comme l’école aujourd’hui accessibles à tout le monde, sur le modèle de ce que pratiquent déjà les pays scandinaves permettant ainsi de sortir de la logique des ghettos tout en faisant bénéficier toute la société des potentialités écologiques, sociologiques, anthropologiques qui restent celles, majoritairement, des gens ordinaires.

La gratuité tire tous les enseignements du courant économiques de l’économie du bonheur en montrant qu’une société de partage permet même aux riches d’être plus heureux. J’invite les lecteurs, les citoyens, les élus à construire des convergences entre l’ensemble des territoires locaux, régionaux, nationaux, européens et mondiaux.

Le « plus à jouir » de la gratuité
L’air du temps est à l’austérité, au sacrifice, au grand repli sur soi, au retour de la xénophobie, à la recherche d’un nouveau pouvoir fort, à la montée des passions tristes. La gratuité campe du côté des passions joyeuses et donc d’un « plus à jouir » collectif. On peut, en effet, reprocher tout ce qu’on veut au capitalisme destructeur mais il faut bien reconnaître que cette société de consommation nous fait majoritairement jouir.

Il existe de la jouissance à consommer toujours plus, même si on peut légitimement juger que cette jouissance est une mauvaise jouissance car fondée sur l’accumulation et le pouvoir. Nous ne dépasserons cependant cette forme de jouissance que si nous sommes capables de lui opposer une autre jouissance, encore plus jouissive, la jouissance d’être et non plus d’avoir. J’invite les lecteurs, les citoyens, les élus à inventer déjà d’autres façon de faire de la politique qui ne reproduisent pas les relations de pouvoir qui caractérisent le monde dominant, qui donnent envie de s’engager, de construire ensemble, d’oser la gratuité.

Je ne sais pas si la gratuité est festive parce qu’elle relève de la transgression des règles dominantes ou parce qu’elle suscite, en elle-même, ce caractère festif, mais je peux témoigner que l’extension de la sphère de la gratuité instaure toujours un esprit de fête. N’existent que deux façons de faire de la politique : soit jouer sur le ressentiment et la peur (de l’autre, de demain), soit miser sur l’espoir, sur le grand désir de vivre ! Le philosophe Gilles Deleuze soutenait que seul le désir est révolutionnaire.

La gratuité est donc révolutionnaire, car elle est du côté du vivant, de ce qui rend l’espoir d’une vie bonne et juste.

Paul ARIES

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7 octobre 2018 7 07 /10 /octobre /2018 23:20

Publié le par MS21

Commerce international

Commerce international

 

Historique : OIC, GATT et OMC

 

Depuis la plus haute antiquité les hommes ont échangé, commercé avec les habitants de pays proches ou lointains. Grâce aux progrès des moyens de transports, le commerce n'a cessé de se développer pour atteindre aujourd'hui une dimension planétaire et très vite est apparue la nécessité de règles communes pour fluidifier les transactions, pour éviter les escroqueries et rendre les échanges équitables.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, dans les années 44-50, les puissances victorieuses ont mis en place les grandes institutions internationales que sont l'ONU, l'UNESCO, l'OMS, la FAO, l'UNICEF, etc (1) . Elles ont aussi signé les Accords de Bretton Woods dont l'objectif était de mettre en place une organisation monétaire mondiale avec la BIRD (banque internationale pour la reconstruction et le développement appelée aujourd'hui Banque Mondiale -BM- ) et le FMI (Fonds Monétaire International). Pour compléter ces deux institutions devait naître l'OIC : Organisation Internationale du Commerce.

Pour ce faire, du 21 novembre 1947 au 24 mars 1948, s'est tenue, à Cuba, la conférence des Nations Unies sur le commerce et l'emploi dont l'acte final est connu sous le nom de « Charte de la Havane » (2) qui hélas ne sera pas ratifiée à cause de l'opposition du Congrès des États-Unis et sera remplacée par l'accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). Celui-ci est conçu comme une négociation permanente multilatérale entre États souverains ayant pour fonction la diminution progressive - jusqu'à leur suppression - des droits de douane. L'argument avancé est de favoriser la paix menacée par le protectionnisme aux dires de certains économistes - ce qui est très contestable - et donc de faciliter les échanges commerciaux.

Les négociations se déroulaient par cycle ( round en anglais), et ont plutôt bien fonctionné jusque dans les années 1980. Les droits de douane sont tombés à des taux très bas, 3 ou 4 % dans de nombreux domaines. Le huitième cycle - l'Uruguay round - qui a duré de 1986 à 1994 a débouché sur la création de l'OMC, Organisation Mondiale du Commerce et l'adoption d'un nouvel ensemble d'accords entrés en vigueur le 1er janvier 1995.

Si les accords du GATT ne portaient que sur les produits manufacturés, l'OMC concerne à peu près tous les secteurs économiques : matières premières, agriculture, services, propriété intellectuelle et investissements. La principale règle de l'OMC est le libre-échange total : suppression progressive des barrières douanières tarifaires (droits de douane) et non tarifaires (quotas, normes sanitaires, normes sociales et environnementales) afin d'éliminer toute restriction au commerce et aux investissements.

De plus est mis en place un organisme de règlement des différends (ORD), ce qui fait de l'OMC la plus puissante des institutions internationales, la seule ayant des règles contraignantes obligeant les États souverains à modifier leurs législations et leurs régulations pour se conformer aux décisions de l'ORD sous peine de lourdes sanctions, souvent financières. Un exemple très connu : l'ORD a condamné l'Union européenne (UE) qui refusait d'importer du bœuf aux hormones des États-Unis et du Canada ; un compromis a finalement été trouvé et a contraint l'UE à augmenter les quotas de viande bovine, sans hormone, importée de ces deux pays. L'OMC ne reconnaît pas le principe de précaution et le refus de l'UE a été assimilé à du protectionnisme déguisé!

La Conférence ministérielle est l'organe de décision suprême de l'OMC ; elle se réunit normalement une fois tous les deux ans. Elle rassemble les quelque 160 États membres de l'OMC et est habilitée à prendre des décisions sur toutes les questions relevant de tout accord commercial multilatéral mais il n'y a pas de vote, les décisions sont prises au consensus, on peut dire à l'unanimité.

Les conférences de l'OMC ont souvent donné lieu à de fortes manifestations de citoyens, la première étant celle de Seattle en 1999. Cet événement est symbolique et fondateur à plus d'un titre car c'est la première fois qu'une manifestation non-violente arrive à bloquer un sommet international avec des militants venus du monde entier. Par la suite, d'importantes mobilisations citoyennes, à Cancun en 2003, à Hong Kong en 2005, à Genève en 2009... ont dénoncé les effets dramatiques du libre-échange avec pour conséquence le blocage du cycle de Doha en 2006.

Dès lors, la croyance en un commerce international, basé sur un libre-échange total qui serait profitable à tous, a disparu. Une autre raison pour laquelle l'OMC est bloquée depuis plus de 10 ans est la difficulté d'obtenir un vote unanime de tous les participants à la conférence, l'opposition des pays du Sud principalement sur les questions agricoles empêchant la ratification de nouveaux accords.

On peut affirmer aujourd'hui que l'OMC est entrée en léthargie malgré un petit sursaut en 2013 avec le "paquet de Bali" où quelques avancées ont été rendues possibles : aide au développement des pays les moins avancés, réduction des subventions à l'exportation des produits agricoles des pays riches, réduction de la bureaucratie aux frontières.

Mais les multinationales capitalistes ne renoncent jamais ; aujourd'hui elles poursuivent leur objectif de façon différente : négociations secrètes en petits comités, négociations bilatérales et régionales ...à l'abri du regard du public des associations et des syndicats qui découvriront ces accords lorsqu'ils seront quasiment bouclés.

On assiste donc depuis quelques années à une profusion de nouveaux accords bilatéraux ou régionaux : TAFTA, CETA, JAFTA... Certains économistes disent : "C'est l'OMC puissance 10" car ces traités conservent les principes fondamentaux de l'OMC mais démultipliés ! Le fameux ORD est remplacé par des tribunaux arbitraux ( ISDS (3)), véritable justice privée qui réglera les contentieux entre les investisseurs et les collectivités publiques.

Cette mesure est la plus contestée car elle conduirait à anéantir les capacités des gouvernements à réguler l'activité économique, les investisseurs pouvant porter plainte contre un Etat en cas d'expropriation directe ou indirecte par exemple une modification de la fiscalité. A noter que l'inverse n'est pas prévu : un Etat ne peut pas attaquer un investisseur - c'est-à-dire une multinationale - devant l'ISDS !

Négociations commerciales et démocratie ne font pas bon ménage

La France ne négocie pas, c'est le (ou la) commissaire européen assisté d'une équipe d'experts et de lobbyistes qui négocie. Le Parlement européen est associé au suivi des négociations par l'intermédiaire de sa Commission du Commerce International (INTA) mais, en pratique, de lourdes contraintes l'empêchent de remplir pleinement ce rôle. Les parlementaires voteront lorsque le texte final sera présenté à la ratification du Parlement européen, sans amendements possibles, "c'est à prendre ou à laisser" dira la Commission.

Au niveau des Parlements nationaux, la situation est pire du point de vue démocratique car depuis le traité de Lisbonne une bonne part de ces questions relève de la compétence exclusive de l'Union européenne. Lorsqu'ils sont appelés à se prononcer sur la ratification des accords, les parlementaires nationaux sont, comme leurs homologues européens, mis devant le fait accompli.

Exception faite pour les traités comme le CETA qualifiés "d'accords mixtes" qui contiennent au moins une clause relevant de la compétence nationale. Cette clause étant pour le CETA la mise en place des tribunaux arbitraux. Le Parlement français devra donc ratifier ou non cet accord ( la date n'est pas encore fixée) mais en attendant il s'applique quand même à 95%, application provisoire nous dit-on, depuis le mois de septembre 2017.

Avec les pays de la zone dite ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) sont signés des Accords de Partenariat Économique (APE). Ces accords portent sur une suppression réciproque des droits de douanes entre l'UE et les pays concernés.

Ils remplacent la convention de Lomé de 1975 et l'accord de Cotonou de 2000 qui étaient plus favorables aux intérêts des pays ACP car ils maintenaient les droits de douane sur leurs importations en provenance de l'UE et les supprimaient pour leurs exportations. Les nouveaux accords APE sont destructeurs des filières agricoles pour ces pays dont l'économie dépend en grande partie de l'agriculture. L'UE n'hésite pas à menacer de baisser l'aide au développement pour les pays qui refuseraient ces accords.

Libre-échange et protectionnisme sont les deux faces d'une même pièce car indissociables

Les pays sont tantôt libre-échangistes, tantôt protectionnistes, selon le contexte international, selon l'état de leur production, selon le développement de leur économie. Ils mettront des protections sur certains produits de façon temporaire ou non, ils supprimeront ces barrières lorsqu'ils y verront un intérêt. Jusqu'en 1846, l'Angleterre a protégé sa production de blés par des droits de douane élevés ( corn laws) mais lorsque le prix mondial s'est effondré les droits de douane furent supprimés pour permettre à leurs importateurs d'acheter du blé à bas prix à l'étranger, à la France et à la Russie.

Aujourd'hui aucun pays n'applique un libre-échange ou un protectionnisme total ….sauf l'Union européenne ! "L'espace commercial le plus ouvert, pour les produits industriels, c'est l'Europe" (JL Gréau)(4).

Les libéraux sont partisans du libre-échange : [Les économistes orthodoxes] sont parvenus à ancrer dans nos cerveaux que le libre-échange équivalait au progrès, à la paix, à la tolérance, voire au soutien du tiers-monde. Tandis que "protectionniste" rimait avec "nationaliste", avec isolationniste"ou, pire, avec "égoïste". (F. Ruffin) (4)

Le protectionnisme

Comme son nom l'indique, il s'agit d'établir une ou des protections aux frontières d'un pays afin de limiter ou d'empêcher l'arrivée de marchandises pouvant concurrencer les produits nationaux.

Dans la deuxième moitié du XIXè siècle, les Anglais et les Français ont eu recours au protectionnisme pour permettre le développement de leur industrie naissante. La crise de 1929 entraîne un retour au protectionnisme dans tous les États mais après la guerre de 39-45 la libéralisation du commerce s'impose peu à peu.

La perception de droits de douane constitue une ressource pour les pays importateurs et c'est souvent une part importante du budget des pays pauvres, en plus de protéger leurs productions locales.

Le protectionnisme est combattu par les grandes firmes transnationales fanatiques du libre-échange qui leur permet de commercer et investir sans entraves partout dans le monde, placer leurs capitaux là où elles pourront réaliser les plus grands profits avec pour conséquence les délocalisations dans les pays à bas coût de main d’œuvre. Même le très orthodoxe FMI  reconnaît la nécessité de mettre en place des mesures de contrôle des capitaux pour réduire l'instabilité financière internationale.

Cependant il existe des mesures protectionnistes même dans les États libéraux qui prônent le libre-échange et qui ont adhéré à l'OMC ! Ainsi, les États-Unis privilégient les produits et services fabriqués sur le sol américain dans le cadre de leurs commandes publiques d'après le Buy American Act de 1933 et versent de confortables subventions à leurs agriculteurs.

L'un des tarifs douaniers les plus élevés du monde est celui que pratique le Japon sur le riz étranger, taxé à 800%. La PAC - politique agricole commune de l'UE - consiste en versements de subventions agricoles ceci étant une forme de protectionnisme. Ces aides sont maintenant de plus en plus réduites et soumises à conditions, le dogme de « la concurrence libre et non faussée » interdisant toute mesure protectionniste.

M.Trump s'est fait élire sur un programme protectionnisme. Il a annoncé qu'il taxera les voitures européennes, qu'il appliquera des droits de douane sur l'acier (25%) et sur l'aluminium (10%) en provenance de Chine et d'Europe. En réponse, des mesures de rétorsion seront appliquées sur des produits américains ( whisky, jeans, motos...).

La rencontre Trump-Juncker du 25 juillet dernier, avait pour objectif de normaliser les relations commerciales entre l'UE et les États-Unis car cette "guerre inter-capitaliste" vise essentiellement l'industrie automobile allemande. Ce qu'attendent les électeurs de M. Trump c'est une relance des usines automobiles, la baisse du chômage, l'augmentation des salaires.

M. Junker n'a rien obtenu de D. Trump sauf de vagues paroles mais il a accepté d'augmenter les importations de soja américain le jour même où le gouvernement étasunien accordait 12 milliards de dollars d'aide aux agriculteurs nord-américains, au grand dam des agriculteurs français ! Le gouvernement allemand craint une baisse d'activité dans ses usines automobiles et une montée du chômage tandis que les agriculteurs français n'ont pas besoin d'acheter plus de soja américain car ils cultivent d'autres protéagineux comme le pois, le lupin, la féverole pour l'alimentation du bétail.

Le protectionnisme est populaire, le référendum du 29 mai 2005 l'a prouvé avec une large majorité d'employés et d'ouvriers opposés à la "concurrence libre et non faussée".(François Ruffin) (4).

Mais ceux qui osent parler de protectionnisme sont systématiquement assimilés à l'extrême droite et accusés d'exacerber la peur de l'autre et le repli sur soi.

Le libre - échange, des avantages pour qui ?...

Peu de croyances sont aussi partagées dans les milieux dirigeants, que celles des bienfaits du libre-échange.

Cette théorie repose sur la division internationale du travail et l'avantage comparatif de David Riccardo (5). Alors qu' autrefois une entreprise menait sur son territoire toutes les opérations nécessaires à la production d'un objet ou d'un service, les multinationales ont découpé leurs activités qu'elles délocalisent dans leurs filiales ou chez des sous-traitants à l'étranger (division du travail). Ainsi les pays sont appelés à se spécialiser dans ce qu'ils savent faire le mieux (avantage comparatif). Ces pratiques visent à augmenter la compétitivité des firmes, c'est un libre-échange concurrentiel, la concurrence de tous contre tous !

Toute médaille....

Dans un premier temps, la globalisation, corollaire du libre-échange, a permis l'arrivée de milliards de producteurs et de consommateurs dans le marché mondial, qui ont ainsi eu accès à des niveaux de consommation sans précédent. Les quantités de marchandises échangées ont été multipliées par trente-deux depuis 1950 et les prix à la consommation ont fortement chuté, ce qui a permis à des millions de personnes du "Tiers-Monde" de sortir du total dénuement.

L'ouverture du commerce international et la levée de toutes les restrictions au commerce sont, pour les libéraux, des leviers majeurs des politiques de développement, la promesse d'un avenir radieux fondé sur une perpétuelle croissance de la consommation indispensable à la croissance des profits.

.....a son revers

Un avantage pour les industriels des pays du Nord : la délocalisation des pollutions. Ils délocalisent en Afrique ou en Inde leurs activités les plus polluantes, là où la protection des populations et de l'environnement n'est pas prise en compte. Ainsi Total délocalise vers des pays non soumis au protocole de Kyoto et aux quotas européens de CO2 .

L'abaissement des normes environnementales, sociales et sanitaires entraîne les dommages les plus visibles. Les partisans du libre-échange veulent abolir toutes les règles qui sont d'après eux autant d'entraves inutiles au commerce. Si un gouvernement impose des normes afin de protéger sa population et son environnement (air, sols, eaux...) l'industriel devra investir pour limiter les rejets polluants dans la nature.

Cette dépense supplémentaire va augmenter le prix de revient de sa production, diminuer sa compétitivité et sera considérée comme une entrave au libre jeu du marché. De plus, le transport de ces milliers de tonnes de marchandises qui voyagent d'un pays à l'autre crée une pollution responsable du dérèglement climatique.

Les normes sociales consistent à permettre aux travailleurs à fonder des syndicats, à obtenir le droit de grève, à limiter la durée du temps de travail, à interdire le travail des enfants, etc. Ces avantages sociaux sont évidemment combattus par les multinationales qui n'hésitent pas à attaquer les États devant les tribunaux d'arbitrages lorsque leurs profits sont en danger. Ainsi Veolia a attaqué l'Égypte qui avait augmenté le salaire minimum de 31 euros par mois.

Les normes sanitaires sont diminuées sinon supprimées dans les accords de libre-échange : les hormones de croissance interdites en Europe sont largement utilisées aux Etats-Unis, l'hormone laitière ou BST permet de produire à bas coût de grandes quantités de lait, les porcs sont dopés à la ractopamine pour grossir plus vite. Autre exemple particulièrement inquiétant : les médicaments contrefaits.

De plus, tous ces ALE comportent un secteur financier important : il s'agit de faciliter les investissements des multinationales en éliminant un maximum de régulations, ce qui engendre parfois des crises aux effets dévastateurs pour nos sociétés. Les investisseurs eux ne risquent rien grâce au mécanisme de règlement des différents : l' ISDS si contesté !

La recherche du profit maximum à n'importe quel prix entraîne les délocalisations des industries vers les pays les moins-disant provoquant le chômage de masse au Nord, la paupérisation au Sud, la montée des inégalités, les pollutions multiples et le dérèglement climatique. Comment arrêter ce désastre ?

Le protectionnisme intelligent

Le protectionnisme est longtemps resté un tabou dans une certaine gauche sous prétexte qu'il conduisait à la xénophobie. Olivier Besancenot déclarait en février 2010 : "Au NPA on est contre. Ça va juste renforcer le pouvoir des capitalistes et des actionnaires, dresser les travailleurs les uns contre les autres, pénaliser les salariés du Sud, aider les capitalistes du Nord." Il faut donc préciser quel protectionnisme nous devrions mettre en place.

Certains parlent de protectionnisme solidaire (Parti de Gauche), d'autres de protectionnisme altruiste ( Bernard Cassen) ou encore d'un protectionnisme de relance ( Jacques Sapir)... Quel que soit l'adjectif utilisé il s'agit de protectionnisme intelligent qui sera un outil pour une politique sociale volontariste source d'un mieux-être social et économique.

Cette orientation se traduirait par la mise en œuvre de mesures telles que la révision du Code des Marchés Publics pour favoriser les entreprises de l'économie sociale et solidaire, les produits et services écologiques, l'activité locale et l'instauration d'une taxe kilométrique aux frontières françaises pour introduire le coût écologique dans les marchandises en fonction des distances parcourues.

Les échanges commerciaux seront établis sur la base de la coopération, de la solidarité et de la complémentarité en lieu et place de la "concurrence libre et non faussée ", de la compétitivité, de la guerre concurrentielle, du dumping fiscal et social. Libre-échange et protectionnisme doivent être dosés de façon équilibrée sans nuire ni à l'une ni à l'autre des parties. Remplacer le libre-échange concurrentiel par un libre- échange coopératif, remplacer un protectionnisme xénophobe par un protectionnisme mesuré et temporaire.


Conclusion

A l'évidence le libre-échange est l'arme par laquelle le capitalisme maintient les peuples sous une forme de colonialisme et anéantit les démocraties. Abattre les méfaits du capitalisme nécessite d'en finir avec le libre-échange. Or dans l'Union européenne les traités communautaires nous l'imposent. Si les citoyens veulent retrouver leur souveraineté au sein de leur Nation il faut sortir de l'Union européenne, du libre-échange hors de tout contrôle et du capitalisme.


 

Pour compléter :

1- http://ms21.over-blog.com/2017/10/refusons-tous-les-accords-de-libre-echange.html

 

Notes

Les sigles peuvent différer selon la langue utilisée, français ou anglais.

 

(1) l'ONU : organisation des Nations Unies

l'UNESCO : organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture

l'OMS : organisation mondiale de la santé

la FAO : organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture

l'UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'enfance

OMC = WTO : Word Trade Organization

GATT: General Agreement on Tariffs and Trade

(2) La Charte de la Havane a mis dans ses objectifs : le plein emploi, des règles de commerce équitable, la coopération, l' équilibre de la balance des paiements

 

(3) TAFTA : accord de libre-échange Etats-Unis / Union européenne

CETA : accord Canada / UE

JAFTA : accord Japon / UE

ISDS : Investor-State Dispute Settlement ( Tribunaux arbitraux)

(4) Propos tirés du livre de François Ruffin "Leur grande trouille" (Ed. Les liens qui libèrent)

(5) David Riccardo , économiste anglais ( 1772-1823)

 

 

 

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21 février 2018 3 21 /02 /février /2018 00:20

A bon entendeur, salut !

Je viens de lire l’article de Victor Dedaj, "Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’occident", où vous me prenez à partie à plusieurs reprises à partir d’une citation de ma pomme sortie de son contexte : "Comment ne pas critiquer Cuba lorsqu’il y a des persécutions contre les homosexuels ?" — cf. l’émission "On n’est pas couché" à laquelle j’ai participé récemment. Dans le genre manipulation, c’est un modèle, cet article !

C’est bien sûr un fait que Cuba est loin d’avoir toujours été irréprochable dans la façon d’aborder l’homosexualité (cf. tel discours homophobe de Castro qu’il a lui-même regretté par la suite) et il y a eu, pendant un long temps, une façon absolument condamnable de traiter à Cuba les homosexuels parce qu’homosexuels. Et c’est un fait aussi que — comment dire ? — d’immenses « progrès » ont été accomplis sur ce plan (comme sur d’autres) à Cuba.

Mais ce n’était pas du tout l’objet de mon propos à ONPC — l’auteur de l’article a-t-il seulement regardé le passage en question.

Tout en acceptant d’avance qu’on puisse critiquer, à tel ou tel moment de l’histoire de Cuba, tel ou tel aspect de sa politique, mon propos était... de défendre Cuba contre les attaques incessantes de ses détracteurs ! C’est ce que j’ai dit ensuite explicitement, quand j’ai évoqué par exemple la santé ou l’éducation, et il faut être obtus ou de très mauvaise foi pour me ranger moi aussi dans le sac desdits détracteurs...

Mais bon, ainsi va la télévision et les commentaires confus ou malveillants qu’elle génère.

Coup de pied de l’âne, l’auteur de l’article évoque in fine l’émission que je viens de faire pour le Média (dont je suis l’un des co-fondateurs) avec Maurice Lemoine sur le Venezuela, émission où on peut entendre un tout autre son de cloche que celui des medias mainstream : « Gérard Miller se rattrape un peu, mais voyons voir le jour où il abordera Cuba... » Mais qu’est-ce que c’est que ce ton de petit juge me demandant de montrer patte blanche pour être pardonné !

J’ai souvent « abordé » Cuba, merci, et chaque fois que je parle de Cuba, avec mes copains de Cuba Si comme avec les adversaires de la révolution cubaine (cf. la dernière émission à laquelle j’ai participé chez Ardisson à propos de l’exposition parisienne sur le Che), je dis la même chose : ma sympathie pour Cuba.

Alors, que ce soit clair : j’emmerde — et pas qu’un peu ! — ceux qui, tronquant mes propos, viennent aujourd’hui me catéchiser.

Gérard MILLER

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21 février 2018 3 21 /02 /février /2018 00:20

Je suis tombé sur un article paru sur Yahoo actualité, indiquant que Alexis Corbière, avait "fondu en larmes" devant un reportage sur les employés de Carrefour qui se battent contre un nouveau plan social... En lisant les commentaires accrochés et devant l'ignominie écrite, m'est venue l'envie impulsive d'écrire un texte qui cherche à expliquer que ce qui spécifie un militant, ce sont les larmes.

Je précise que je ne connais pas Alexis Corbière, on n'a du se croiser une fois, et que de fait je n'ai rien à en attendre. il ne s'agit pas non plus d'un texte pro-Corbière, ou pro-insoumis, juste un texte qui s'appuyant sur mon propre parcours, tends à dévoiler pourquoi au delà des jours de la semaine, le dimanche matin, il nous arrive de nous lever tôt.

Dans cette histoire au long cours, les communistes ont longtemps été les porte drapeaux des dimanches où on se lève tôt... pour diffuser l'Huma. J'espère que chaque militant se reconnaitra dans ce texte, où la plume s'est trempée dans les larmes de mon cœur.

Pour être militant, il faut d’abord du cœur, le laisser parler, le laisser pleurer, ne pas détourner les yeux devant les violences du réel qui frappent notre quotidien tant à l’entreprise que sur les trottoirs des avenues marbrées des « métropoles du business ».

Puis il faut s’interroger et chercher à comprendre pourquoi et comment cette violence est apparue, aller au-delà des explications superficielles actuelles sur « le coût du travail », « la dette publique », « le cout des fonctionnaires », « les chômeurs tricheurs », « l’excès des règles », « l’alignement des planètes », la « Révolution numérique » ou plus anciennes mais matricielles : « c’est la volonté de Dieu », « c’est la main invisible du marché » et autres fadaises « l’invasion islamique » qui visent à enfermer l’individu sur lui-même d’où le danger des religions et des croyances : « La religion est le soupir de la créature accablée, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’un état de choses où il n’est point d’esprit. Elle est l’opium du peuple.” (Karl Marx)

Dans le même mouvement, il faut lire, beaucoup lire... des analyses et des pensées différentes, pour en mesurer la profondeur, car c’est dans les abysses de l’écriture que se nichent les lames profondes de l’Histoire humaine qui déclenchent les tsunamis sociaux appelées Révolutions (1789, 1830, 1848, 1870, 1917, 1944). Et la prochaine se prépare, comme toujours discrètement, pour rejaillir sur le devant de la scène, au moment où les propagandistes de tout poil, achetés à vil prix, pour nier le réel, s’y attendent le moins.

Il faut aussi écouter les acteurs de terrain, syndicalistes, associatifs, celles et ceux qui au quotidien fabriquent du social avec leurs mains usées et leurs regards malicieux.


Il faut de plus voyager pour mesurer les différences entre pays, continents, et constater aussi les similitudes de « l’humanité en marche » vers son horizon dénommé, depuis Spartacus, Emancipation.

On constate alors que loin d’être invisible, les inégalités, à la source des violences sociales observées, ont une explication rationnelle qui fait système, car la polarisation des richesses d’un pôle très minoritaire (le 1 % qui s’approprie 82 % des richesses créées par les prolétaires associés) s’appuie sur la généralisation et l’approfondissement de la pauvreté à un autre pôle, tel qu’ a pu l’écrire le penseur-philosophe Victor HUGO : « c’est de l’enfer des pauvres, qu’est fait le paradis des riches ».

C’est donc par la planification de la pauvreté que les richesses extrêmes s’accumulent : « accumulez, accumulez, c’est la loi et les prophètes » nous précise Karl Marx, qui fut pourchassé par toutes les polices d’Europe pour ses écrits, d’une indécente actualité.

Après alors, on peut parler, on peut déclamer, protester, se révolter, s’insurger, refuser de se soumettre à cette loi de la jungle du « profit d’abord » et avec une force décuplée, car fondée sur un raisonnement construit par ce cheminement qui spécifie « Homo-Sapiens » .

Mais à l’origine, ce sont bien les « larmes du coeur » qui forgent les armes de la lutte qui nous font devenir militants, car on ne peut vivre heureux, sur un océan de malheurs.

Ce sont ces siècles de larmes et de questions qui nous font devenir militants.
On ne nait pas militant, on le devient.

Aux militants actuels et futurs militants, le 14 Février 2018, Fabrice

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26 janvier 2018 5 26 /01 /janvier /2018 00:30

80 km/h : vitesse de la lumière révolutionnaire ou partialitarisme ?

Il est bien loin le temps où la voiture figurait en bonne place parmi les symboles de ce que l’opinion commune se représente comme un moyen d’accéder à une forme de liberté. Désormais, de la gauche institutionnelle ou écolo à la droite sécuritaire, l’automobile se voit accabler de tous les défauts : elle pollue, elle est sale, elle tue, elle est l’expression du plus pure individualisme ; bref elle est un moyen détourné d’accuser celui qui n’a pas d’autres choix que d’en conduire une afin d’assumer le principe de réalité et de faire vivre ceux qui l’en accusent.

Ainsi et depuis juillet 2017 cette politique a notamment consisté à empêcher les conducteurs de vieilles voitures à moteur diesel de conduire dans Paris tandis que les nouveaux modèles à moteur essence de 4X4 parfois bien plus polluants continuent quant à eux à pouvoir circuler. Après cette ignominie donc, voici désormais que le gouvernement compte imposer une nouvelle limitation de vitesse sur certaines routes nationales et départementales : 80km/h au lieu de 90km/h.

Aussi anodin que cela puisse paraître à première vue, c’est en fait ici le même fil rouge qui commence à s’inscrire en profondeur jusqu’à en laisser des stigmates trop voyants : celui de la chasse aux prolétaires, orchestrée dans la logique continue de contre-révolution...

1. Le gouvernement a ses raisons que la raison ignore.

Les représentations avec lesquels nous vivons actuellement sont propres à une période de crise dont on nous cesse de nous rebattre en boucle les oreilles. A en croire les campagnes des candidats aux élections aussi diverses quelles soient, l’insécurité, indépendamment même des actes terroristes, règnerait partout en maître.

Aussi, partout et sans cesse toute mesure se présente dorénavant comme viable avec le seul prétexte de nous octroyer davantage de sécurité. Les mesures relatives au code de la route ne dérogent pas à cette règle, bien au contraire. C’est ainsi qu’au lieu d’étayer clairement les problèmes, s’il y en a, lié à la vitesse sur la route, beaucoup se contenteront d’insister sur la nécessité pour plus de sécurité de limiter davantage encore la vitesse légale autorisée.

Aussi, à ce jeu là, il semble difficile d’être contre : qui serait prêt à militer pour plus d’insécurité en voiture ? D’autant plus quand il s’agit de mettre l’accent sur la vie d’un enfant, d’un parent ou d’un conjoint.

Or, si nous acceptons de regarder avec un peu de lucidité et d’objectivité les faits plutôt que d’accepter un paradigme selon lequel l’insécurité sur les routes serait liée à la vitesse, le réel semble contredire le mélodrame ambiant. En effet et d’abord, les routes sur lesquels la vitesse maximale est autorisée, à savoir les autoroutes, sont celles où le moins de morts sont recensés chaque année (1).

Pourtant c’est aussi sur ces autoroutes que se retrouve le plus grand nombre de contrôles de vitesse. Par ailleurs, l’excès de vitesse n’intervient qu’en troisième instance dans les cas d’accidents de la route, derrière l’usage d’alcool et de stupéfiant. De plus, ces derniers peuvent évidemment être couplés à la vitesse.

En réalité donc, ce qui n’est pas dit c’est que ce qui cause en majorité les accidents de la route, en dehors d’une consommation de drogues au volant, c’est le manque d’infrastructure viable et la contrainte pour ceux qui n’en n’ont pas les moyens financiers de se tourner vers des routes, notamment départementales, bien moins correctement aménagées que les autoroutes qui présentent un risque minimal pour les usagers.

A la lumière de ces faits, il nous faut comprendre dès lors que les intérêts recherchés ici ne sont pas la sécurité mais bien ceux d’un profit objectif, notamment pour des entreprises comme Vinci à qui la majorité des autoroutes appartiennent depuis que Dominique de Villepin les leur a vendues. Mais c’est là aussi l’expression claire d’une lutte de classe qui ne dit pas son nom mais qui prend racine dans l’hégémonie culturelle contre-révolutionnaire de la classe dirigeante.

2. La voiture : instrument de libertés ou moyen d’oppression sur le producteur ?

Il faut rétablir un premier fait : la voiture est le moyen de locomotion le plus commun. L’automobile est l’outil de déplacement le plus accessible tant d’un point de vue financier que technique ou pratique pour la majorité d’entre nous.

Puis, il y a un deuxième point sur lequel il faut insister : la voiture, si elle peut être le moyen d’accéder à un loisir (partir en vacances) reste avant tout le moyen qui rend possible la production en permettant aux travailleurs de se rendre sur leur lieu de travail. Ce qui peut occasionner par ailleurs un certain nombre de frais réels quand il n’y a pas d’indemnités prévues.

Aussi la voiture demeure d’abord et avant tout un bien d’équipement nécessaire à la production et dont il est difficile de se passer au risque de perdre son emploi, dans notre mode de production. Ce n’est pas, ou pas seulement par plaisir, que nous achetons tel ou tel modèle, mais d’abord parce que nous en avons besoin.

Dans le même temps, il existe bel et bien des moyens de transport qui sont eux des biens de consommation, qui ne servent pas la production mais permettent uniquement à son propriétaire de jouir du luxe que ce bien lui offre : on songera dans les cas les plus explicite aux yacht par exemple, qui ont été depuis détournés de leur fonction première de locomotion en mer... quand la voiture du quidam permet à peine d’entrevoir sereinement de longue distance en dehors de l’itinéraire établit pour aller de chez soi au lieu de travail et inversement.

La voiture est donc le moyen de locomotion des forces productives. Il est donc plus aisé de le discriminer et de l’attaquer lorsque ceux qui le condamnent ne connaissent que les aéroports des différents pays où ils se rendent ou bien lorsqu’il disposent de jets ou yachts privés ou même tout simplement d’un appartement suffisamment bien situé en ville afin de pouvoir se rendre à pieds ou à vélo jusqu’aux lieux de leurs affaires. Mais tout cela ne représente qu’un roseau de monde à côté de l’étendue émergée qui le compose dans son ensemble.

Aussi, condamner l’automobile, c’est condamner le producteur. C’est opprimer celui qui n’a pas le choix d’être sur la route, dans les bouchons où les 80km/h sont de toutes façons rarement atteints. C’est condamner celui qui travaille loin de sa famille à devoir prolonger encore ces heures d’attente.

C’est le condamner à contrôler sans cesse sa vitesse avec la pointe de son pied sur le frein, ce qui occasionne une lassitude mentale et une fatigue souvent bien plus conséquente que la vitesse elle-même, surtout sur des routes désertes. Mais sans cela, il se risque à recevoir une amende, en plus de la pénalité peut-être déjà perçue sur son salaire le matin du fait d’un retard minimal du à la peur de dépasser de peu la limitation de vitesse : ce sera alors autant de minutes de sommeil en moins pour combler un temps qui lui échappe alors même qu’il l’emprisonne.

3. De l’idéologie sécuritaire à la gauche écologiste : même combat.

Devenez écologiste : privez-vous de voiture, privez-vous d’emploi, privez-vous d’argent, privez-vous de famille, privez-vous de vous-mêmes, la Terre, mieux s’en portera.

Loin de moi l’idée de faire ici un faux-procès à l’écologie politique dont j’ai déjà eu parlé à plusieurs reprises dans mes écrits ou mes vidéos. Au contraire, il s’agit davantage ici de faire le constat objectif d’une alliance non dite entre un discours de classe dirigeante à visée sécuritaire et une certaine pensée prétendument de gauche et dite écologique.

C’est la sauce Hidalgo : un Paris sans voiture, racheté par le Qatar, dont on sait les effort qu’il produit pour minimiser sa trace Carbonne. En somme : les prolos à vélo tandis que le grand Capital international s’évertue à polluer l’Humanité toute entière dans une spoliation constante de la valeur produite par le prolétariat de part le monde. Finalement, comme le signalait Jacques Brel, c’est peut-être d’abord la pollution morale et politique qui devrait à notre époque attirer notre attention.

Car enfin, c’est au sein de ce même monde soi-disant libre et où l’extorsion de la plus-value est à son acmé que se produisent les catastrophe écologiques les plus conséquentes, qu’on ne songe aux quantités de pétrole déversées en mer par certains magnats du baril sans qu’aucune législation internationale ne trouve à y redire quoi que ce soit.

Mais il est plus aisé là-encore de voir la paille dans l’œil du voisin et de lui conseiller dans un puritanisme sans précédant un certain nombre d’attitudes visant à protéger une Planète qu’il ne serait a priori plus en droit d’habiter, « salaud de pauvre ».

4. Réprimer l’automobiliste ou soutenir le déjà-là fonctionnel et alternatif des transports ?

A l’heure où la direction de la SNCF annonce la suppression de plus de 2000 emplois pour 2018 (2), la question des transports se doit d’être au cœur de nos préoccupations. Puisqu’en effet, outre la vitesse, ce qui conduit à une forte morbidité sur les routes c’est le nombre de kilomètres parcourus (3).

Or, l’une des meilleures solutions pour remédier à cela se trouve dans les transports en commun. Mais là où le bât blesse c’est qu’une fois encore le Capital poursuit sa logique systématique de permissivité avec le consommateur et de répressive avec le producteur, qui se trouve en réalité être le même à des moments différents. Ainsi, la publicité ne manque pas de capitaliser sur les aspects libérateurs de l’automobile face aux alternatives collectives.

Mais au même moment, cela permet au Capital de se retirer de tout investissement dans les frais qu’occasionne le véhicule, laissant ainsi à l’usager du véhicule la seule charge de son entretien, quand bien même sa voiture ne lui sert qu’à se rendre sur le lieu de son emploi.

C’est ainsi qu’une fois encore cette politique masque le réel au profit d’apparences qui ne manquent pas d’être levées dès lors qu’on s’attarde un peu sur la question. Une politique de sécurité routière réelle devrait d’abord consister en un investissement plus conséquent dans les transports publics et notamment ferroviaires, en particulier pour le transport de marchandises.

Finalement la privatisation massive qui est en cours dans le secteur des transports publics peut se révéler comme la première cause de mortalité sur les routes. En effet, le Capital fait depuis des années le choix du tout routier afin d’extraire complètement du champ des transports ceux qui s’organisent de manière collective. Or, une réduction massive du trafic permettrait déjà de minimiser les risques de mortalité sur les routes.

Au lieu de cela, c’est une politique de flicage (4) permanent qui s’instaure et qui permet d’incriminer l’automobiliste qui se retrouve seul et a priori dépourvu de réponse lorsqu’il semble devoir y faire face.

5. De la privation de nos libertés à la reconquête de la liberté.

Outre ce constat amer d’une situation qui tend à rendre la vie insupportable à ceux dont l’héritage a laissé des marques rouges quasi indélébiles qui ne peuvent être pardonnées par la classe dirigeante, nous assistons bien là à l’instauration d’un pouvoir, j’ose ici le néologisme, partialitaire.

En effet, la notion de totalitarisme d’un point de vue étymologique et non historique, renvoie davantage à l’idée que la totalité l’emporte sur la partie : bref la démocratie réelle réalisée, le commun. Ici, c’est bien l’inverse, c’est un partialitarisme, qui prend les habits de ce qui est habituellement décrit comme « totalitarisme » ou bien encore ce n’est que l’autre nom, plus politique, du capitalisme : chacun selon ses moyens et non ses besoins.

Aussi, une minorité s’octroie le droit d’en retirer à la majorité. Cette même minorité ose nommer « privilégiés » la majorité lorsque celle-ci entend défendre et poursuivre ses droits et conquêtes sociales. Il s’agît dont d’un partialisme abjecte au service d’une minorité qui détient le pouvoir.

Dès lors un certains nombres de nos libertés politiques se voient réduites à peau de chagrin : insécurité sur les routes, état d’urgence... L’Etat de droit cède la place au contrôle permanant. Pour peu que vous fassiez l’erreur d’appuyer un peu trop sur votre pédale d’accélérateur vous serez considéré comme un criminel, en plus d’être un pollueur, un beauf, un mauvais électeur...

Dans ce cadre là, il est plus temps que jamais alors que les prolétaires de tous pays prennent conscience de leur être de classe pour renouer avec leur liberté ontologique qui se constitue dans le collectif au détour du politique ! Aussi, les 80km/h ne seront plus que le souvenir vague d’une vitesse ayant engendré une révolution qualitative nécessaire.

[1] Cf. données ONISR / BAAC
[2] Cf. https://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/2081-supp...
[3] Selon l’agence européenne du rail, il y a 52,6 morts par voyageurs/milliards de km parcourus en deux roues, 4,45 en voiture (en réalité 5,2 en France), 0,433 en autobus, 0,156 en train.


[4] En 2015, les délits routiers représentaient 34% des délits faisant l’objet de condamnations par les tribunaux (280 600 condamnations auxquels il faut ajouter 30 000 compositions pénales, soit 0,8% des titulaires du permis de conduire et 52% des contraventions de 5e classe). Les condamnations routières représentent quant à elles 21,2% des condamnations à des peines de prisons en 2015... Cf. : http://www.justice.gouv.fr/include_htm/reforme_penale_chiffres_cles_pl...

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