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26 décembre 2011 1 26 /12 /décembre /2011 07:45

Depuis dix ans, l'espérance de vie des Allemands a reculé de deux ans, de 77,5 à 75,5 ans (et 4 ans de moins dans l'ex-Allemagne de l'Est, de 77,9 à 74,1 !) Chiffres terribles, qui ne sont pas dus au hasard...

 

DOCUMENT ETABLI PAR LE FRONT DE GAUCHE :

Le 5 décembre François Hollande a participé au Congrès du parti social-démocrate allemand (SPD) avec lequel il a affirmé une forte convergence. Il y a salué le bilan du SPD en Allemagne. Pour mesurer la portée de ces déclarations, nous décryptons ici le bilan social de 11 ans de présence du SPD au pouvoir : de 1998 à 2005 avec le gouvernement Schröder puis de 2005 à 2009 en coalition avec la droite d'Angela Merkel. Nous présentons aussi les propositions du SPD en vue des élections législatives de 2013.

Le vrai bilan du SPD au pouvoir 1998-2009

"Vous avez fait des réformes importantes ici en Allemagne. En France, elles ont trop tardé". François Hollande à Berlin au congrès du SPD le 5/12/11

Dans son livre En quête de Gauche, publié en 2007, Jean-Luc Mélenchon présentait un bilan détaillé de l'échec de la social-démocratie européenne et notamment de l'action du SPD allemand. Nous présentons ici des extraits de cette analyse en les complétant et en les actualisant.

Agenda 2010 : le SPD détruit l'Etat social qu'il avait lui-même construit

Agenda 2010 est le nom d'un ensemble de réformes menées en Allemagne par le gouvernement Schröder (coalition SPD-Verts) entre 2003 et 2005. Les réformes portaient notamment sur le marché du travail et les assurances sociales (réformes Hartz, voir ci-après) :
- économie : allègements de cotisations salariale, baisse des impôts, programmes de crédit pour les entreprises
- impôts : 31 milliards d'euros de baisse d'impôts, notamment par la baisse de 51% à 42% du taux de la tranche maximale d'impôt sur le revenu.
- emploi : réforme du marché du travail et baisse des allocations chômage
- santé : recul de l'assurance obligatoire de 23 milliards d'euros par an pour faire baisser les cotisations, plus grande concurrence
- retraites : développement de la retraite par capitalisation
- formation : développement de l'apprentissage

Les réformes Hartz : lutte contre les chômeurs et les droits des salariés

Extrait de Jean-Luc Mélenchon dans En quête de gauche : "En fait, le chiffre terrifiant du chômage a plutôt été utilisé pour faire passer la potion amère des remèdes de choc du libéralisme. C'est en effet sous Gerhard Schröder que l'Allemagne a franchi le terrible cap des 5 millions de chômeurs. Schröder a prétendu y répondre avec son " Agenda 2010 ". Ce programme a signé le divorce du SPD avec son passé de parti protecteur des droits des travailleurs. Les chômeurs et les travailleurs pauvres en ont été les premières victimes. Schröder a utilisé à cette occasion les rengaines les plus lamentables de la propagande en direction des " petits blancs ", dans un registre aussi provoquant que Nicolas Sarkozy en France ou de Tony Blair en Grande-Bretagne proposant d'offrir un réveil matin à chaque chômeur anglais. Ainsi, c'est au nom de " la fin du droit à la paresse ", que le plan Harz IV, grande réforme du code du travail décidée par le gouvernement Schröder, a réduit à un an toute indemnisation du chômage. Les chômeurs sont aussi obligés d'accepter n'importe quel emploi, y compris payé un euro de l'heure, pour conserver leur allocation. Et ceci dans un pays où il n'existe pas de salaire minimum ! "

Les réformes Hartz de Schröder Les 4 réformes du marché du travail menées par le gouvernement Schröder entre 2003 et 2005 ont pris le nom de "réformes Hartz", du nom de leur inventeur, Peter Hartz, ancien directeur des ressources humaines chez Volkswagen.
Elles visent à lutter contre le chômage considéré comme volontaire. Les plus importantes sont les lois Hartz II et Hartz IV.

Hartz II (effective à partir de 2003) :
- création des contrat "Minijobs" (contrat de travail précaire, de courte durée et moins taxé) et des contrats Midijob (salaire compris entre 400 et 800 euros par mois)
- création du dispositif Ich-AG : incitation, pour les chômeurs, à la fondation d'entreprise

Hartz IV (effective à partir de 2005, après plusieurs manifestations hebdomadaires à la fin de l'été 2004) :

- baisse de 20% de l'indemnité des chômeurs de moins de 25 ans qui vivent chez leurs parents
- réduction de la durée d'indemnisation du chômage de 32 mois à 12 mois. Au-delà, les chômeurs ont droit à une allocation d'environ 350 euros à condition d'accepter les emplois qui leur sont proposés. L'allocation est réduite de 60% en cas de deux refus la même année. Elle est supprimés au troisième refus.
- réduction des indemnités versées aux chômeurs de longue durée qui refusent des emplois en dessous de leur qualification
- création des "Jobs à 1 euro de l'heure" pour les chômeurs, même si une convention collective prévoit un salaire minimum

Les "Minijobs" ont fragilisé les salariés. Les "jobs à 1 euro" ont créé une terrible concurrence à la baisse sur les salaires entre chômeurs et salariés.

La grande coalition SPD-CDU a poursuivi cette logique de précarisation des salariés :
- la période d'essai des contrats de travail a été allongée de 6 à 24 mois comme le prévoyait en France les CPE et CNE
- Et les entreprises peuvent désormais embaucher des salariés de plus de 52 ans avec une période d'essai illimitée !

Retraite

Extrait de Jean-Luc Mélenchon dans En quête de gauche : "En Allemagne, dès 2001, Schröder avait réduit la part de la retraite par répartition au profit de retraites complémentaires privées par capitalisation. Depuis, la grande coalition, dont le ministre des affaires sociales est social-démocrate (SPD), a décidé en 2007 de passer l'âge de départ à 67 ans ! Encore faut-il ajouter que, pour bénéficier du taux plein, il faut avoir cotisé 45 annuités minimum ! Les sociaux-démocrates allemands font ainsi pire que la droite en France en 2003 !"

La réforme Schröder de 2001 : baisse des pensions et capitalisation
- réduire de 70 % à 64 % le taux moyen de remplacement d'ici 2030;
- encourager le développement de l'épargne-retraite privée : mise en place d'un système complémentaire de pensions privées par capitalisation avec incitations fiscales jusqu'à 4% du salaire brut.

En 2003, Schröder a durci sa réforme :
- les pensions sont indexées sur le ratio entre retraités et actifs (défavorable)
- une décote est introduite pour les départs avant 65 ans

La réforme de 2007 : la retraite à 67 ans votée par la coalition CDU-SPD
- report de l'âge de départ de 65 à 67 ans d'ici à 2029
- Seuls les salariés aux carrières longues (45 annuités !) et les handicapés pourront partir avant 67 ans.

Conséquences :
- En 2007, moins d'un tiers des nouveaux retraités avaient un emploi stable durant les trois années qui ont précédé leur départ à la retraite.
- Donc la part des personnes qui subissent une décote augmente : près de 60% en 2008, contre 12% en 2000.

 

Nous ne parlerons pas ici de la libéralisation du marché de l'électricité, ni des cadeaux fiscaux aux riches...

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