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27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 06:42

DANS "LA TRIBUNE" (25/06), journal économique qui n'est pourtant pas de la gauche radicale, et les économistes cités non plus... :

Et si François Hollande nous conduisait tout droit à la récession...

La rigueur budgétaire pourrait faire replonger l'économie française dans une franche récession en 2013, estiment de plus en plus d'économistes. Patrick Artus et Elie Cohen évaluent à 1,5% la chute du PIB l'an prochain.

Ils sont de plus en plus nombreux à le prévoir : la stratégie de François Hollande, consistant, pour l'heure, à vouloir coûte que coûte ramener le déficit public d'une tendance de 4,8 à 5% du PIB cette année à 3% en 2013, n'est pas exempte de dangers. Les économistes de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) soutiennent cette thèse depuis des mois (...).

Une chute de 1,5% du PIB en 2013, après -3,1% en 2009
Les économistes de l'OFCE et deux de Dexia Asset Management sont aujourd'hui rejoints par le directeur des études économiques de Natixis, Patrick Artus, qui insiste sur le risque de récession, tout comme Elie Cohen, un économiste que nul ne peut soupçonner de verser dans l'opposition systématique au gouvernement actuel. Artus et Cohen évoquent les conséquences sur la conjoncture française d'une réduction trop rapide du déficit, citant le même chiffre : cette politique entraînerait une récession de l'ordre de 1,5% en 2013. Elle interviendrait alors même que l'économie française n'a pas retrouvé son niveau de production de 2007. L'Insee a révisé récemment ses estimations du PIB concernant les années récentes : celui-ci a baissé de 0,1% en 2008, avant de chuter de 3,1% en 2009. (...)

L'initiative de croissance étalée dans le temps
Directeur de recherche au CNRS, et membre du conseil d'analyse économique, Elie Cohen souligne, dans un texte publié par Telos, les limites de l'initiative de croissance européenne, que la France a reprise à son compte, et qui devrait être avalisée lors du conseil européen des 28 et 29 juin.
« Cette initiative dont la réalisation sera étalée dans le temps mobilise à peu près 1% du PIB européen, c'est-à-dire l'équivalent de 0,2% de PIB si les réalisations sont étalées sur cinq ans » écrit cet économiste. « Or, pour la France le respect de la trajectoire de réduction des déficits provoquera une contraction du PIB de 1,5% en 2013 ! (...) ». Un autre expert proche de la gauche, Daniel Cohen, soulignait récemment dans Libération qu'on « est dans une course au désendettement qui ne peut pas fonctionner : les politiques menées ont pour effet de réduire la croissance, ce qui entraîne une baisse des recettes et éloigne toujours plus de l'objectif ».
L'alternative à la politique défendue actuellement par l'exécutif serait de décaler d'un an l'objectif de 3% de déficit. C'est que préconisent la plupart des économistes critiques à l'égard de la stratégie actuelle.

 

ET DANS "MEDIAPART" (26/06) :

Première gêne : le montant de l'enveloppe, jugée trop modeste. Ces 130 milliards d'euros représentent à peine 1 % du PIB de l'Union. « C'est une bonne nouvelle, mais le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas beaucoup, observe Jacques Le Cacheux, économiste à l'OFCE. On racle les fonds de tiroir là où l'on peut, on fait intervenir le plus possible les investissements privés… Mais au final, cela reste totalement insuffisant. »

A titre de comparaison, le plan d'aide aux seules banques espagnoles, qui devrait être débloqué début juillet à Madrid, devrait osciller entre 60 et 100 milliards d'euros. Le méga-prêt signé avec Athènes, en mars, portait sur 130 milliards. Quant au premier plan de relance de Barack Obama, lors de son arrivée au pouvoir en pleine crise américaine, dans le pur style « keynésien », il avoisinait les 1 000 milliards d'euros – soit 7 % de son PIB. (...)

Dans le détail, ces « 130 milliards » sont à prendre avec des pincettes. La majorité de la somme provient en fait d'investissements privés, que les dirigeants européens anticipent, via des montages financiers plus ou moins complexes, et de savants effets de levier. C'est le cas de la recapitalisation, à hauteur de dix milliards d'euros, de la Banque européenne d'investissement (BEI) : cet argent frais, apporté par les capitales, devrait en fin de compte se transformer en 70 milliards de prêts pour financer l'investissement sur le continent. Dans l'entre-deux, la BEI aura simplement levé de l'argent sur les marchés financiers.

Dans le cas des « project bonds », ces emprunts obligataires qui servent à financer des projets « porteurs de croissance », l'Union sert surtout de garantie à des investisseurs privés. Une signature suffisamment crédible pour leur permettre d'obtenir des taux d'intérêt plus favorables, par exemple auprès de la BEI. Le projet, cantonné à un stade expérimental, devrait coûter à peine 230 millions d'euros à l'Union, sur 2012 et 2013, pour constituer un fonds de départ.

On est loin des ordres de grandeur de la crise en cours… Tout se passe comme si les Européens étaient aujourd'hui pris dans un dangereux étau. D'un côté, les Etats sont obligés d'appliquer des politiques d'austérité qui dépriment leur économie. De l'autre, il revient à Bruxelles d'orchestrer une politique de relance, que les Etats n'ont plus les moyens de prendre en charge. Sauf que le budget européen est minuscule (1,2 % du PIB de l'Union), et que l'UE n'est pas autorisée à s'endetter : les marges de manœuvre, pour doper la croissance, sont donc très étroites. Quasiment illusoires. (...)

Dans leur dernier essai, publié en juin, les « économistes atterrés » – ce collectif d'universitaires « atterrés » par les politiques d'austérité en Europe – développent une autre série de critiques, plus violentes, à l'encontre du pacte de croissance de François Hollande. (...)

Leur démonstration est assez simple. A cause du « pacte budgétaire », rebaptisé « pacte pour l'austérité perpétuelle » (qui généralise la « règle d'or » des comptes publics, et que Mediapart a déjà décrypté ici), les Etats sont contraints de « serrer les freins d'autant plus fort que l'activité est déjà ralentie ». (...)

Pour les « atterrés », c'est tout le diagnostic qui sous-tend le « pacte budgétaire » qu'il faut revoir dès à présent : non, la crise des dettes souveraines en cours n'est pas tant l'affaire de gouvernements laxistes qui ont laissé filer leurs comptes publics, et qu'il faudrait davantage sanctionner, comme le suggère l'exemple grec, mais bien plutôt la conséquence des errements du secteur financier européen, comme le prouve la crise bancaire en Espagne.

En écho, d'autres économistes font valoir que le « pacte de la croissance », en l'état, ne résoudra rien, puisqu'il ne s'attaque pas aux priorités du moment. (...) « Où en est-on de l'union bancaire ? De la mutualisation des dettes en Europe ? De la renégociation de la dette grecque ? Ce sont des questions autrement plus difficiles à résoudre que de faire un plan de relance à 130 milliards, mais c'est aussi plus important pour l'avenir de la zone euro », assure Pierre-Noël Giraud. Les propositions de François Hollande sont en effet des mesures temporaires, qui ne modifient rien aux grands équilibres de la zone euro.

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