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7 décembre 2021 2 07 /12 /décembre /2021 07:18

Dictature du Pass : il n’y aura pas de marche arrière.

Sérieusement, vous y avez cru ? Vous pensiez vraiment qu’une fois instauré le Pass Sanitaire disparaîtrait un jour ? Quelle naïveté ! Ca vaut le coup de traiter les gens de débiles ou de complotistes quand vous refusez de voir ce qui est devant vos yeux…

 

Et vous les avez laissé nous voler la démocratie sans rien faire, malgré leurs promesses sans cesse rompues et la publicité de leurs intentions !

Non mais vous pensiez quoi ? Qu’en vous soumettant vous seriez « du bon côté » ? Vous avez même fini par croire à la propagande selon laquelle l’ennemi ne serait plus le virus mais le « non-vacciné » ! En réalité vous n’avez fait que leur permettre, à travers les « 2 minutes de la Haine » (voir) auxquelles vous participez quotidiennement devant CNEWS ou BFM, d’instaurer un régime de contrôle social et de surveillance permanents, au nom de ce qu’ils vous ont dit être la condition de votre nouvelle liberté, désormais fondée sur l’accomplissement préalable de vos « devoirs ».

Ce renversement de paradigme est le point par lequel vous vous êtes fait piéger : vous pensiez que le Pass Sanitaire était un outil destiné à lutter contre le virus alors qu’en réalité c’est le virus qui est un prétexte pour instaurer le Pass sanitaire.

Ce Pass, comme on le dit depuis le départ , n’est absolument pas et ne peut absolument pas être sanitaire. Il n’est que politique. 

La meilleure preuve en est, en plus des autres arguments donnés ici ou là sur l’inutilité, voire la nocivité d’une telle mesure, que les contaminations sont reparties en hausse malgré ce Pass. Car malheureusement le vaccin n’empêche pas la contamination.

Et puisque c’est le masque qui en protège le mieux, alors ce n’est pas un Pass Sanitaire qu’il faut exiger à l’entrée des bars et des restaurants mais bien le masque. Par ailleurs le vaccin reste heureusement une défense personnelle solide (même si les derniers éléments laissent à penser que la durée de protection est plutôt faible) qui doit rester destinée au plus fragiles afin de les protéger des formes graves de la maladie.

Le Pass Sanitaire doit être supprimé car il est l’instrument de notre asservissement. Malgré les mensonges du ministre de la santé il n’existe, et ne peut exister aucune étude prouvant son efficacité dans la lutte contre le covid (sans doute même le contraire)… et c’est bien pour ça qu’il va rester.

Car si les naïfs se demandent pourquoi on ne le supprime pas puisqu’il n’est pas efficace, ceux qui connaissent le fonctionnement de ce gouvernement comprendront très vite que des gens qui se considèrent comme infaillibles préfèreront toujours modifier la réalité plutôt que de s’y confronter. 

le truc c’est que le gouvernement ne peut plus revenir en arrière. Admettre que le Pass Sanitaire est inefficace reviendrait à avouer qu’ils ont supprimé les libertés pour rien. Cela montrerait à la fois les mensonges de nos gouvernants, la lâcheté des conseils scientifiques, la complaisance coupable des médias, la couardise des oppositions politiques, l’inutilité du Parlement, la traitrise du Conseil Constitutionnel, en bref l’obsolescence de la 5ème République.

Tandis que ceux qui se sont soumis préfèreront par orgueil persister dans l’erreur plutôt que d’avouer qu’ils se sont fait berner. Comme ceux qui ont tellement voulu nier les effets secondaires qu’ils préfèrent en souffrir en silence plutôt que de se dédire ; ce qui leur offre une occasion supplémentaire de haïr les autres, comme ceux qui sont prêts à prendre 2 doses tous les ans si ça peut leur permettre de garder ce qu’ils croient être des privilèges.

Car à la fin c’est bien de cela qu’il s’agit : le Pass Sanitaire crée de fait une société avec des privilégiés qui ont des droits supérieurs à ceux qui ne se sont pas soumis aux devoirs qu’on exigeait d’eux (ces devoirs consistant à se soumettre aux volontés du Chef). Pour le moment les privilégiés sont plus nombreux que les non privilégiés, mais il ne fait aucun doute que petit à petit les proportions s’inverseront, à mesure que les devoirs exigés pour conserver ces privilèges exigeront des sacrifices plus grands.

Il fallait bien qu’on y arrive : cela fait des plombes qu’on entend vanter le « modèle chinois » tout en craignant (de moins en moins) son contrôle social. Notre « démocratie » serait un frein à l’unité de la Nation et un danger pour l’intégrité de notre Patrie. Avec la pandémie comme prétexte s’est posée la question du rapport de l’individu vis à vis de la communauté à laquelle il appartient : l’individu n’est-il qu’un « morceau » du corps social comme en Chine dont le corps compte plus que chaque morceau ou est-il comme chez nous un morceau indispensable dont le corps social ne peut se passer ?

Car si la beauté de l’Union Nationale Chinoise est évidente d’un point de vue global, il ne faut pas oublier sa contrepartie dont on entend beaucoup moins vanter les bienfaits : le sacrifice et la soumission de l’individu à cette union. De gré ou de force.

En vous soumettant dès aujourd’hui vous pensez sans doute faire partie du haut de la pyramide, mais en réalité les places sont déjà prises. Vous ne faites que valider les règles d’un nouveau jeu dont vous êtes les premiers perdants. Les conditions qui vous seront faites seront toujours plus dures et plus nombreuses, avec un Etat infaillible qui une fois la 3ème dose injectée vous réclamera de remettre un masque, puis de ne pas parler à ceux des méprisés que vous finirez tôt ou tard par rejoindre.


Après le Pass Sanitaire il y aura le Pass Climat, puis le Pass Citoyen, car le contrôle social et la surveillance généralisée constituent à la fois le rêve de tous les dictateurs en herbe et l’aboutissement inévitable d’un mode de production qui détruit la planète. Plutôt que de remettre en cause leur niveau de vie ou leurs privilèges à cause du climat dont ils auront été les principaux destructeurs, le petit pourcentage des types qui dirigent ce monde préférera sans aucun doute possible la dictature à la démocratie : beaucoup plus simple à mettre en place et beaucoup moins côuteux.

Et puis lorsqu’ils seront sur Elyseum, pensez-bien qu’ils ne se soucieront que très peu du sort qui vous sera fait. Avec ou sans Pass.

Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr

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22 février 2021 1 22 /02 /février /2021 03:47
     
 

Une mission d’information parlementaire pilotée par Les Républicains et La République en marche demande de « renforcer l’arsenal pénal » contre « les militants antiglyphosate, véganes ou antichasse ». Les propositions pourraient être inscrites dans la loi, une perspective qui inquiète fortement les militants écologistes ou antispécistes.

Le tempo est plutôt mal choisi, la concordance des temps frappante. Alors que l’Assemblée nationale examine en ce moment la proposition de loi sur le bien-être animal, les députés ont voté en commission un rapport issu d’une mission d’information parlementaire sur « l’entrave aux activités légales ».

 

En creux, certains députés veulent « renforcer l’arsenal pénal » contre « les militants antiglyphosate, véganes ou antichasse ». Ils proposent la création de nouveaux délits pour lutter plus efficacement contre la diffusion d’images sur les réseaux sociaux et pour limiter l’intrusion dans les abattoirs ou les fermes usines.

Reporterre publie ce document qui a reçu l’aval de la majorité La République en marche (LREM). Un an après la création de la cellule Déméter, une nouvelle étape est franchie dans la répression et la criminalisation du mouvement écologiste.

  • Lire le rapport de la mission d’information « sur les moyens de juguler les entraves et obstructions opposées à l’exercice de certaines activités légales », composée de M. Xavier Breton, président, et de Mme Martine Leguille-Balloy et M. Alain Perea, rapporteurs :

 

Le rapport a été adopté mardi 26 janvier en fin d’après-midi par les commissions du Développement durable, des Affaires économiques et des Lois. Présidée par le député Les Républicains Xavier Breton, la mission parlementaire compte également deux rapporteurs, Martine Leguille-Balloy et Alain Perea, tous deux affiliés à La République en marche.

Ce travail est le fruit d’une promesse faite en juin 2019 par Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, alors députée, aux sénateurs. Dans le cadre du projet de loi créant l’Office français de la biodiversité (OFB), le Sénat avait souhaité créer un délit d’entrave aux activités de la chasse.

L’idée n’avait finalement pas été retenue mais les présidentes des commissions des Lois et du Développement durable, Mmes Yaël Braun-Pivet et Barbara Pompili, s’étaient engagées à lancer une mission d’information sur le sujet.

Un an et demi plus tard, nous y voilà. Et contrairement à l’adage, le temps n’a pas assagi les parlementaires. Dès les premières pages, les auteurs du texte s’en prennent violemment aux écologistes et à leurs actions qui « stigmatisent des activités légales » comme « les OGM, la corrida, l’utilisation de glyphosate et autres produits phytosanitaires, les activités cynégétiques ou la consommation de protéines d’origine animale ».

Les auteurs précisent que « les avancées démocratiques ne peuvent pas se faire en imposant des idéologies par la voie d’exactions, d’attaques, de menaces ou encore de pressions sur des activités légales ».

Un rapport qui cible nommément plusieurs associations comme L214

D’après eux, ces dernières années, le nombre d’entraves à la chasse et à l’élevage industriel a explosé. Or « la réponse pénale apportée est trop faible », jugent-ils, regrettant que peu de plaintes soient déposées puis instruites. Le droit existant n’est pas adapté, estiment-ils.

L’état des lieux qu’ils dressent est volontairement dramatique, nourri par les plaintes des professionnels et des chasseurs, nombreux à avoir été auditionnés, contre seulement une association anti-chasse, AVA (Abolissons la vénerie aujourd’hui). « Greenpeace, France Nature Environnement et le WWF ont refusé les sollicitations de la représentation nationale », rappellent les députés en introduction, sans évoquer pour autant les raisons de leur boycott.

Les rapporteurs déplorent « une radicalisation des actions » menées par des « militants de plus en plus urbains », « engagés dans une multitude de causes, notamment féministe, antinucléaire ou antipolice ». « On y retrouve également des black blocs », alertent-ils, très sérieusement.

Le rapport recense pêle-mêle les tentatives d’intrusions au sein d’exploitations agricoles et des faits divers, comme l’altercation entre « un jeune chasseur et trois militants radicaux qui l’auraient mordu à la main ». Il cite autant la multiplication des sit-in devant les abattoirs que « les échanges verbaux vifs » entre agriculteurs et écologistes, les tags sur les cabanes de chasseurs ou les bris de vitrines dont seraient victimes des boucheries.

La question des réseaux sociaux est au cœur du rapport. Pour les auteurs, « les réseaux sociaux constituent en soi un moyen d’entrave » : ils « inspirent » et « amplifient les conséquences des actions ».

Le document cible nommément plusieurs associations : L214, Direct Action Everywhere, 269 Libération animale, Abolissons la vénerie aujourd’hui. « Bien organisées, avec une puissance d’influence importante, préméditant leurs actions et ayant une bonne connaissance de leurs droits, ces associations ont une capacité à exploiter les failles de la législation », notent-ils.

Le rapporteur de la mission voulait interdire le VTT en période de chasse

Les députés font plusieurs recommandations : ils veulent d’abord créer un délit d’entrave à la chasse, passible de 6 mois d’emprisonnement et de 5.000 euros d’amende. Ils proposent aussi d’introduire dans le Code pénal un délit punissant d’un an d’emprisonnement et de 7.500 euros d’amende l’intrusion sur un site industriel, artisanal, agricole ou de loisirs, qui aurait pour but de « troubler la tranquillité ou le déroulement normal de l’activité ».

Les rapporteurs souhaitent élargir le champ législatif des discriminations pour ajouter l’activité professionnelle ou de loisirs. Ils recommandent aussi de punir d’un an d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende toute diffamation publique commise à l’encontre d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de leur activité professionnelle ou de loisir, et donc l’agriculture ou la chasse.

Plusieurs mesures apparaissent comme une réponse directe aux demandes du principal syndicat agricole, la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles). Il y a à peine plus d’un an, la présidente du syndicat, Christiane Lambert, avait demandé à la ministre de la Justice de l’époque, Nicole Belloubet, la création d’un délit spécifique aux intrusions dans les élevages, comme Reporterre l’avait signalé.

La même avait aussi demandé, dès 2018, une commission d’enquête parlementaire sur les militants antispécistes. Vœu quasi exaucé avec cette mission d’information.

Elle a pu compter sur les trois parlementaires qui portent ce rapport. Le président est le député de l’Ain Les Républicains Xavier Breton. C’est dans son département qu’a eu lieu l’incendie d’un abattoir pour lequel des antispécistes ont été incriminés. Le rapport omet de préciser que ces derniers nient les faits.

En ce qui concerne les rapporteurs, Alain Perea, député LREM de l’Aude, est coprésident du groupe Chasse, pêche et territoires à l’Assemblée nationale. Quand un vététiste avait été tué par un chasseur, il avait proposé d’interdire… le VTT pendant la période de chasse. La rapporteuse, Martine Leguille-Balloy, a été avocate dans l’agroalimentaire et avait déjà proposé une commission d’enquête sur l’agribashing.

Plus généralement, le rapport reprend exactement les mêmes arguments que ceux qui ont présidé à la création de la cellule de renseignement de la gendarmerie Déméter, en décembre 2019. La cible est la même, à savoir les contestataires du modèle agricole dominant, élargie aux anti-chasse.

Les acteurs identiques : Déméter a été mise en place via un partenariat inédit entre seulement deux des syndicats agricoles — la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs — et la gendarmerie. Pour le justifier, la gendarmerie avançait que plus de 14.000 « atteintes au monde agricole » avaient été recensées en 2019. Mais la majorité était des vols et cambriolages. L214 avait pu calculer que seul 0,28 % était des actes antispécistes.

« On est dans la même logique que la loi Sécurité globale »

Pour ces députés, le phénomène est au contraire massif. « Nous sommes, avec Alain Perea, tous les deux du milieu rural et nous avons été surpris par ce que nous avons découvert », insiste Mme Leguille-Balloy, jointe par Reporterre. « Toute idéologie mérite d’être défendue, mais pas dans la violence.

Nous devons concilier l’expression de ces idées et l’arrêt de la violence. » « Perturber la chasse est devenue la marotte de certains. Ils sont inconscients, il va y avoir des morts », avertit M. Perea.

Pas de quoi rassurer la sphère associative. « Il y a un risque de glissement. La contestation du système agricole dominant pourrait finir par être considérée comme du dénigrement », craint François Veillerette, de l’association Générations futures.

 « Je prends cela très au sérieux, car ils veulent criminaliser une critique sociale, politique, écologique, indique Fabrice Nicolino, président de l’association Nous voulons des coquelicots. Ce qui les embête, c’est que la société se révolte contre l’agriculture industrielle. Ils sentent le sol se dérober sous leurs pieds. »

 

 

« Il y a un refus d’entendre la société civile, poursuit la députée Génération Écologie Delphine Batho. Le fait de considérer comme délictuelles des activités qui concourent de façon normale et non violente à la vie démocratique est extrêmement choquant. On est dans la même logique que la loi Sécurité globale appliquée au domaine agricole. »

Autant de réticences balayées par les rapporteurs, qui appellent à des mesures urgentes. Pour aller vite, ils étudient deux solutions. Soit reprendre une proposition de loi sur le même sujet, déjà adoptée par le Sénat, et la renforcer avec les propositions du rapport. Soit introduire les dispositions via des amendements dans une autre loi passant bientôt en discussion. « On est en fin de législature, le risque est que ça ne débouche pas, peut-être vaudrait-il mieux appliquer de ce qui existe déjà dans le droit », nuance le député breton Paul Molac, membre de la mission. Le message a été, en tout cas, passé aux chasseurs et à la FNSEA : à un peu plus d’un an de la présidentielle, LREM reste à leur écoute.

 

C’est maintenant que tout se joue…

Les scientifiques alertent sur le désastre environnemental qui s’accélère et s’aggrave, la population est de plus en plus préoccupée, et pourtant, le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique. Ce bouleversement étant le problème fondamental de ce siècle, nous estimons qu’il doit occuper une place centrale dans le traitement de l’actualité.
Contrairement à de nombreux autres médias, nous avons fait des choix drastiques :

  • celui de l’indépendance éditoriale, ne laissant aucune prise aux influences de pouvoirs. Le journal n’appartient pas à un milliardaire ou à une entreprise Reporterre est géré par une association d’intérêt général, à but non lucratif. Nous pensons qu’un média ne doit pas être un levier d’influence de l’opinion au profit d’intérêts particuliers.
  • celui de l’ouverture : tous nos articles sont en libre accès, sans aucune restriction. Nous considérons que s’informer est un droit essentiel à la compréhension du monde et de ses enjeux. Ce droit ne doit pas être conditionné par les ressources financières de chacun.
  • celui de la cohérence : Reporterre traite des bouleversements environnementaux, causés entre autres par la surconsommation, elle-même encouragée par la publicité. Le journal n’affiche donc strictement aucune publicité. Cela garantit l’absence de lien financier avec des entreprises, et renforce d’autant plus l’indépendance de la rédaction.

En résumé, Reporterre est un exemple rare dans le paysage médiatique : totalement indépendant, à but non lucratif, en accès libre, et sans publicité.
Le journal emploie une équipe de journalistes professionnels, qui produisent chaque jour des articles, enquêtes et reportages sur les enjeux environnementaux et sociaux. Nous faisons cela car nous pensons que la publication d’informations fiables, transparentes et accessibles à tous sur ces questions est une partie de la solution.

Vous comprenez donc pourquoi nous sollicitons votre soutien. Des dizaines de milliers de personnes viennent chaque jour s’informer sur Reporterre, et de plus en plus de lecteurs comme vous soutiennent le journal. Les dons de nos lecteurs représentent plus de 98% de nos ressources. Si toutes les personnes qui lisent et apprécient nos articles contribuent financièrement, le journal sera renforcé. Même pour 1 €, vous pouvez soutenir Reporterre — et cela ne prend qu’une minute. Merci.

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6 février 2021 6 06 /02 /février /2021 05:25

On retrouve, dans la section lyonnaise de Génération Identitaire, Anthony Renaud, un responsable de Ouest Casual, une organisation néonazie ultra-violente.

Sur le canal telegram de Génération Identitaire Lyon, on peut voir Anthony Renaud en photo lors d’un entraînement au combat, dans leur salle de boxe « l’Agogé », située dans le Vieux Lyon.

Ces entraînements au combat sont donnés en toute conscience à des personnes racistes, fascistes et néonazies. Pour le cas d’Anthony Renaud, ces cours serviront le plus probablement à attaquer des personnes non-blanches, des minorités de genre, et des personnes qu’il situe comme étant de gauche.

Génération Identitaire prône des idées racistes et nationalistes, il n’est donc pas étonnant de voir au sein de cette organisation des néonazis.

Anthony Renaud et Ouest Casual.

Anthony Renaud est un militant actif et connu dans les milieux fascistes et néonazis, surtout en région lyonnaise.
Il entretient des liens avec des organisations comme Génération Identitaire, Terra Nostra [1], Zouaves Paris, Action Française.

Anthony Renaud était aussi membre du Bastion Social, sur cette photo, on le voit participer à un tractage.

En 2019, ce groupe a été dissous, mais des organisations similaires ont été recréées à des échelles locales.
À Lyon, 2 groupuscules ont été recréés suite à cette dissolution, Audace Lyon et le groupuscule Lyon Populaire, ce dernier a été cofondé par Anthony Renaud.

Les photos de ses tatouages permettent de l’identifier sur de nombreuses photos que publie Lyon Populaire.
Ses tenues vestimentaires et sa corpulence permettent aussi de l’identifier facilement sur les différentes photos.

Sur les réseaux sociaux de Ouest Casual, il n’hésitera pas à faire de la pub pour son nouveau groupuscule, en posant, drapeau en main, ou encore en postant une photo d’un collage.

Anthony Renaud entretient aussi des liens militants avec des organisations étrangères comme Kalvingrad Patriote (mouvement néonazi auto-dissous face à la pression antifasciste).

Il côtoie également le parti politique italien CasaPound. Lors d’un voyage à leur rencontre, il se prendra en photo pour alimenter ses comptes personnels et ceux de Ouest Casual.

Il se revendique clairement comme étant nazi, ses amis diffusent même des photos de lui en train de faire des Saluts nazis.

Anthony Renaud a été aperçu dans plusieurs agressions fascistes, il a d’ailleurs été identifié dans des vidéos du cortège qui a attaqué par surprise des Gilets Jaunes antiracistes, le 9 février 2019, à Lyon.

Son idéologie mortifère et abjecte, son implication dans les sphères militantes fascistes lyonnaises dont Génération Identitaire, ses activités sur les réseaux sociaux, ainsi que les relations amicales et militantes qu’il entretient ne laissent guère de doute sur sa participation à l’organisation néonazie Ouest Casual.

Les autres membres du groupuscule Lyon Populaire ont aussi des liens avec Génération Identitaire et Ouest Casual.
C’est le cas du militant, Eliot Bertin, il se trouve tout à gauche lors de l’entraînement au combat de Génération Identitaire.

Eliot Bertin a compromis son anonymat sur Ouest Casual en publiant des PDF de fichage de l’extrême gauche lyonnaise, le tout avec des métadonnées auteur.

On le voit ci-dessous en train de sticker pour Lyon Populaire et militer au sein de Génération Identitaire.

Eliot Bertin est très impliqué dans les milieux fascistes et néonazis lyonnais, il est a un rôle central dans la propagande des différents groupuscules d’extrême droite, puisque c’est lui qui crée la majorité des identités graphique.

Il est fortement soupçonné d’avoir créé les identités visuelles des provocations au terrorisme que publie Ouest Casual.

Les militants de Lyon Populaire entretiennent aussi des liens très proches avec des leaders de Génération Identitaire. On peut les voir ensemble dans le Service d’Ordre de la Manif Pour tous, en octobre dernier à Lyon.

Quelle est cette organisation « Ouest Casual » ?

Ouest Casual est une organisation informelle qui revendique des idées nazies, fascistes et de suprématie blanche. Pour eux le terrorisme et l’ultra-violence sont des manières d’imposer leurs idées dans la société.

Le groupuscule Ouest Casual revendique des agressions fascistes et racistes, notamment des ratonnades qui ont lieu régulièrement à Lyon.
Leurs ratonnades ont le plus souvent lieu la nuit, après une soirée dans un bar ou en se donnant rdv au préalable, puis des militants fascistes vont arpenter les rues pour semer la terreur et agresser des personnes non-blanches, des minorités de genre, et des personnes qu’il situe comme étant de gauche.

Il revendique ensuite leurs agressions fascistes et racistes, en postant une photo d’eux en train de faire une pose.
Voici le genre de phrases que l’on peut lire sur Ouest Casual, lors de revendications de ratonnades ;

Quand ces agressions sont revendiquées sur les réseaux sociaux, il est fréquent qu’elles soient filmées pour afficher la tête des personnes agressées, pour qu’ils/elles subissent du harcèlement.

Un grand nombre des messages haineux postés en commentaire, sont des menaces de mort en référence à Clément Méric.

Les personnes qui gèrent Ouest Casual, sont des militants lyonnais dont Anthony Renaud, mais aussi des militants du groupe parisien Zouaves Paris, groupuscule qui s’inscrit dans la lignée du GUD.
On retrouve donc principalement sur Ouest Casual des revendications d’agressions fascistes, sur Lyon et Paris.

Photo de revendication lors de l’attaque surprise d’un bar, par une quinzaine de fascistes des Zouaves Paris, armés de manche de pioche.

Lors de cet assaut, le cadre de Génération Identitaire, Édouard Michaud, est mis en cause.

Heureusement, lors de cette attaque armée, la riposte antifasciste a été rapide, et les Zouaves Paris ont dû rapidement prendre la fuite, en laissant sur place, leur camarade Bastien Dos Santos.

Screenshot d’une vidéo de revendication d’une agression fasciste dans le métro, en raison du port d’un t-shirt qui réclame justice pour Adama.

Ouest Casual est très populaire auprès des fascistes, en passant par Génération Identitaire, Action Française, Rassemblement National ou même chez des fascistes ne faisant pas partie d’organisation.
Toutes ces personnes peuvent partager leurs « exploits » en envoyant par message les photos/vidéos et textes à Ouest Casual qui revendiquera ensuite les actions.
On retrouve donc sur Ouest Casual des revendications d’agressions fascistes dans toute la France.

Les agressions peuvent aussi se faire à main armée, surtout pour le racket, une méthode d’action qu’ils pratiquent régulièrement.

Le groupuscule incite régulièrement à l’utilisation d’armes.

En 2014, cinq jeunes s’étaient fait agresser dans le Vieux Lyon par des membres de la mouvance identitaire.. Deux d’entre eux, mineurs, avaient pris un coup de couteau.

Le groupuscule revendique aussi des incendies et des saccages de locaux syndicaux ou antifa.

Ouest Casual diffuse principalement ses contenus sur Telegram pour limiter les risques de censure.
Le groupuscule possède tout de même des réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, ainsi qu’une chaîne Youtube, mais ceux-ci sont fréquemment censurés en raison des signalements.

Ouest Casual ne se limite pas aux agressions et ratonnades : la propagande terroriste et nazie est au cœur de leur combat.

Comme le montrent les photos ci-dessous, Ouest Casual fait la promotion du néonazisme, ainsi que du terrorisme.

Ouest Casual revendique également l’incendie de deux mosquées situées en région lyonnaise, mettant en danger les habitant.es situé.es juste au-dessus.

Le terrorisme est ancré dans les mouvances d’extrême droite et dans les luttes fascistes.
En voici quelques exemples, en lien avec les mouvances d’extrême droite françaises.

  • Claude Sinké, candidat sur les listes du Front National en 2015, commet un attentat contre la mosquée de Bayonne en 2019.
  • Claude Hermant fournit les armes aux terroristes auteurs de l’attentat de l’Hyper Cacher en 2015.
    Il est ancien dirigeant du Service d’ordre du FN et proche du groupe Génération Identitaire.
    Lire l’enquête de Street Press.
  • En 2002 Maxime Brunerie commet une tentative d’attentat sur Jacques Chirac.
    Plusieurs années après, les entretiens qu’il accorde aux médias, laissent penser que son lien avec des mouvances d’extrême droite ultra-violentes, relève du passé.
    Mais en mars 2020, on peut le voir au forum des nations (organisé par les fascistes de Jeune Nation), au côté de Lydia Da Fonseca et de la dentiste néonazie.

On peut aussi le voir récemment en photo avec un drapeau fasciste, devant une statue de Jeanne D’arc à Saint-Étienne.
Sur cette photo, il sera accompagné de Lydia Da Fonseca, impliquée dans l’affaire Clément Méric et colistière sur la liste municipale de la candidate RN Sophie Robert, en 2020.
Sophie Robert, dont la fille Mathilde Robert (candidate RN) s’était rendue à l’ouverture du local de Génération Identitaire « La Traboule ».

  • En 2017, le groupuscule Génération Identitaire, a reçu des dons d’un montant total de 1000 euros, de la part du terroriste Brenton Tarrant, un suprémaciste blanc, auteur de la tuerie de Christchurch.
  • En décembre 2020 Rémi.F a été condamné pour apologie du terrorisme, suite à la diffusion d’une enquête, où il déclarait dans le bar Lillois, de Génération Identitaire « la Citadelle » :
  • En octobre 2020, un militant d’extrême droite se réclamant de Génération Identitaire et possédant une doudoune à leur effigie, faisait une tentative d’attentat avant de se faire abattre par la police.

    Bien qu’il n’ait pas été prouvé qu’il faisait partie de Génération Identitaire, ses intentions était motivées par des idées identitaires. Il n’est donc pas étonnant qu’il se reconnaisse dans le combat qu’incarne Génération Identitaire.

Selon une note publiée en avril 2020 par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (CTED) des Nations Unies, les recherches montrent qu’il y a eu une augmentation de 320 % des attaques menées par des individus affiliés à des mouvements et idéologies d’extrême droite au cours des cinq dernières années.

Pour conclure...

- Au vu des connivences de Génération Identitaire avec des groupuscules ultra-violents de l’extrême droite, en passant par des néonazis assumés, des fascistes revendiqués et des individus terroristes,
- alors que les révélations et les scandales autour de Génération Identitaire, de ses activités et de ses membres s’accumulent,
- à l’heure où les médias donnent une vitrine aux idées d’extrême droite et à Génération Identitaire,
il est plus que nécessaire et urgent de mettre un coup d’arrêt à ce groupuscule et combattre ses idées par tous les moyens.

Merci d’avoir lu cette enquête, on compte sur vous pour la partager au maximum.

P.-S.

Suivez-nous sur Telegram : https://t.me/legueuloir

NOTES

[1Terra Nostra, un groupuscule fasciste des Monts du Lyonnais, initié en partie par Guillaume Nantas, un ambassadeur du fabricant d’armes Verney-Carron.

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21 janvier 2021 4 21 /01 /janvier /2021 01:30

Le 6 janvier 2021 nous avons été témoins de scènes à Washington qui sont habituellement réservées à des républiques bananières. Ce n’était pas une ultime tentative pour sauver la présidence de Trump, comme certains le pensent, mais c’est le début d’une escalade de la violence et d’une période turbulente de l’histoire des États-Unis. L’analyste politique Marc Vandepitte résume les faits et scrute l’avenir.

Une action “sauvage” planifiée

Ces événements choquants ne sont pas tombés du ciel. Quelques semaines auparavant, Trump, via une série de tweets, avait appelé ses partisans à venir manifester le 6 janvier. Un de ces tweets laissait peu de doute : « Soyez là, ce sera sauvage !” (“Be there, will be wild !”).

Fin décembre, il était déjà clair que les partisans radicaux prévoyaient une action de protestation importante et violente pour empêcher la validation de la victoire électorale de Joe Biden. Le groupe néo-fasciste armé Proud Boys avait réservé des hôtels à Washington des semaines à l’avance. Dans les forums cryptés, il était question de trafic d’armes et de l’installation d’un « camp armé ». De nombreux émeutiers semblent avoir des liens ou être membres de milices d’extrême droite. Parmi les personnes arrêtées se trouvait un lieutenant de l’armée de l’air à la retraite.

Une heure et demie avant l’invasion du Capitole, Trump ameutait ses partisans sur Twitter : « Vous ne reprendrez jamais notre pays par la faiblesse. Vous devez faire preuve de force ». Lors d’un rassemblement de protestation ce jour-là à Washington, son avocat personnel Rudy Giuliani appelait la foule à régler le litige électoral via un « jugement par combat » (“trial by combat”).

Rétrospectivement, il est toujours surprenant que les émeutiers n’aient pas été plus nombreux. Ce soulèvement est le point culminant de quatre années d’escalade de la violence d’extrême droite, depuis les manifestants porteurs de torches à Charlottesville qui scandaient des invectives contre les noirs et les juifs, jusqu’aux milices lourdement armées manifestant contre le confinement, en passant par des projets pour enlever voire tuer la gouverneure du Michigan.

On estime que des centaines de groupes paramilitaires sont actifs aux États-Unis à l’heure actuelle. Certains sont lourdement armés. Ils totalisent environ 50 000 membres. Les experts constatent une évolution inquiétante : d’abord se faire voir avec des armes – puis vouloir les utiliser.

L’été dernier, il y a eu près de 500 incidents d’intimidation ou de violence provoqués par des civils armés. Les suprémacistes blancs et autres extrémistes de droite sont responsables des deux tiers de toutes les attaques et conspirations terroristes nationales en 2020. La moitié de cette violence était dirigée contre les manifestants. Elle rappelle les escadrons fascistes des années 1930.

Une étrange intervention policière

Le fait que les émeutiers aient pu pénétrer dans ces bâtiments lourdement gardés est pour le moins curieux. Tout d’abord, ce bâtiment aurait dû être beaucoup plus surveillé. Les manifestations du passé montrent que prendre le Capitole est pratiquement impossible. L’action policière mitigée contraste fortement avec les précédentes manifestations près du Capitole. Edward Luce du Financial Times n’en fait pas mystère : « Si des manifestants afro-américains avaient tenté de prendre d’assaut le Capitole ou la Maison Blanche, il ne fait guère de doute qu’ils se seraient fait tirer dessus ».

Les partisans de Trump n’ont rencontré que peu de résistance de la part des gardes de la sécurité. Ils pouvaient manifestement compter sur leur sympathie. Certains agents ont été repérés en train de laisser tout simplement des émeutiers franchir les barrières du Capitole. D’autres ont même posé carrément pour un selfie avec des partisans de Trump. On sait qu’au moins un quart des milices d’extrême droite aux États-Unis sont composées de militaires et de policiers, actifs ou anciens.

Pourtant les services de sécurité étaient parfaitement au courant à l’avance d’émeutes potentiellement violentes. Ainsi les parlementaires présents ont été bien informés de la menace et il leur a été conseillé d’apporter un sac d’effets personnels pour passer la nuit si nécessaire.

Au total, à peine 26 personnes ont été arrêtées dans les bâtiments et par la suite, 43 autres personnes arrêtées à l’extérieur. Lors d’une manifestation pacifique en 2018 au même endroit, 600 personnes avaient été arrêtées. Il s’agissait de manifestants de gauche.

Le soutien républicain

Avec ses incitations et son soutien aux insurgés, Trump n’était pas isolé. Même après la prise d’assaut du Congrès, environ 70 % des républicains à la Chambre des représentants et un quart au Sénat refusaient de valider une partie au moins des résultats des élections.

Lauren Boebert, une déléguée républicaine, a crié pendant la session : « J’ai maintenant des électeurs à l’extérieur de ce bâtiment – j’ai promis d’être leur voix ». Ces derniers jours, on la voyait dans une vidéo se promener à Washington posant armée d’un Glock.

Ivanka Trump, la fille de Donald, a décrit les fauteurs de troubles comme des « patriotes ». Beaucoup de dirigeants républicains ont condamné l’attaque mais sans en accuser Trump. Près de la moitié des partisans républicains sont derrière l’invasion du Capitole.

Le terreau nourricier

En dépit de sa vulgarité, de son incompétence totale et de sa politique désastreuse contre le coronavirus, Trump peut compter sur un très large support. Lors de la dernière élection présidentielle, il a obtenu le soutien de 74 millions d’électeurs, soit le second score dans l’histoire des États-Unis. Et ce pour plusieurs raisons.

Depuis les années 1970, les États-Unis ont connu un déclin économique relatif sur la scène mondiale. À partir des années 1990, cela s’est accompagné d’une désindustrialisation de régions entières du pays. Conjointement à une politique d’austérité antisociale, cela s’est traduit par une détérioration sociale de grande ampleur.

Aujourd’hui, 58 % des citoyens vivotent de salaire en salaire. Souvent, il faut avoir deux ou trois emplois pour ne pas se retrouver dans la pauvreté. Au cours des quarante dernières années, le salaire médian des travailleurs blancs non qualifiés a chuté de plus de 20 %, une baisse particulièrement marquée après la crise financière de 2008. Simultanément, le taux de mortalité de la population adulte blanche a augmenté. Le fossé entre les riches et les pauvres ne cesse de se creuser. Nulle part dans le monde occidental, cet écart n’est aussi important qu’aux États-Unis. Les 0,1 % de riches ont autant de richesses que les 90 % du bas de l’échelle.

Avec le déclin social, le tissu social s’est affaibli. Les organisations de la société civile, les institutions religieuses et les syndicats ont vu le nombre de leurs membres diminuer considérablement. En 1970, 27 % des employés étaient encore syndiqués, aujourd’hui, ils ne sont plus que 10 %. Politiquement, ils ne pouvaient plus non plus se tourner vers le parti démocrate. Tout comme en Europe les partis sociaux-démocrates du centre, sous Clinton et Obama le Parti démocrate a été promoteur de la politique néo-libérale. Les démocrates n’ont guère tenu compte des nombreux griefs d’une grande partie de l’électorat (blanc).

La base sociale sur laquelle s’appuie Trump regroupe en premier lieu des populations peu instruites, principalement au sein de la population blanche. Mais son idéologie d’extrême droite et ultra-nationaliste attire également des segments des classes moyennes et supérieures.

Exploiter l’angoisse et le mécontentement

Un dangereux vide social et politique a été créé. Beaucoup de gens se sentent ignorés et exclus par ceux qui détiennent le pouvoir politique et économique. Ils perçoivent également le monde comme un endroit menaçant et hostile.

Trump exploite habilement la méfiance vis-à-vis de l’establishment en se faisant passer pour un outsider. Issu lui-même des sphères fortunées de la société, il se présente comme anti-establishment et il se déchaîne contre la caste politique, les médias, les scientifiques et les intellectuels. Son langage dur et vulgaire est parfaitement accordé à ses visées.

Tout comme d’autres dirigeants d’extrême droite dans d’autres pays, Trump est particulièrement doué pour exploiter la peur et la colère de larges pans de la population. Ce faisant, il use d’un discours venimeux qui combine chauvinisme national et hostilité à l’encontre des migrants et des minorités. Il condamne les intellectuels et les experts en tant que traîtres au peuple.

Cela touche une corde sensible chez les personnes qui se sentent exclues. Il donne également aux gens le sentiment qu’il écoute leurs doléances et qu’il les défend, contrairement à d’autres dirigeants politiques.

En périodes d’incertitude, les gens cherchent des réponses simples et un leader fort. L’idéologie autoritaire et d’extrême droite de Trump trouve une résonance auprès d’un électorat radicalisé. En 2017, environ un quart de la population pensait qu’une prise de contrôle militaire était justifiée en cas de corruption ou de criminalité généralisée. L’important soutien électoral sur lequel Trump peut compter encourage les groupes paramilitaires d’extrême droite et les rend plus téméraires.

L’appui de l’establishment

Au début de son mandat, M. Trump a pu compter sur la majorité des grandes entreprises grâce à une importante réduction d’impôts. Ses guerres commerciales, ses politiques erratiques et ses liens avec l’extrême droite ont érodé ce soutien. Sa politique anti-immigration n’a pas été soutenue par une partie importante des employeurs. Pourtant Trump a pu continuer à compter sur des investisseurs issus de secteurs tels que l’énergie, l’agroalimentaire, les transports et la construction.

La classe capitaliste préfère choisir des dirigeants politiques dociles et prévisibles. Mais si aucune alternative n’est disponible, elle n’hésite pas à donner sa chance au « bouffon maléfique » le plus brutal ou le plus instable, du moment que ses intérêts soient défendus. C’est ce que nous apprend l’histoire du fascisme du XXe siècle et des dictatures du Tiers-Monde.

Les médias et les réseaux sociaux sont de plus en plus décisifs dans les élections. Selon le Centre Berkman Klein, l’élection présidentielle de 2020 a été un processus piloté par l’élite via les médias de masse. Comme en 2016, Trump a pu compter sur un soutien important des médias.

Rupert Murdoch, le puissant magnat de la presse, qui possède entre autres la chaîne de télévision la plus populaire Fox, a joué un rôle important dans la victoire électorale de Trump en 2016. Il est resté très fidèle au président jusqu’à sa défaite électorale. La campagne de désinformation systématique que Trump a montée pendant l’élection a été reprise et amplifiée par de nombreux médias traditionnels.

L’influence des réseaux sociaux est même encore plus importante. La propagande numérique a été le secret de polichinelle derrière la première victoire électorale de Donald Trump, mais aussi de celle de Javier Bolsonaro au Brésil. Sur Twitter, Trump a été suivi par 89 millions d’abonnés, sur Facebook il y en a 35 millions.

Mais, même maintenant qu’il a été éjecté de Twitter, il peut continuer à diffuser son message sur des plateformes ou des sites prétendument alternatifs, comme Gab, Telegram, TheDonald.win, Quillette, Spiked, etc. Ceux-ci sont souvent parrainés par de riches bailleurs de fonds. Ce sont ces médias « sociaux » qui normalisent le racisme et contribuent à diffuser largement les idées d’extrême droite, y compris dans nos contrées.

Un héritage durable

Pendant son mandat, M. Trump a réussi à constituer une base sociale solide. Lors des dernières élections, il avait 47 % de l’électorat derrière lui et après sa défaite, 90 % des républicains ont continué à le soutenir. Il continuera à pouvoir compter sur une machine de propagande très puissante, tant par le biais des médias que par celui des réseaux sociaux (alternatifs). Il a également nommé beaucoup de juges conservateurs et a fait de la Cour suprême un bastion conservateur.

En quatre ans, Trump a réussi à imposer toutes ses volontés au parti républicain. Nombre de parlementaires, de gouverneurs et de maires sont ses fidèles acolytes. De nombreux membres du parti qui ne sont pas d’accord avec lui n’osent pas ouvrir la bouche. Ils ont peur d’être attaqués sur les réseaux sociaux ou d’être débordés sur leur droite lors de la prochaine nomination d’un adversaire qui serait sur la ligne de Trump. C’est aussi la raison pour laquelle si peu de républicains se sont prononcés contre la prétendue fraude électorale ou ont blâmé Trump pour l’invasion du Capitole.

Un pays extrêmement polarisé

La zizanie incessante semée par Trump au fil des ans a laissé des traces. La légitimité et la stabilité de l’ensemble du système politique ont été gravement érodées. Depuis Abraham Lincoln en 1861, Joe Biden sera le premier président qu’une grande partie du pays considère comme illégitime avant sa prestation de serment.

Le nouveau président devra gérer un pays très polarisé. Les partisans radicaux de Trump considèrent les événements du 6 janvier comme une grande victoire. L’extrême attention que leur ont accordée les médias les a dynamisés et va leur permettre de recruter des membres et de se renforcer.

Les experts craignent que les émeutes meurtrières ne soient le début d’une escalade de la violence, plutôt qu’une ultime tentative de sauver la présidence de Trump. Il est possible que de nouveaux raids de ce type aient lieu dès les prochaines semaines, et que les partisans radicaux soient encore plus enclins à l’intimidation et au recours à la violence dans les conflits raciaux, sociaux ou même professionnels. Jorge Dávila, analyste politique de CNN, met en garde contre une « guerre civile de basse intensité ».

Le Trumpisme va se maintenir

L’avenir de Trump lui-même est incertain. Sera-t-il destitué ? Sera-t-il poursuivi ? Ou pourra-t-il se représenter aux prochaines élections dans quatre ans, comme il compte le faire ? Un récent sondage auprès des républicains a montré qu’il est le grand favori du parti pour une nomination en 2024. Derrière lui, le vice-président Mike Pence, puis Donald Trump Jr.

Même s’il n’est pas lui-même candidat, étant donné son influence considérable sur la base conservatrice, il pourra largement déterminer lequel des républicains entrera en lice. Les candidats ne manquent pas. Par exemple, Mike Pompeo, son secrétaire d’État, ou Tom Cotton, le sénateur de l’Arkansas. Comme l’écrit le Financial Times, « ce sont des versions plus dures de lui, sans ses excentricités ».

Samuel Farber, du Jacobin, résume bien la situation : « Quel que soit le sort de Donald Trump dans les années à venir, le trumpisme en tant que courant politique et état d’esprit, et même en tant que mouvement, va sans doute mieux résister que Trump lui-même ».

En Europe, nous observons des courants similaires et les mêmes tendances dangereuses. Et si, lors des prochaines élections législatives dans le nord de la Belgique, l’extrême droite Vlaams Belang et la très droite NVA obtenaient la majorité des voix ? Cette voie sans issue se résoudra-t-elle de manière pacifique ? En tout cas, les événements de ces derniers jours sont un signal d’alarme pour chacun de nous.

Socialisme ou barbarie
Pour inverser la vapeur (1), il faut d’abord brider les milices paramilitaires. Cela devra aller de pair avec une évaluation et une épuration des forces de police et de l’armée, ainsi qu’avec une modification de la loi sur les armes.

Mais cela ne suffit pas. Ces milices sont un cancer malin sur un corps malade. Pour que ce corps retrouve la santé et pour éliminer le terreau de l’extrême droite, il faut une sorte de nouveau contrat social, caractérisé par une fiscalité équitable, des soins de santé universels, une augmentation des salaires et des pensions (minimum), et un enseignement supérieur moins coûteux. De lourds investissements sont également nécessaires dans les infrastructures, les soins de santé et les technologies vertes. Enfin, le système politique a besoin d’une réinitialisation complète.

Tant que cela ne sera pas atteint, la perte de prospérité, le fossé entre les riches et les pauvres, l’insécurité, le manque de perspectives d’avenir et la méfiance à l’encontre des politiciens en de l’establishment continueront à composer un cocktail explosif qui pourrait conduire à un Trump-bis, voire pire.

L’espoir est que ces dernières années, l’idéologie de gauche a retrouvé une forte audience au sein de la population, en particulier chez les jeunes. Une enquête de Gallup a montré que 51 % des jeunes entre 18 et 29 ans sont positifs à l’égard du socialisme. Pour l’ensemble de la population, cela représente 37 %. Le fait que des candidates radicales de gauche, comme Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan Omar, Ayanna Pressley et Rashida Tlaib, aient été élues au Congrès est également encourageant.

Les processus électoraux sont très importants, mais il est encore plus important de travailler patiemment à la base : sensibiliser, organiser et mobiliser les gens pour un projet progressiste durable. Avec l’arrivée de Bernie Sanders, le paysage politique américain a été profondément bouleversé. Au cours des dernières campagnes électorales, un nouveau mouvement porteur d’espoir a été lancé. Il est confronté à des défis majeurs. La devise de Rosa Luxemburg « Socialisme ou barbarie » est plus que jamais d’actualité.

Note :

Nous reprenons ici les conclusions d’un précédent article : Biden peut-il inverser le déclin de son pays ?

Source : De Wereld Morgen

Traduction du néerlandais par Anne Meert pour Investig’Action

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17 janvier 2021 7 17 /01 /janvier /2021 03:41
ARTICLE EXTRAIT DU MONDE LIBERTAIRE N°1810 D’OCTOBRE 2019

J’ai donc reçu, comme bien d’autres, un mail de celui qui a la tâche, indispensable mais peu agréable, de relancer les « plumes » du Monde libertaire. Ce compagnon annonçait ainsi le thème du ML d’octobre 2019 : ce sera la peste brune !
Que dire, qu’en dire. Sans aucun doute les mandatés du CRML ont dû beaucoup réfléchir pour trouver un thème pareil. La peste, ça je pourrais discourir, mais brune je ne peux que me poser des questions. S’agit-il d’un retour en arrière, pourquoi pas mais à quelle fin ? S’il s’agit d’une crainte pour les temps à venir, pourquoi brune ? Donc je me suis dit que j’allais faire un tour en arrière et aussi un tour en avant. Suivez le guide !

La peste brune, hier
Je me suis tourné vers ma boule de cristal, Wikipédia, et voici ce qu’elle m’a répondu :« La peste brune est le surnom donné pendant la Seconde Guerre mondiale au nazisme par analogie à la couleur des chemises des SA. Ce surnom qualifie le nazisme comme une maladie politique contagieuse et infectieuse ». Je savais que l’acronyme SA désignait ceux qui se regroupaient sous le nom de Sturmabteilung. Mais pourquoi brune ? Ma boule de cristal préférée m’a donné à nouveau une réponse. « Les SA furent appelés « chemises brunes » en raison de la couleur de l’uniforme de leurs membres à partir de 1925 ».

 

 

Ce vêtement avait été acheté en Autriche. Il s’agissait d’un lot de surplus de chemises militaires tropicales de couleur brune. « Elles étaient disponibles en grand nombre pour un prix modique. Elles avaient initialement été confectionnées pour habiller les troupes de l’empire colonial allemand, démantelé à l’issue de la Première Guerre mondiale ».


Donc voilà. Pourquoi des chemises et pas des bérets ou des chaussures ou des pantalons ? Il faut juste se souvenir que peu de temps auparavant en Italie, c’étaient les chemises noires qui étaient à l’honneur. Les membres de la milice fasciste de Mussolini en portaient une. Ils étaient organisés depuis le 23 mars 1919 en Faisceaux italiens de combat. Ils sont 700 000 quand le Duce prend le pouvoir le 28 mars 1922 lors de la Marche sur Rome.


Cette expression, si courante aujourd’hui, a été utilisée dans le journal L’Humanité depuis 1931 selon certaines sources. Daniel Guérin utilise l’expression "peste brune" dans une brochure parue le 20 septembre 1933 intitulée La peste brune a passé par là - A bicyclette à travers l’Allemagne hitlérienne, parue à la Librairie du travail.


Ce qui est intéressant de noter est que le règne des SA s’arrêta au lendemain de la Nuit des longs couteaux qui vit l’assassinat des chefs de ces groupes d’assaut. Ils menaçaient tout à la fois Hitler par leur radicalisme social et par leur propension à faire régner la peur dans les rues. Le Führer eut besoin, à ce moment-là, tout à la fois d’amadouer les partis conservateurs d’une part et d’autre part de prouver qu’avec lui la paix sociale régnait.


Donc nous voyons que l’expression a survécu à ses auteurs. Il est possible de faire un parallèle, un peu osé, avec le mot anarchiste auquel est collé que nous le voulions on pas celui d’attentat.
Cette peste brune va s’étendre sur le monde entier jusqu’à la fin de l’année 1945. Même vaincue militairement son souvenir perdure. Pour beaucoup de critiques littéraires, c’est à elle que fait référence Albert Camus dans son livre La Peste publié en 1947.

Aujourd’hui la peste...
Ce terme a fait un retour médiatique en France au lendemain de l’élection présidentielle de 2002. Jean-Marie Le Pen est arrivé au deuxième tour derrière Jacques Chirac. Un petit livre, écrit quelques années plus tôt, 1998, pour protester contre les alliances municipales entre la droite et le Front national, devient un phénomène d’édition. Matin Brun, des Éditions Cheyne, sera vendu alors à plus d’un million d’exemplaires.


Ce terme, peste brune, peut être utilisé à la place d’un autre mot, qui est tout à la fois fort précis et fourre-tout : fascisme. Cela vaut le coup de s’arrêter un instant sur sa signification, son utilisation. Google interrogé répond en indiquant 3 380 000 items. Wikipédia nous indique que le fascisme est un système politique autoritaire qui associe populisme, nationalisme et totalitarisme au nom d’un idéal collectif suprême.

Les choses sont claires au moins apparemment. Le fascisme serait-il seulement de droite ? Attention cela nous amène à une pente dangereuse. A suivre les insultes utilisées çà et là, fasciste ! est une accusation portée contre quelqu’un qui aurait au moins des attitudes autoritaires. A ce moment, je me rends compte que le terme de racisme n’apparaît pas dans cette définition qui nous a été donné. Pourtant, l’antisémitisme est partie inhérente du nazisme.


La question qui est posée au fond est la suivante : le fascisme a-t-il un avenir aujourd’hui ? Alain Bihr ne le pense pas. Pour lui « les conditions générales qui ont présidé à l’émergence de ces derniers diffèrent profondément de celles qui prévalent aujourd’hui dans les démocraties occidentales ». Il faut trois conditions pour que le fascisme s’installe.

Un mouvement ouvrier menaçant, ce qui n’est pas le cas, une bourgeoise chancelante, son hégémonie actuelle montre le contraire et enfin une classe moyenne qui se radicaliserait en opposition à la mondialisation [note] .


On pourrait rajouter que les régimes fascistes avaient en plus dans leur programme la revendication d’un espace vital qui leur était destiné c’est à dire la volonté d’expansion de leur régime.

D’autre part, si on veut être tant soi peu complet, il faudrait aussi se poser la question de la Chine et de son régime. Hormis le fait de sa spécificité historique, elle est l’héritière idéologique du communisme réellement existant. Un dirigeant de la révolution allemande, Otto Rühle avait en son temps théorisé l’existence d’un fascisme noir et d’un fascisme rouge. Cela reste d’actualité.


Ce qui ne veut pas dire que des régimes d’exceptions ne peuvent pas s’installer et tenter de perdurer aujourd’hui. Leur grande différence avec ce que je nommerais le « fascisme historique » est que tous ces régimes sont fondés sur la haine des autres et le repli nationaliste. Ils sont un véritable danger pour les libertés formelles. Ils sont d’autre part complètement à contre-courant d’un capitalisme mondialisé conquérant, pour qui les frontières sont, soit un inconvénient soit une façon de maximiser les gains.

Être antifasciste aujourd’hui
Je ne peux m’empêcher de penser à ce que fut l’antifascisme historiquement comme à ce qu’il est à mon avis encore. Ce fut avant la guerre l’écran derrière lequel le stalinisme fit sa sale besogne avec le soutien, conscient ou pas, de nombre d’intellectuels dits de gauche. C’est toute l’histoire des compagnons de route. Être antifasciste aujourd’hui, en 2019 revient à s’attribuer un brevet de bonne conduite.

Cela rassemble des gens avec qui nous n’avons, à mon avis, rien à faire. La majorité des gens qui se targuent d’être antifascistes sont pour les élections, pour une démocratie représentative, pour un État fort, pour une armée respectée et efficace etc. etc.


Autant le dire tout cru, je ne suis pas antifasciste, je prétends être anarchiste. Le slogan « No pasarán » m’a toujours révulsé. Les fascistes en Espagne sont passés. Mais ils ne repasseront plus parce que les conditions économiques ont changé.


Le fascisme historique, c’est un peuple, un empire, un chef, autrement dit dans un langage bien connu : Ein Volk, ein Reich, ein Führer. Cette histoire ne fut possible que parce que les dirigeants capitalistes de l’époque financèrent, mus par la peur du bolchevisme, l’ascension de ces chefs.


Aujourd’hui nous sommes face à deux dangers qui s’entre-pénètrent, le Big Data et l’effondrement environnemental. Pour beaucoup de décideurs, l’accumulation de données de toutes formes, de la plus simple à la plus complexe, un fois rassemblées et triturées forme l’outil le plus performant pour prendre des décisions.

Le chef de cet empire dont nous sommes le peuple est l’algorithme. Il a un gros avantage sur les chefs précédents. Il est tout à la fois partout et nulle part, il est présenté par ses serviteurs comme objectif, sans idées préconçues. Il ne serait ni de droite ni de gauche. Il est la vérité !


Par ailleurs, l’effondrement annoncé peut être l’occasion pour le capitalisme de repartir sur de nouvelles bases. Il n’y a plus de guerre mondiale possible. L’équilibre de la terreur atomique est passé par là. Un bon effondrement, qui semble par ailleurs incontournable, vaut toutes les guerres du monde. C’est d’une certaine façon la remise à zéro des compteurs.


Il y aura plusieurs façons de faire face à ces deux menaces. Pour certains, ce sera le repli identitaire et nationaliste, conjugaison d’une classe petit bourgeoise effrayée et de couches de prolétaires arc-boutés sur leur subsistance immédiate.

Ce qui donnera naissance à ces régimes d’exceptions, autoritaires que l’on nomme à tort fascistes. Fondés sur le rejet des autres, ce racisme de basse intensité ouvre la porte non seulement à des possibilités d’exclusion internes, les Tziganes en Hongrie mais aussi à un retour du « syndrome d’Auschwitz ». Une variante de la peste brune.


Il y aura le repli, l’enfermement dans ces grands immeubles où la technologie règne en maîtresse. Ils sont déjà en construction sous nos yeux. Ultra performants, ils vont produire leur propre énergie. Chaque habitant gère déjà son bien être avec une tablette dédiée. Leur idéologie a pris nom, il s’agit du transhumanisme, ou d’une de ses variantes appliquées au matériel. Cette peste a une couleur, elle est bleue.


Il nous reste l’espoir, la possibilité, de construire autre chose. Ce qui sera le plus difficile de tous. Nous autres, libertaires de tout poil, en connaissons le principe de base. Un vieux prince nous en a rappelé il y a plus d’un siècle les bases. Il s’agit de l’entraide. Pablo Servigne, libertaire lui-même, en a actualisé le fonctionnement dans son livre L’entraide, l’autre loi de la jungle parue aux Liens qui libèrent en 2017.

Tout cela ne se fera pas sans violence, meurtrière. La question de l’utilisation des outils de destruction reste posée.

Pierre Sommermeyer
Individuel
Strasbourg

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8 janvier 2021 5 08 /01 /janvier /2021 03:07

Le Monde Diplomatique (janvier 2021)

Qui sera le prochain ennemi, demande Serge Halimi : « La carte de vœux de M. Anders Fogh Rasmussen n’a pas attendu la Saint-Sylvestre. L’ancien secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) a résumé ainsi la mission que celle-ci devrait remplir, selon lui, sitôt que M. Donald Trump aura quitté la Maison Blanche : « En 2021, les États-Unis et leurs alliés auront une occasion qui ne se présente qu’une fois par génération.

Celle d’inverser le repli global des démocraties face aux autocraties comme la Russie et la Chine. Mais il faudra pour cela que les démocraties principales s’unissent (1). » Ce qu’ont fait nombre d’entre elles, il y a une génération, justement, en envahissant l’Afghanistan, puis l’Irak. Il est donc temps de s’attaquer à des adversaires plus puissants… »

Laurent Cordonnier nous projette vers le monde d’avant : « À quoi ressemblera l’après-pandémie ? Les politiques déployées pour faire face à la crise sanitaire ont accéléré les tendances de fond qui traversaient les sociétés et inquiétaient les populations : incertitude, précarité, machinisme dévorant, désincarnation des rapports humains. Pour l’essentiel, cette transition vers le capitalisme numérique aura été pilotée par l’État. »

Pour Stéphane Beaud et Gérard Noiriel, les politiques identitaires sont dans l’impasse : « S’il s’enracine dans une longue histoire, le langage identitaire a explosé avec les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continu. Jadis réservé à la droite, il imprègne désormais les discours des militants et dirigeants politiques de tous bords, au point de transformer la « race » en variable bulldozer, qui écrase toutes les autres. ».

Alessia Lo Porto-Lefébure décrit la formation à l’américaine pour les dirigeants chinois : « Le président Xi Jinping ne cesse de vilipender les valeurs occidentales et de mettre en avant les « caractéristiques chinoises ». Pourtant, les autorités de son pays ont adopté le programme de l’école d’administration publique de la prestigieuse université Harvard pour former leurs fonctionnaires. Des milliers d’agents suivent ce master, inauguré au début des années 2000 et adapté au contexte national. »

Élisa Perrigueur nous emmène à la frontière gréco-turque, « épicentre des tension » : « L’Union européenne entend sanctionner la politique de plus en plus expansionniste de la Turquie, qui ravive en Grèce les souvenirs des conflits du passé. Ligne de rupture, mais aussi d’échanges entre Orient et Occident, la frontière gréco-turque ne respire plus depuis la crise sanitaire. De Kastellorizo à la Thrace en passant par Lesbos, les deux pays ont pourtant tant de choses en commun, autour de cette démarcation qui fut mouvante et rarement étanche. »

Pour Olfa Lamloum, les braises persistantes de l’esprit de révolte brûlent toujours en Tunisie : « En janvier 2011, la révolte des Tunisiens contre le pouvoir de Zine El-Abidine Ben Ali provoquait une onde de choc dans le monde arabe. Du Maroc à Bahreïn en passant par la Libye, l’Égypte ou la Syrie, le slogan « Le peuple veut la chute du régime » témoignait de la vigueur de la tempête. Aujourd’hui, seule la Tunisie demeure engagée dans une transition démocratique – décevante aux yeux de la population. »

… Où « il n’y a que des faux-culs et des vendus qui veulent te palper : « En janvier 2011, la révolte des Tunisiens contre le pouvoir de Zine El-Abidine Ben Ali provoquait une onde de choc dans le monde arabe. Du Maroc à Bahreïn en passant par la Libye, l’Égypte ou la Syrie, le slogan « Le peuple veut la chute du régime » témoignait de la vigueur de la tempête. Aujourd’hui, seule la Tunisie demeure engagée dans une transition démocratique — décevante aux yeux de la population. »

Pour Pierre Bernin, les menées saoudiennes au Yémen vont vers le fiasco : « Malgré l’intervention militaire d’une coalition dirigée par l’Arabie saoudite et soutenue par les puissances occidentales, la rébellion houthiste accroît son emprise sur le Yémen. Au-delà des ressorts locaux du conflit, ses implications régionales, avec la rivalité irano-saoudienne et l’émergence des Émirats arabes unis en tant que puissance militaire, transforment les équilibres du Proche-Orient et du Golfe. »

Au Cameroun, selon Fanny Pigeaux, Bolloré est en disgrâce : « Soupçonné par la brigade financière italienne d’avoir manipulé les cours de titres financiers, accusé de promouvoir l’extrême droite sur sa chaîne de télévision CNews, l’homme d’affaires français Vincent Bolloré voit également son étoile pâlir dans le fleuron de son empire logistique africain : le Cameroun. S’il y demeure puissant, la perte de la concession du port de Douala signe la fin d’une époque. »

Arnaud Dubien se demande sir le retour de la Russie en Afrique n’est qu’un trompe-l’œil : « Après une longue éclipse, la Russie reprend pied en Afrique, comme le montre son soutien militaire appuyé à la Centrafrique. Présenté par Paris comme une manœuvre sournoise, ce retour signe en réalité la banalisation de la puissance russe. Moscou, qui, par le passé, a soutenu la décolonisation, se contente de remplir son carnet de commandes et de renforcer ses partenariats sécuritaires. »

Pour Owen Hatherley, le parti travailliste britannique se purge et vire à droite : « L’ancien chef du Parti travailliste britannique Jeremy Corbyn vient d’annoncer le lancement du Projet pour la paix et la justice, manière de poursuivre son combat contre les inégalités et l’impérialisme. L’initiative profitera sans doute de la dérive droitière de son successeur à la tête du Labour, M. Keir Starmer, élu pour réconcilier un parti divisé, mais qui s’emploie à en museler l’aile gauche. »

Marlène Benquet et Théo Bourgeron reviennent sur le rôle de la finance britannique lors de la campagne pour le Brexit : « « Folie », « erreur », « coup de poker »… Depuis le référendum de 2016, le Brexit a souvent été présenté comme le fruit d’un malheureux concours de circonstances. Il répond toutefois parfaitement aux attentes d’une frange émergente de la finance, que la réglementation européenne – pourtant soucieuse de cajoler les puissants – dérange encore trop. »

Un dossier d’Étienne Peyrat sur l’origine des conflits en Transcaucasie : « Une haine féroce, des récits irréconciliables : la guerre du Haut-Karabakh a vu s’affronter deux nations que tout semble opposer. Pourtant, Arméniens et Azerbaïdjanais ont longtemps cohabité au sein des empires russe, ottoman ou perse. Dans un espace de peuples mêlés au sud du massif du Grand Caucase, la fondation d’États sur une base territoriale ethno-religieuse a mis le feu aux poudres. »

Pour Martine Bulard, le libre-échangisme contribue au dynamisme économique en Asie : « Pas de trêve attendue dans la confrontation sino-américaine. En signant avec quatorze autres pays asiatiques le partenariat économique régional global, le plus grand accord de libre-échange jamais conclu dans le monde, Pékin a marqué un point. Plus que des retombées économiques, cet accord apporte l’image d’une Asie dynamique, qui sait s’entendre malgré ses divergences politiques et stratégiques. »

Eugénie Mérieau explique pourquoi la jeunesse thaïlandaise est dans la rue : « a jeunesse thaïlandaise est dans la rue. Le 24 juin 2020, ils n’étaient qu’une petite cinquantaine à se retrouver au Monument de la démocratie, dans le centre de Bangkok, pour commémorer l’anniversaire de la révolution de 1932 ayant mis fin à la monarchie absolue dans ce qui s’appelait encore le « Siam », alors seul État indépendant d’Asie du Sud-Est. Trois mois plus tard, le 19 septembre, jour anniversaire du coup d’État militaire de 2006 qui mit un coup d’arrêt à la « transition démocratique », ils étaient plusieurs dizaines de milliers face au Palais royal.

La contestation actuelle s’inscrit dans la continuité du mouvement des « chemises rouges ». né en opposition à ce coup d’État — lequel appelait à « achever » la révolution de 1932 et à réhabiliter sa figure historique, Pridi Panomyong, juriste formé en France dans les années 1920, dans une IIIe République devenue le centre de formation des jeunes révolutionnaires de toute l’Asie.

Mais, en 2010, ce mouvement est réprimé dans le sang : l’armée ouvre le feu sur les manifestants, en tuant quatre-vingt dix et en blessant près de deux mille, de quoi faire taire la contestation sociale. »

Pour Richard Keiser, les États Unis d’Amérique sont de plus en plus désunis : « a jeunesse thaïlandaise est dans la rue. Le 24 juin 2020, ils n’étaient qu’une petite cinquantaine à se retrouver au Monument de la démocratie, dans le centre de Bangkok, pour commémorer l’anniversaire de la révolution de 1932 ayant mis fin à la monarchie absolue dans ce qui s’appelait encore le « Siam », alors seul État indépendant d’Asie du Sud-Est. Trois mois plus tard, le 19 septembre, jour anniversaire du coup d’État militaire de 2006 qui mit un coup d’arrêt à la « transition démocratique », ils étaient plusieurs dizaines de milliers face au Palais royal.
La contestation actuelle s’inscrit dans la continuité du mouvement des « chemises rouges ». né

en opposition à ce coup d’État — lequel appelait à « achever » la révolution de 1932 et à réhabiliter sa figure historique, Pridi Panomyong, juriste formé en France dans les années 1920, dans une IIIe République devenue le centre de formation des jeunes révolutionnaires de toute l’Asie. Mais, en 2010, ce mouvement est réprimé dans le sang : l’armée ouvre le feu sur les manifestants, en tuant quatre-vingt dix et en blessant près de deux mille, de quoi faire taire la contestation sociale. »

Romain Migus analyse la confusion politique au Pérou : « Les Péruviens éliront leur prochain chef d’État en avril 2021, pour la plupart sans grand espoir. Après une cascade de démissions et de destitutions, quatre présidents se sont succédé à la tête du pays depuis la dernière élection, en 2016. Des quatre précédents, élus à partir de 2001, trois ont été inculpés pour corruption et le dernier a préféré se suicider. Comment expliquer une telle instabilité ? »

Sonia Combe pose la question de l’antisémitisme en Allemagne de l’Est : « Dans le débat sur le racisme et la xénophobie qui agite l’Allemagne, l’antisémitisme occupe une place à part. Son écho résonne parfois bruyamment, comme en juillet dernier, à l’ouverture du procès de l’auteur de l’attaque contre la synagogue de Halle, le 9 octobre 2019, qui fit deux morts parmi les passants.

Halle se trouve sur le territoire de l’ex-République démocratique allemande (RDA), cette Allemagne communiste née en 1949 et disparue en 1990. Bien que l’assassin soit né après la chute du Mur, ce fait a conforté les partisans d’une thèse à la mode : si les Juifs sont à nouveau en danger en République fédérale, la faute en incombe à la défunte RDA, comme l’affirme par exemple le professeur de sciences de l’éducation (ouest-)allemand Micha Brumlik.

Dans un article intitulé « À quel point la RDA était-elle brune ? » (c’est-à-dire « nazie »), l’universitaire avance plusieurs éléments à charge : cet État reposait sur des « structures hiérarchiques autoritaires » qui attesteraient une continuité avec le IIIe Reich ; il aurait refusé de procéder à une « confrontation avec son passé » ; il aurait réintégré d’anciens nazis pour s’assurer de leur fidélité en les faisant chanter. Enfin, la RDA, non contente de ne pas indemniser les victimes du génocide et l’État d’Israël, aurait mené une politique antisioniste douteuse avec le soutien de Juifs est-allemands.

« L’antisémitisme est le “socialisme des imbéciles”, avait déclaré le dirigeant social-démocrate Auguste Bebel. L’antisémitisme est le socialisme d’une dictature nommée RDA, est-on tenté de compléter », conclut Brumlik. »

Laurent Binet nous propose un retour salutaire sur les Versets sataniques : « La fatwa prononcée en 1989 par l’imam Rouhollah Khomeiny contre Salman Rushdie a transformé « Les Versets sataniques » en un objet de scandale dont on continue de discuter sans l’avoir lu. Or, si cette œuvre de sept cents pages, qui mêle aventures vécues et rêvées, a été jugée blasphématoire, c’est simplement, estime l’écrivain Laurent Binet, parce qu’un bon roman est le contraire d’un texte sacré. »

Agathe Mélinand revient sur la “ génération de l’inquiétude ” après la Première Guerre mondiale : « Mil neuf cent vingt et un. Ouverte deux ans auparavant, la conférence de la paix a redessiné l’Europe ; Paris semble la capitale artistique du monde. La Grande Guerre a massacré dix millions de soldats, la grippe espagnole fait cinquante millions de victimes. « Plus jamais ça ! » La vie humaine ne valait plus grand-chose, les vieilles valeurs s’étaient écroulées. Les Américains entraient sur la scène internationale, la révolution d’Octobre ouvrait un horizon nouveau et annonçait la polarisation des antagonismes. L’horreur des tranchées accouchait paradoxalement d’une explosion de fête et de créativité.

Dans la France du surréalisme et de dada, le neurasthénique président Paul Deschanel venait de démissionner, le premier congrès du Parti communiste se réunissait. Dans l’Amérique de la Prohibition, le président Warren G. Harding se noyait dans les scandales ; sur fond de grèves et d’attentats, un tribunal du Massachusetts condamnait à mort les anarchistes Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti ; une voiture piégée faisait sauter les bureaux de la banque JP Morgan à Wall Street — quarante morts, des centaines de blessés. »

Nathalie Quintane expose les bienfaits de la dictée : « Personnellement, j’ai jamais vraiment arrêté de donner des dictées. C’est un moment vraiment sympa. Les mômes sont extrêmement concentrés, à faire une seule chose à la fois, impossible de lever le nez sinon tu rates un mot, tout le monde est bien aligné dans la même position, on entend les mouches. Bref, c’est très reposant. Et puis ils sentent qu’ils font quelque chose d’important. En tout cas, ils font comme s’ils le sentaient. La tentation, ce serait de tout dicter histoire d’avoir la paix. Mais ça marche pas.

Si tu dictes autre chose qu’une dictée, t’as le bordel. Le bordel, le brouhaha, ou un peu de bruit, c’est ce que tu as quand tu ne dictes pas une dictée, et ça, faut bien se le mettre dans la tête et le plus vite possible si on veut pas être déçu. Après, il y a des moments de concentration très aigus, seuls ou à plusieurs, mais la qualité de silence que t’as avec la dictée, y a rien de comparable. Seuls les profs qui font régner la terreur l’obtiennent. Je suppose qu’on pense que ces profs-là n’existent plus, mais y en a encore, par petites unités, un par bahut.

Y a un deuxième avantage que t’as avec la dictée c’est à la correction. Rien de plus cool à corriger qu’une dictée : ça demande zéro concentration. Tu peux très bien écouter la radio ou regarder la télé en même temps ; c’est de la mécanique. Toujours les mêmes fautes sur les mêmes mots, du coup tu finis par passer à vitesse grand V sur toutes les copies et t’abats un paquet de trente en une demi-heure max. Y a rien de plus rapide à corriger qu’un paquet de dictées.

T’as des notes, tu les rends, les parents comprennent et tout le monde est content. On a pu faire chier des profs pour une phrase dans Artaud ou dans Zola, un geste ou de l’humour mal compris, mais on a jamais emmerdé personne parce qu’il donnait trop de dictées — en tout cas, j’en ai jamais entendu parler

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5 janvier 2021 2 05 /01 /janvier /2021 02:55

Séduction et oppression : le « en même temps » de Macron culmine dans le Projet de loi instituant un régime de dictature sanitaire

La plupart des dirigeants, petits et grands, manient, de tous temps, la carotte et le bâton. Ils promettent, puis donnent quelques miettes, puis les reprennent, puis répriment, puis promettent, puis donnent quelques miettes, puis les reprennent, puis répriment. Macron lui, ne donne jamais rien.

Mais si, allez-vous me rétorquer, il a distribué 17 milliards d’Euros aux Gilets jaunes, selon les économistes du pouvoir, comme Nicolas Beytout qui trouve injuste que « beaucoup de Français ne le perçoivent pas ». Pourtant ils ont raison, les Français, Macron ne leur a en fait rien donné de concret, ni de durable. C’était uniquement de la communication, un tour de passe-passe, après que ce petit roitelet, élevé dans du coton, s’est laissé surprendre par une révolte qui lui a foutu la pétoche, la vraie.

L’extrême centre

Il n’a rien lâché (pour ne pas être lâché par ses maîtres du CAC 40), mais il tout de même été obligé de se livrer à une forme de reddition humiliante qu’il ne nous a jamais pardonnée.

« Honteux et confus » comme le corbeau de Jean de la Fontaine, Macron « jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus ». Et c’est là que nous avons tous compris que la répression inouïe qui s’était abattue sur les Gilets jaunes n’était pas un hasard. Sous le gendre idéal, nous avons découvert une figure implacable et sans merci de l’extrême-centre.

C’est Pierre Serna qui nous a révélé « l’existence d’un extrême centre auquel il accole trois caractéristiques : le discours de la modération, le girouettisme et la force du pouvoir exécutif jusqu’à la répression et la dictature ». Il applique le concept à Macron dans son dernier livre L’extrême centre ou le poison français.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça lui va comme un gant. L’extrême centre, c’est une main de fer dans un gant de velours caméléon.

La prévention

Après la révolte des Gilets jaunes, Macron a amélioré sa formule. A la séduction et la répression, il a ajouté la prévention, la prévention de l’insurrection.

Le mot prévention n’a pas d’autre sens pour lui. En matière de santé, pourtant l’obsession du moment, la prévention, ce n’est surtout pas le renforcement des défenses immunitaires, ni évidemment les soins précoces, non, ce sont les amendes pour nous terroriser tout en assurant le train de vie de l’aristocratie stato-financière, les vaccins à la chaîne et les passeports sanitaires pour contrôler tous nos faits et gestes et améliorer les profits des laboratoires pharmaceutiques, et la fermeture des frontières avec la Grande Bretagne pour se venger de sa décision de quitter l’UE.

Un petit détour par le Brexit

On le comprend, la France va beaucoup perdre avec le Brexit, comme le reconnaît Marc Touati dans un article intitulé prudemment Brexit : “la France risque de perdre plus que le Royaume-Uni !” : « selon nos estimations, le coût du Brexit (avant même son entrée en vigueur) atteint déjà 1,2 point de croissance en moins pour la France en 2016-2019 » et ce n’est pas fini ! Il paraît que l’accord de dernière minute que l’UE pensait pouvoir arracher au Royaume Uni achoppe sur la question de la pêche. On apprend que pendant que les énormes bateaux-usines des Hollandais viennent piller les fonds français en pratiquant la pêche électrique avec la bénédiction de l’UE, nos malheureux pêcheurs se consolent en ratissant plus artisanalement les fonds anglais. Ce que précisément l’Angleterre veut faire cesser... Et qui sera au bout du compte les dindons de la farce ? Les pêcheurs français évidemment, comme les agriculteurs français, l’industrie française, les restaurateurs français...

Mais revenons à nos moutons.

Les opérations de séduction

En matière de séduction, nous avons été servis. Parmi les plus mémorables il y a eu :

• La marche solitaire d’Emmanuel Macron au Louvre, comme Public-Sénat l’intitule sobrement. A savoir l’intronisation, ou plutôt le sacrement du royal président, non pas dans la cathédrale de Reims, mais sur l’esplanade du Louvre, laïcité oblige, sous les applaudissements émus et les commentaires énamourés des courtisans-journalistes qui après avoir fait sa promotion comme d’un produit de marketing pendant sa campagne, s’extasient de ce qu’il s’adresse « à tous les Français, y compris aux électeurs du Front national ».

• Le Grand débat national organisé pour soi-disant recueillir les doléances des Français, des milliers de cahiers et de textes jetés à la poubelle aussitôt fini le soliloque interminable du petit monarque, ivre de lui-même et de sa puissance.

• La Convention citoyenne pour la transition écologique dont les 150 propositions se sont transformées en une vague promesse de vague référendum pour inscrire une vague défense de l’environnement dans la Constitution.

Et il y a eu bien d’autres coups de com, il y en a même eu des quantités et on les a tous oubliés. Par exemple, la grande concertation écologique lancée en novembre 2018 pour tenter de désamorcer la révolte des Gilets jaunes tout en maintenant la taxe carbone (qu’il a dû finalement retirer). Ou la Rencontre avec 67 intellectuels triés sur le volet à l’Elysée que Lordon a snobée, ne voulant pas servir de caution à Jupiter. Ou tous les ridicules et hypocrites numéros verts dont le dernier doit servir à signaler les discriminations. Révolution permanente les tourne en dérision : « Pour savoir si quelque chose va mal dans la société, il faut chercher le numéro vert » et de souhaiter qu’on mette bientôt un numéro vert à la disposition de « toutes les personnes qui auraient la fâcheuse impression d’être pris pour des cons ».

Oui, Macron n’a pas ménagé ses efforts pour nous séduire. Il vient même de se faire porter malade pour nous attendrir alors qu’on sait que tout ce qu’il risque, en fait, c’est de passer de somptueuses vacances dans le joli château de Marie-Antoinette.

La répression, la surveillance, le contrôle

Mais tout s’use et il a beau faire, son charme aussi. Qu’à cela ne tienne, les opérations successives de séduction n’ont pas pour but de convaincre, mais de gagner du temps en attendant les opportunités de mener à bien le second volet du « en même temps » : le contrôle de la population pour mieux la dépouiller.

Tout le long de son quinquennat, il a lutté et bataillé pour supprimer nos droits, nos acquis, nos libertés, nous soumettre et nous réduire, petit bout par petit bout. Il y a eu tant de projets de loi, de lois, de décrets divers et variés qu’on ne peut plus les compter. Tout ce qu’on sait, c’est qu’au bout du compte, le chômage augmente pendant que les indemnités baissent ; les salariés doivent travailler plus longtemps et dans des conditions toujours plus dégradées, avec des salaires toujours plus dérisoires pendant que les retraites baissent ; les libertés de manifester, de se réunir, la liberté d’expression, d’internet, les libertés de mouvement, d’action, fondent comme neige au soleil. Et désormais le gouvernement peut fermer arbitrairement et au gré de sa volonté tous les établissements publics ou privés et enfermer les gens chez eux.

La victoire de Macron ?

Il faut dire que l’épidémie a été une aubaine comme jamais l’oligarchie n’aurait osé l’espérer. Sans elle, jamais Macron n’aurait pu espérer s’offrir une dictature sanitaire comme cadeau de Noël. Sans elle, il ne pourrait pas espérer faire passer tous les dispositifs liberticides de l’état d’urgence dans la loi ordinaire. Décembre 2020 scellera-t-il notre défaite et la victoire de Macron ? Pour le moment, il semble tenir le bon bout avec :

• Le décret du 4 décembre qui vient d’octroyer aux pouvoirs publics l’autorisation de ficher les opinions/appartenances politiques, religieuses et syndicales des Français. Enfin d’une partie pour le moment en attendant que ce soit tout le monde.

• Le projet de loi qui vient d’être déposé dans le cadre d’une procédure d’urgence sanitaire. Il conditionne notamment nos déplacements, l’exercice de certaines activités à l’administration d’un test, d’un traitement ou d’un vaccin et permet des enfermements administratifs. Bref, c’est le régime de l’arbitraire.

Où est la gauche ?

Le gouvernement danois a essayé de faire passer une loi du même genre en novembre dernier et les Danois ont fait 9 jours de manifestations, jusqu’à ce que la loi soit retirée...

En France on entend quelques protestations à droite mais pas beaucoup à gauche. La gauche est descendue dans la rue contre la loi de Sécurité globale et l’article 24 (retiré mais remis dans la loi sur le séparatisme), mais là, contre les deux décrets de décembre et le projet de loi Castex, on ne l’entend pas autant, me semble-t-il. On ne l’a pas entendue non plus s’élever, pendant toute la durée de l’épidémie, contre l’arbitraire, l’exagération, l’absurdité et l‘iniquité des mesures sanitaires. Pourquoi ?

C’est, à mon humble avis, que la gauche, soit partage, soit n’ose pas s’opposer à l’idéal de société aseptisée des écologistes. Yannick Jadot voulait rendre les vaccins obligatoires, vous vous rappelez ? Et, sur les plateaux de TV, les écologistes n’ont pas cessé de traiter d’irresponsables tous ceux qui trouvaient les mesures gouvernementales abusives et contre-productives.

Dans leur société future, il n’y aura plus rien de sale, ni de dangereux. Il n’y aura plus, ni charbon, ni pétrole, ni nucléaire, ni virus, ni maladie. Il y aura peu de monde sur terre et tout le monde fera ce qu’il doit faire. La religion sera naturelle, et le foie gras sera proscrit. On mangera de la viande artificielle et des légumes hors sol à l’ombre des éoliennes, et on dormira dans des maisons de terre ou dans des villes intelligentes (le débat n’est pas tranché au sein des verts). On vivra d’amour, d’eau fraîche et d’énergie verte, et tout le monde sera heureux.

Finalement on dirait que la dictature sanitaire de Macron convient parfaitement à ces ayatollahs de l’écologie et que leurs amis de gauche s’en accommodent par lâcheté, commodité ou conviction.

C’est bien regrettable, car lorsqu’ils s’apercevront que ce n’est pas leur conte de fée qui se réalise mais celui du Grand Capital, il sera trop tard.

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31 décembre 2020 4 31 /12 /décembre /2020 02:39

Une nouvelle offensive contre les libertés à la veille de Noël ? En procédure accélérée, le gouvernement a déposé le lundi 21 décembre au soir, à l’Assemblée Nationale, un projet de loi pour créer un « régime pérenne de gestion des urgences sanitaires ». Cette mesure ferait entrer l’état d’urgence sanitaire dans le droit commun, et permettrait notamment de restreindre l’accès à certains lieux aux personnes non vaccinées. Passage en revue :

L’état d’urgence sanitaire permanent. Censé être une mesure « exceptionnelle » et « temporaire » de restriction des libertés, « l’état d’urgence sanitaire » va entrer en grande partie dans le droit commun. Comme l’état d’urgence après les attentats de 2015, au nom de l’exception, les gouvernants imposent en fait, progressivement, un Régime autoritaire.

La loi prévoit de créer un « état de crise sanitaire », qui donne donc plus de pouvoir au gouvernement, supprime le vote du parlement sur les mesures sanitaires, et surtout, est illimité dans le temps. Le gouvernement pourra par exemple imposer des mises en quarantaine, réquisitionner des personnes et des biens ... Mais « l’état d’urgence sanitaire » que nous connaissons, qui impose les mesures de confinement et suspend les règles démocratiques, ne disparaît pas pour autant, il restera l’étape maximale.

Il est enclenché par décret et ne doit être voté qu’au bout d’un mois par le parlement. Nous allons donc doit vers un « état de crise sanitaire » permanent qui peut être rehaussé en « état d’urgence sanitaire » selon les situations.

➡️ Restriction de libertés. L’une des mesures stipule que « le Premier ministre peut, le cas échéant, subordonner les déplacements des personnes, leur accès aux moyens de transports ou à certains lieux, ainsi que l’exercice de certaines activités à la présentation des résultats d’un test de dépistage établissant que la personne n’est pas affectée ou contaminée, au suivi d’un traitement préventif, y compris à l’administration d’un vaccin, ou d’un traitement curatif. » En clair, cela veut dire que la liberté de circuler est suspendue pour certaines personnes.

Le gouvernement peut obliger des individus à être vaccinés ou à avoir sur eux un test négatif pour pouvoir accéder à certains lieux. C’est un mensonge de Macron qui prétendait qu’il ne rendrait pas le vaccin obligatoire. Il y aurait donc, dès lors, deux catégories de citoyens : ceux qui peuvent prendre les transports, accéder aux lieux publics, et ceux qui en seraient interdits car pas vaccinés.

➡️ Isolement forcé : le projet de loi veut instaurer un « isolement administratif », c’est à dire : « ne pas sortir de son domicile ou du lieu d’hébergement, sous réserve des déplacements qui lui sont spécifiquement autorisés par l’autorité administrative.

Dans le cas où un isolement complet de la personne est prononcé, il lui est garanti un accès aux biens et services de première nécessité ainsi qu’à des moyens de communication téléphonique et électronique lui permettant de communiquer librement avec l’extérieur. » L’Etat pourrait donc décréter une assignation à résidence pour motif sanitaire, sans jugement. Il ne faut l’aval d’un juge qu’au bout de 14 jours.

➡️ Données personnelles : le texte ne précise pas la date de péremption des traitements de données personnelles – notamment les fichiers SI-DEP (Système d’Informations de DEPistage) et Contact-COVID. En subordonnant l’accès à certains lieux à un dépistage ou un vaccin, la loi permettrait de déroger au secret médical en créant de nouveaux fichiers, de nouvelles bases de données des personnes interdites. Pas sûr que cela soit constitutionnel.

➡️ Intelligence artificielle ? Si la libre circulation dépend de certificats de vaccination, il faudra probablement s’appuyer sur des algorithmes et l’intelligence artificielle pour suivre en temps réel les personnes considérées comme « à risque ».

D’ailleurs, il est déjà prévu que la campagne vaccinale s’appuie sur l’intelligence artificielle « pour détecter le plus rapidement possible des effets indésirables graves non identifiés ». Le journal Le Monde cite un médecin de santé publique : « nous avons entraîné un algorithme à lire les dossiers et analyser les verbatim en proposant les termes médicaux les plus appropriés ».

A trois jours de Noël, c’est donc un nouveau projet liberticide et inquiétant qui est lancé par le pouvoir. La principale conséquence à retenir, est cet « état de crise sanitaire » permanent qui renforce le Régime autoritaire en vigueur et fait passer « l’état d’urgence sanitaire » dans le droit commun.

L’autre conséquence préoccupante est la restriction de certains lieux ou transports aux personnes non vaccinées. En entérinant une telle mesure, ce serait l’officialisation de catégories de personnes disposant de droits fondamentaux inégaux, et subissant des privations de libertés fondamentales différenciées.

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28 décembre 2020 1 28 /12 /décembre /2020 02:46
     
 

L’auteur de cette lettre, un étudiant de 21 ans, désespère d’« une République que les individus au pouvoir ont transformée en appareil répressif à la solde du libéralisme ». Comment vivre et rester pacifiste alors que la liberté d’expression est menacée, que l’État renforce les pouvoirs d’une police qui mutile, que la précarité s’accentue, demande-t-il à son professeur.

Mateo, étudiant en sciences sociales, a envoyé cette lettre à l’un de ses professeurs. Nous en publions ci-dessous une version écourtée pour préserver un confort de lecture. Si vous le souhaitez, vous pouvez lire cette lettre en entier ici.


Bonjour Monsieur,



Ce mail n’appelle pas nécessairement de réponse de votre part, je cherchais simplement à écrire mon désarroi.

Même si cela remonte à longtemps, l’année que j’ai passée en cours avec vous a eu une influence déterminante sur les valeurs et les idéaux qui sont aujourd’hui miens et que je tente de défendre à tout prix, c’est pour cela que j’ai l’intime conviction que vous serez parmi les plus à même de comprendre ce que j’essaie d’exprimer.



Ces dernières semaines ont eu raison du peu d’espoir qu’il me restait. Comment pourrait-il en être autrement ? Cette année était celle de mes 21 ans, c’est également celle qui a vu disparaître mon envie de me 
battre pour un monde meilleur.

Chaque semaine, je manifeste inlassablement avec mes amis et mes proches sans observer le moindre changement, je ne sais plus pourquoi je descends dans la rue, il est
 désormais clair que rien ne changera.

Je ne peux parler de mon mal-être à mes amis, je sais qu’il habite nombre d’entre eux également. Nos études n’ont désormais plus aucun sens, nous avons perdu de vue le sens de ce que nous apprenons et la raison pour laquelle nous l’apprenons, car il nous est désormais impossible de nous projeter sans voir le triste futur qui nous attend.

Chaque semaine, une nouvelle décision du gouvernement vient assombrir le tableau. Les étudiants sont réduits au silence, privés de leurs traditionnels moyens d’expression. Bientôt, un blocage d’université nous conduira à une amende de plusieurs milliers d’euros et à une peine de prison ferme [1].

Bientôt, les travaux universitaires seront soumis à des commissions d’enquêtes par un gouvernement qui se targue
 d’être le grand défenseur de la liberté d’expression. Qu’en est-il de ceux qui refuseront de rentrer dans le rang ?
 Je crois avoir ma réponse.

Le samedi 5 décembre au soir, j’étais présent place de la République, à Paris. J’ai vu les forces de l’ordre lancer à l’aveugle, par-dessus leurs barricades anti-émeutes, des salves de grenades GM2L sur une foule de manifestants en colère contre cette loi dite de « sécurité globale ».

J’ai vu le jeune homme devant moi se pencher pour ramasser ce qui ressemblait à s’y méprendre aux restes d’une grenade lacrymogène, mais qui était en réalité une grenade GM2L tombée quelques secondes plus tôt qui n’avait pas encore explosé.

Je me suis vu lui crier de la lâcher lorsque celle-ci explosa dans sa main.

Comment un étudiant qui vient simplement exprimer sa colère 
peut-il se retrouver à tenter d’installer un garrot ?

Tout s’est passé très vite, je l’ai empoigné par le dos, ou par le sac, et je l’ai guidé à l’extérieur de la zone d’affrontements. Je l’ai assis au pied de la statue au centre de 
la place et j’ai alors vu ce à quoi ressemblait une main en charpie, privée de ses cinq doigts, sorte de bouillie sanguinolente.

Je le rappelle, j’ai 21 ans et je suis étudiant en sciences sociales, personne ne m’a appris à traiter des blessures de guerre. J’ai crié, crié et appelé les street medics [« secouristes de rue »] à l’aide. Un homme qui avait suivi la scène a rapidement accouru, il m’a crié de faire un garrot sur le bras droit de la victime.

Un garrot… Comment pourrais-je avoir la moindre idée de comment placer un garrot sur une victime qui a perdu sa main moins d’une minute plus tôt ? Après quelques instants qui m’ont paru interminables, les street medics sont arrivés et ont pris les choses en main.

Dites-moi, Monsieur, comment un étudiant de 21 ans qui vient simplement exprimer sa colère légitime 
peut-il se retrouver à tenter d’installer un garrot sur le bras d’un inconnu qui vient littéralement de se faire arracher la main sous ses propres yeux ? Comment en suis-je arrivé là ? Comment en sommes-nous arrivés là ?


Je n’ai plus peur de le dire. Aujourd’hui, j’ai un dégoût profond pour cette République moribonde. Les individus au pouvoir ont perverti ses valeurs et l’ont transformée en appareil répressif à la solde du libéralisme.

J’ai développé malgré moi une haine profonde pour son bras armé, qui défend ces hommes et ces
 femmes politiques qui n’ont que faire de ces citoyens en souffrance, de la jeunesse qui se noie et de toute cette frange de la population qui suffoque dans la précarité.

J’ai toujours défendu des valeurs humanistes et pacifistes, qui m’ont été inculquées par mes parents et desquelles j’ai jusqu’ici toujours été très fier. C’est donc les larmes aux yeux que j’écris cela.

Le 2 juin 2019, des centaines de personnes ont manifesté à Paris à l’appel du collectif des Mutilés, afin de rendre visible la répression de l’État.

Mais dites-moi Monsieur, comment, après avoir vu ce que j’ai vu, rester pacifique ? Comment ces individus masqués, sans matricule pourtant obligatoire, peuvent-ils nous
 mutiler en toute impunité et rentrer chez eux auprès de leur famille comme si tout était normal ?

Quel est ce monde où une association de policiers peut ouvertement appeler au meurtre des manifestants sur les réseaux sociaux ?

Ce monde où les parlementaires et le gouvernement souhaitent renforcer les pouvoirs de
 cette police administrative qui frappe, mutile et tue ? Croyez-moi, Monsieur, lorsque je vous dis qu’il est bien difficile de rester pacifique dans un tel monde…



La France n’est plus ce qu’elle était, et je refuse d’être associé à ce qu’elle représente désormais

Aujourd’hui, être français est devenu un fardeau, je suis l’un de ces individus que l’État pourrait qualifier de « séparatiste », pourtant je ne suis pas musulman, ni même chrétien d’ailleurs.

Je suis blanc, issu de la classe moyenne, un privilégié en somme… Mais je suis las d’être français, las de me battre pour un pays qui ne veut pas changer. Le gouvernement et les individus au pouvoir sont ceux qui me poussent vers le séparatisme [2].

Plutôt que de mettre sur pied des lois visant à réprimer le séparatisme chez les enfants et les étudiants, qu’ils s’interrogent sur les raisons qui se cachent derrière cette défiance. La France n’est plus ce qu’elle était, et je refuse d’être associé à ce qu’elle représente désormais.

Quel est ce monde où le gouvernement souhaite renforcer les pouvoirs de
 cette police qui frappe, mutile et tue ?

Aujourd’hui, et malgré moi, je suis breton avant d’être français. Je ne demanderais à personne de comprendre mon raisonnement, seulement maintenant j’ai besoin de me raccrocher à quelque chose, une lueur, qui, si infime soit-elle, me
 permette de croire que tout n’est pas perdu. Ainsi, c’est à regret que je dis cela, mais cette lueur je ne la retrouve plus en France.

Nous allons au-devant de troubles encore plus grands, le pays est divisé et l’antagonisme grandit de jour en jour. Si rien n’est fait, les jeunes qui, comme moi, chercheront une sortie, un espoir alternatif en lequel croire, quand bien même celui-ci serait utopique, seront bien plus nombreux que ne l’imaginent nos dirigeants.

Pour certains, cela sera la religion, pour d’autres comme moi, le régionalisme. Comment pourrait-il en être autrement quand 90 % des médias ne s’intéressent qu’aux policiers armés jusqu’aux dents qui ont été malmenés par les manifestants ?

Je tenais à vous le dire, Monsieur, la jeunesse perd pied. Dans mon entourage, à Paris, les seuls de mes amis qui ne partagent pas mon mal-être sont ceux qui ont décidé de fermer les yeux et de demeurer apolitiques.

Comment les blâmer ? Tout semble plus simple de leur point de vue. Nous sommes cloîtrés chez nous pendant que la planète se
 meurt dans l’indifférence généralisée, nous sommes rendus responsables de la propagation du virus alors même que nous sacrifions nos jeunes années pour le bien de ceux qui ont conduit la France dans cette impasse.

Nous sommes l’avenir de ce pays pourtant l’on refuse de nous écouter, pire, nous sommes muselés.

Cette lettre n’est en aucun cas un appel au secours. J’éprouvais seulement le besoin d’être entendu par quelqu’un qui, je le sais, me comprendra.

 

 
    

 


[1Comme l’explique 20 minutes, le point le plus clivant du projet de loi de programmation sur la recherche concerne le délit d’entrave, créé à l’article 20 bis AA du texte, qui punit d’un an d’emprisonnement et de 7.500 euros d’amende « le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur sans y être habilité en vertu de dispositions législatives ou réglementaires ou y avoir été autorisé par les autorités compétentes, dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement. »

 Une peine portée à trois ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende dès lors qu’elle est commise « en réunion ».

[2Pour lire le discours d’Emmanuel Macron sur le séparatisme, cliquez-ici.

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16 décembre 2020 3 16 /12 /décembre /2020 05:45

Nouvelle agression fasciste à la Croix-Rousse à l’occasion d’une collecte de jouets pour Noël

 
Communiqué de l’Union Communiste Libertaire et Solidaires Rhône suite à l’attaque fasciste devant la librairie autogérée La Plume Noire à l’occasion d’une collecte de jouets pour Noël
 

Ce samedi 12/12, à la sortie d’une collecte solidaire de vêtements et de jouets organisée par l’association PESE dans les locaux de la librairie la Plume Noire, deux adhérents de l’association PESE (Pour l’Egalite Sociale et l’Ecologie) également syndiqués à Solidaires Rhône ont été agressés par un groupe de 7-8 militants d’extrême-droite.

Ayant visiblement repéré les lieux, les fascistes ont attendus que les 2 bénévoles soient seuls pour les rouer de coups (10 minutes auparavant, une dizaine de personnes étaient présentes dans la librairie).

L’attaque est loin d’être anodine :

- elle a été faite le jour d’une collecte de vêtements et de jouets organisée par une association en direction de familles démunies, en particulier les familles migrantes.
- le lieu ciblé qui accueillait la collecte, a déjà subi par le passé des menaces, des collages sur sa devanture et une attaque en 2016 par une vingtaine de fascistes.

Pour rappel, la ville de Lyon est toujours la base de plusieurs groupes fascistes dont Génération Identitaire qui a pignon sur rue avec un local ouvert au public (la Traboule) et une salle d’entrainement au combat de rue (l’Agogé).

Depuis 10 ans, nos organisations sont impliquées dans des collectifs luttant contre ces groupuscules et pour la fermeture de leurs locaux et nous continuerons à l’être malgré les intimidations et cette nouvelle attaque. La stratégie de l’extrême-droite ne change pas : agresser, faire peur y compris sur des membres d’une association mais nous restons déterminé.e.s à lutter contre ces militants de la haine.

Sous l’ère Collomb, les fascistes n’ont jamais été inquiétés et les fermetures de locaux l’ont été uniquement par la mobilisation des habitant.e.s. des quartiers concernés.

Combien d’attaques, combien d’agressions devront avoir lieu, combien de blessé-e-s devrons-nous dénombrer, pour qu’enfin des mesures soient prises contres ces groupuscules ? Ou peut-être devrons-nous attendre un.e mort.e ? Le laissez-faire envers ces militants d’extrême droite est insupportable.

De notre côté, nous continuerons à nous battre aux côtés des salarié.e.s, des exploité.e.s pour notre émancipation et la justice sociale à mille lieux des discours fascistes. Nous continuerons à mobiliser les salarié.e.s et les habitant·e.s des quartiers concernés contre ces menaces.

Face aux fascistes, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes et la solidarité de notre camp social.

Union Communiste Libertaire et Solidaires Rhône

 

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