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29 juillet 2011 5 29 /07 /juillet /2011 19:04

PARIS MATCH | samedi 23 juillet 2011

L'été de leur 20 ans : Jean-Luc Mélenchon

L'été de leur 20 ans : Jean-Luc Mélenchon
 

| Photo DR

En 1971, le candidat du Front de Gauche « a passé un mois à graisser  des machines-outils ».

Par Mariana Grépinet - Parismatch.com 

A peine 20 ans et déjà meneur de masse. En 1968, en classe de première, il mobilisait les lycéens de son bahut à Lons-le-Saunier. Deux ans plus tard, Jean-Luc Mélenchon est inscrit en deuxième année à la fac de lettres de Besançon. Il continue de monter sur les tables. « Je faisais partie de ces jeunes gens avides de politique. On ne parlait que de ça. Et un peu philo mais c’était la philo brumeuse des postadolescents. » On est toujours dans l’onde de choc de 68. Il n’est pas encore « Méluche » mais déjà convaincu que « la révolution va avoir lieu » car « partout dans le monde, il se passe des trucs ». Ni lui ni ses copains n’imaginent pour autant se lancer dans une carrière politique : « A la fac, on considérait les deux seuls élus socialistes comme des bons à rien. » Il se voit prof ou, pourquoi pas, journaliste. Ironie de l’histoire pour celui qui aujourd’hui peste après la profession ! Mais devenir professeur paraît plus valorisant. « Ne perdez pas de vue que j’étais le premier bachelier de la famille, et le premier à aller à la fac », insiste-t-il. Ses parents sont divorcés. Papa est receveur des postes, maman institutrice et son second époux chef d’équipe dans les Télécoms. Tous le considèrent comme « l’intellectuel ».

L’été de ses 20 ans, il passe, comme chaque année, un mois à bosser et un autre à voyager. Après avoir été « femme de ménage », manœuvre sur un chantier, puis pigiste pour « Le Progrès », en 1971, il est embauché dans une usine de Lons-le-Saunier pour graisser et repeindre les machines-outils. « A cette époque, j’étais encore maigre comme un clou, je pesais à peine 60 kilos tout mouillé », rigole-t-il, lui qui prévoit de se remettre au régime dès la rentrée. Jean-Luc revient chez sa mère et retrouve sa chambre, qu’il partage avec son tout jeune frère. « On a quatorze ans d’écart, j’étais sa star », se souvient-il plein de nostalgie, en se remémorant ces moments où il le portait sur ses épaules. « On ressemblait à un centaure, sa tête posée sur la mienne, le pouce à la bouche. » Mélenchon amoureux en profite aussi pour retrouver sa petite amie. « Je la connaissais par son frère depuis longtemps, ses parents vivaient dans un bled à côté. On s’est retrouvés à la fac. » Quelques années plus tard, le militant déjà laïcard se laissera convaincre de dire « oui » devant Monsieur le curé.

« A cette époque, je pesais 60 kilos tout mouillé ! »

En août 1971, il part avec des copains. Direction le Maroc. « Je suis retourné dans mon pays et pour la première fois depuis que je l’avais quitté, en 1962, j’ai revu Tanger, ma ville natale. » Mais la route est longue. Surtout en stop. Les trois garçons galèrent, « il nous est arrivé de poireauter au même endroit une journée entière », râle-t-il encore. A Tanger, il retrouve son grand-oncle. Un monument. « Il avait fait la guerre de 14 comme corsaire, c’était un autodidacte fabuleux. » Le retour se révèle encore plus pénible ; il ne leur reste que 10 francs pour remonter depuis Malaga. En rébellion contre ce que font leurs parents, ils estiment qu’il n’y a pas plus ringard que les photos de vacances. « Alors on s’est acheté une petite caméra Super 8. On avait la cellule, on était très méticuleux. Mais on a fait des films dans lesquels on ne voyait personne. »

Cette « sottise » l’a tant marqué qu’aujourd’hui, ce passionné de photo ne fait plus un seul cliché de paysage sans un être humain. Et de confier, enthousiaste : « Je ne m’intéresse plus qu’aux gens. » Mélenchon a d’autres regrets liés à cette époque. Des regrets politiques. Fasciné par Trotski, il vit dans un univers un peu décalé : « Je n’ai pas compris ce que faisaient les communistes qui se battaient pour le programme commun qui a ensuite été le fil conducteur de ma vie pendant vingt ans. Je n’ai pas non plus compris la bataille de Mitterrand pour l’union de la gauche, cette grande et belle bataille… » L’été de ses 20 ans fut son dernier été sans politique. Les années suivantes, il ira en camps de formation politique : « J’y ai appris tout ce que je devais savoir en matière de marxisme et d’économie. »

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