Pourquoi une candidature communiste à l’élection présidentielle ! Contribution de Michèle PICARD, Maire de Vénissieux, Vice-Présidente de la Métropole de Lyon
Nous traversons une crise économique et sociale très importante, et nous savons d’ores et déjà qu’elle va se poursuivre dans les mois et les années à venir.
La pandémie du Covid a renforcé une crise déjà profondément ancrée. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, les inégalités n’ont cessé de se creuser. Entre 2019 et 2020, la fortune des plus riches a progressé de 45%. Dans le même temps, plus de 9,3 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté (un chiffre en augmentation depuis 2018).
Le gouvernement poursuit ses politiques destructrices. Les services publics et les communes sont particulièrement visés parce qu’ils constituent des résistances au capitalisme, et au monde de la finance si cher à Emmanuel Macron.
Le capitalisme n’a pas seulement cassé l’emploi. Il a aussi détruit des lieux d’analyse collective notamment dans les entreprises qui irriguaient les militants, les associations ... L’individualisme a pris le pas sur le collectif appauvrissant les débats d’idées.
Pourtant les luttes se développent, les mobilisations sont bien présentes. La question qui se pose au PCF c’est comment fédérer les mobilisations ? Comment rassembler les gens qui souffrent, les sans-emploi, ceux qui sont confrontés à la crise du logement, aux problèmes du quotidien, en matière de sécurité, d’éducation, de santé ...?
Le plus grand enjeu pour le PCF c’est de reconstruire l’unité populaire dans les luttes. Nous avons aussi une grande partie de la population, matraquée depuis des années par les politiques libérales, qui ne croient plus en rien. La déception de ne rien voir changer dans leur quotidien entraîne une fracture démocratique profonde.
Les réponses politiques n’étant pas à la hauteur de ce que les habitants vivent, la défiance est de plus en plus forte. Contrairement à ce qui se passait auparavant, les mouvements de colère qui s’expriment dans la rue ne se prolongent plus dans les urnes. Nombre de citoyens s’éloignent du vote démocratique.
Le PCF a un rôle primordial à jouer pour répondre aux véritables enjeux. Nous sommes une gauche de combats, d’actions. Nous avons besoin de rendre visible nos idées que ce soit en matière d’éducation, de santé, de sécurité, d’emploi... pour construire un véritable projet de société qui colle aux difficultés des habitants.
Notre parti est organisé avec des fédérations, des sections. Nous avons des militants, des élus, des villes communistes qui innovent quotidiennement pour répondre à l’urgence sociale. Nous sommes au cœur des luttes pour arracher des victoires sur le capitalisme, mais nous avons besoin de renforcer la mobilisation partout en France.
Nous devons aussi être plus visible nationalement pour faire grandir nos idées, créer des mobilisations et ouvrir des perspectives d’avenir. Aux présidentielles de 2012 et 2017, le PCF a choisi de s’effacer derrière un autre candidat de gauche. Avec le recul, nous pouvons nous rendre compte combien cette stratégie nous conduit dans une impasse, car l’absence de couverture médiatique nous rend moins visible et le débat idéologique que nous voulons impulser se réduit. Ce qui revient à nous effacer de la scène politique nationale.
C’est d’autant plus problématique que les élections législatives interviennent dans la foulée des Présidentielles, et nous pouvons mesurer les conséquences sur le terrain. C’est ce que nous avons pu voir à Vénissieux où nous avions la possibilité de regagner le siège du député PS qui a rallié La Rem.
La direction nationale de la France Insoumise a décidé de présenter un candidat contre notre candidature. Le candidat de la France insoumise, bien qu’il soit inconnu, a bénéficié de l’élan du vote de la Présidentielle. 5 semaines avant l’élection, on ne parlait que de la France Insoumise. Pour l’élection législative, Les gens recherchaient le logo de la FI pour se repérer. Le fait que les communistes n’aient pas eu leur candidat aux Présidentielles a compliqué la campagne législative.
Au final, au 2ème tour il y a eu un face à face entre le Rassemblement national et le député sortant. C’est aussi plus difficile au sein des majorités municipales de gauche diverses. C’est plus compliqué à gérer quand les autres forces de gauche ont un candidat et pas nous.
Nous ne pouvons plus nous effacer, car le capitalisme poursuit son rouleau compresseur idéologique, à l’instar du vote joué d’avance que l’on tente de nous imposer pour la Présidentielle de 2022 entre Macron/Le Pen. Le Parti doit être à l’offensive pour faire bouger les lignes. Nous avons réussi à arracher 3,3 milliards d’euros pour les quartiers populaires, sur les 100 milliards du Plan de relance accordés sans aucune contrepartie en terme d’emplois et d’investissements.
Mais dans le même temps, la fermeture de lits se poursuit à l’Hôpital public (7600 ont fermés depuis le début du quinquennat), la sécurité sociale est fragilisée et les communes subissent toujours les transferts de charge sans compensation financière et les contraintes financières alors qu’elles sont en 1ère ligne dans cette crise.
En tant que Maire, militante communiste, il me semble essentiel d’avoir à l’élection présidentielle un candidat qui porte nos idées, notre programme, et met en dynamique notre parti et nos militants. Une dynamique qui irriguera également toutes les élections, notamment les législatives.
Nous avons besoin de donner de l’élan pour reconstruire nos liens avec la population. Nous connaissons bien nos territoires. Nous ne manquons pas d’idées. L’histoire du PCF est singulière, parti de la résistance, de l’émancipation et de l’innovation pour porter la voix des classes populaires et arracher des conquêtes sociales.
Aujourd’hui, nous sommes à un moment historique pour porter le débat d’idées qui fait tant défaut dans notre société, mobiliser et rassembler largement autour de nous. Pour toutes ces raisons, je soutiens la candidature de Fabien Roussel, à l’élection présidentielle de 2022.