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Ecologiste, Socialiste, Républicain: le Parti de Gauche se veut le pivot de la reconquête du pouvoir par la gauche véritable, unie dans le Front de Gauche. EN MARCHE VERS LA REVOLUTION CITOYENNE ET LA 6E REPUBLIQUE !

Retour sur 2020 : l’année des mégafeux et du Covid

Durée de lecture : 22 minutes

31 décembre 2020 / Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre)
 

     
 

2020, c’est avant tout l’année de la crise sanitaire : aux morts du Covid-19 s’ajoutent l’exacerbation des inégalités sociales causée par le confinement et l’effroi face à l’avenir. 2020 est aussi l’année des incendies ravageurs en Australie, causés par l’intensification du dérèglement climatique. Reporterre revient sur tous les événements marquants de ces derniers mois.

Janvier — L’Australie ravagée par les mégafeux
Près de Werombi, en Nouvelle-Galles du Sud (Australie), le 6 décembre 2019.

Près de dix-neuf millions d’hectares ravagés, des milliers d’habitations détruites, des centaines de morts : de juin 2019 à mars 2020, l’Australie a lutté contre les pires incendies de son histoire.

En janvier, ils étaient hors de contrôle dans les États de la Nouvelle-Galles du Sud et du Victoria. Un brouillard épais de fumées toxiques enveloppait les gratte-ciels de Sydney, la plus importante ville du pays, et les flammes léchaient ses abords. Des forêts entières ont été réduites en cendre et trois milliards d’animaux, dont des koalas et des souris marsupiales, ont péri.

De nombreux scientifiques ont souligné les liens entre l’intensification de ces incendies et le réchauffement climatique. « Les feux en Australie sont un message pour le monde : si votre hypocrisie continue, vous allez tous brûler », a prévenu Glenn Albrecht, un philosophe de l’environnement australien. « Nous ne vivons pas seulement dans l’Anthropocène mais dans le Pyrocène », a déclaré à Reporterre la philosophe Joëlle Zask.

Les autres temps forts du mois :


 

Février : Le plus grand gestionnaire d’actifs du monde occupé par des écologistes
Occupation du siège parisien du gestionnaire d’actifs BlackRock.

Lundi 10 février, des jeunes de Youth for Climate, avec le soutien d’organisations écolos et de Gilets jaunes, ont occupé le siège parisien de BlackRock - le plus important gestionnaire d’actifs du monde. « La réforme des retraites va largement profiter à BlackRock, qui a intérêt à ce que l’on passe à un système de capitalisation, et en plus les investissements de BlackRock sont dirigés vers des entreprises polluantes comme Vinci ou Total », dénonçaient les activistes qui, lors de l’occupation, ont tagué des messages dans les locaux.

Treize activistes ont été placés en garde à vue, dont deux mineurs. L’action a suscité un déferlement de condamnations dans les médias. « On se doutait que notre action ne ferait pas l’unanimité, a dit à Reporterre Vipulan, 16 ans. On savait qu’on les dérangerait, mais en réalité qui sont les véritables vandales ? BlackRock, qui participe à l’aggravation des perturbations écologiques, ou nous qui dégradons des biens matériels avec des tags ? » Les activistes ont, aussi, été soutenus par de nombreuses personnalités, qui se sont dites « fier-e-s de cette jeunesse déterminée qui relève la tête et porte la tâche immense de réparer un monde dévasté ».

Les autres temps forts du mois :


 

Mars — Une « vague verte » aux élections municipales… sur fond de pandémie
Victoire de Grégory Doucet à Lyon.

Le 15 mars, malgré une abstention record et la menace d’un report du second tour liée à l’épidémie de Covid-19 — un « confinement national » a été décidé par le gouvernement deux jours plus tard — les écologistes ont réalisé de très bons scores au premier tour des élections municipales.

À Strasbourg, l’écologiste Jeanne Barseghian est arrivée en tête, Éric Piolle a très largement devancé Alain Carignon à Grenoble, l’écologiste Grégory Doucet était également premier à Lyon, tout comme Michèle Rubirola à Marseille.

Les autres temps forts :


 

Avril — La France confinée : le rêve du « monde d’après », la réalité d’inégalités exacerbées
Le confinement a été particulièrement éprouvant pour les personnes mal-logées.

Le « confinement national » a été instauré du 17 mars au 11 mai 2020. Dans son allocution du 16 mars, Emmanuel Macron a affirmé à plusieurs reprises que la France était en « guerre sanitaire » contre le Covid-19. Durant toute cette période, Reporterre a mis en lumière les causes et les conséquences de la pandémie, et interrogé les mesures adoptées par le gouvernement pour l’enrayer.

Comme l’a écrit le 17 mars Hervé Kempf, rédacteur en chef de Reporterre, « la crise du coronavirus a ébranlé le monde d’une manière ahurissante ».

Et le confinement a le même effet qu’une grève générale : mise à l’arrêt d’un système qui a failli sur les plans sanitaire et économique, baisse des émissions de gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique. Le répit était bienvenu, aussi, pour la faune et à la flore sauvages, dont l’état s’est amélioré.

Le confinement a surtout été une période éprouvante pour les Français, en révélant et en exacerbant les inégalités sociales. Pendant que les plus aisés pouvaient quitter les métropoles pour des résidences secondaires, les plus précaires n’ont pas eu d’échappatoire et ont souffert, en particulier les SDF, les mal-logés, les exilés ou encore les personnes âgées.

Les habitants des quartiers populaires, eux, ont subi un double virus : celui du Covid-19, mais aussi celui des violences policières.

Par endroits, des réseaux d’entraide se sont tissés. C’était notamment le cas en Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France, où la mobilisation populaire d’associations et d’habitants a atténué la faim de certains foyers. 

Des paysans et des consommateurs ont organisé des chemins de distribution en circuit court. Celles et ceux qui ont continué de travailler — caissières, livreurs, sous-traitants du nucléaire, ouvriers des stations d’épuration, salariés d’Amazon —, en première ligne face au virus, ont lutté pour obtenir des protections suffisantes.

Le mouvement social, confiné mais pas abattu, a tenté de repenser ses modes d’action et multiplié les propositions pour « l’après ».

Pendant ce temps, l’État mettait en place la société de contrôle, au nom du coronavirus. La population française restait cloîtrée, derrière les écrans, et était privée d’accès aux espaces naturels.

Les autres temps forts :


 

Mai — Une répression judiciaire hors normes contre les antinucléaires de Bure
Tout activité des militants suscite une surveillance incessante des gendarmes, comme ici à Mandres (Meuse) le 2 mars 2018.

Dans une enquête commune, Reporterre et Mediapart ont détaillé l’information judiciaire ouverte en juillet 2017 contre les opposants au projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires.

Cette enquête révèle une machine démesurée de renseignement sur le mouvement antinucléaire : des dizaines de personnes placées sur écoute, un millier de discussions retranscrites, plus de 85.000 conversations et messages interceptés, plus de seize ans de temps cumulé de surveillance téléphonique. Pour cette procédure, l’État a dépensé un million d’euros.

La justice a également bafoué les droits de la défense, épluchant des centaines de messages soumis à la confidentialité des échanges entre les avocats et leurs clients. L’un des avocats du mouvement a lui-même été surveillé avant d’être mis en examen.

Les autres temps forts du mois :


 

Juin — Lutter contre « la réintoxication du monde »
Le port de Nantes-Saint-Nazaire veut bétonner 110 hectares de zones naturelles au Carnet pour « l’éco-technologie ».

Blocage d’usines de produits phytosanitaires, arrêt des travaux du grand Paris express, invasion de cimenteries, déploiement de banderoles géantes sur une autoroute ou sur le pont du Gard, occupation de jardins contre des projets d’urbanisation, rassemblement contre la destruction d’une forêt...

À l’appel de 150 organisations, de nombreuses manifestations et actions de désobéissance civile se sont déroulées le 17 juin pour s’opposer physiquement à « la réintoxication du monde ».

Cette journée décisive marquait, après le confinement, le retour des luttes de terrain contre les grands projets inutiles et les industries polluantes, afin d’empêcher que « le monde d’avant ne continue à pourrir celui d’après ».

 Reporterre s’est rendu en Loire-Atlantique, d’où est parti l’appel. Des collectifs se sont rassemblés devant l’usine Yara, premier fabricant mondial d’engrais chimiques, et contre le projet de bétonnage de 110 hectares de zones naturelles, au Carnet, où le Grand Port maritime de Nantes-Saint-Nazaire veut étendre ses activités.

Les autres temps forts du mois :


 

Juillet — Sous les fruits et légumes de l’été, des travailleurs migrants exploités
Une travailleuse agricole dans un verger des Bouches-du-Rhône.

« La plaine de La Crau, c’est l’horreur ! » Reporterre s’est rendu dans des vergers des Bouches-du-Rhône, où sont employés des travailleurs étrangers. Indispensables à l’agriculture française, ils enchaînent bien souvent de longues journées de travail, courbés dans les champs, tout en vivant dans des logements insalubres. Nous leur avons donné la parole, et raconté leurs histoires.

Yann Prévost et Frédéric Decosse, un avocat et un sociologue spécialistes du travail agricole détaché, ont aussi détaillé comment, en glorifiant le made in France, « on promeut des marchandises qui ne sont pas produites de manière différente qu’en Espagne ou au Maroc ».

Les autres temps forts du mois :


 

Août — Le nitrate d’ammonium provoque le drame à Beyrouth

Le 4 août, deux gigantesques explosions ont ravagé Beyrouth, la capitale du Liban. La double déflagration a tué au moins 171 personnes, et fait plus de 6.500 blessés. Des centaines de milliers de personnes ont perdu leur maison.

Un entrepôt situé sur le port de Beyrouth et contenant environ 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées sans précaution depuis six ans, est à l’origine du drame. En 2001, l’usine AZF de Toulouse avait explosé à cause des mêmes substances.

Et en Alsace, un entrepôt était dangereusement géré en 2018, comme l’avait révélé Reporterre. Les nitrates d’ammonium sont principalement utilisés pour fabriquer des engrais de synthèse, symboles de l’agriculture productiviste car ils permettent d’augmenter la croissance et le rendement des cultures.

« Cette nouvelle catastrophe rappelle une nouvelle fois l’urgence absolue de s’affranchir de notre dépendance à ces substances en redéployant une agriculture moins gourmande en intrants chimiques », ont dénoncé les Amis de la Terre.

Les autres temps forts du mois :

  • Durant les douze premiers jours du mois d’août, la France a vécu une période de canicule, avec des températures dépassant parfois les 40 degrés Celsius.
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  • Le 6 août, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a annoncé la mise en place d’un plan d’aide à destination des producteurs de betteraves, et « une modification législative cet automne » permettant une dérogation, au maximum jusqu’en 2023, pour utiliser des semences enrobées de pesticides (dits néonicotinoïdes).
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  • La Californie a été en proie à certains des pires incendies de son histoire, près de 240.000 personnes ont été forcées d’évacuer leur domicile. En Oregon aussi, les feux ont ravagé la région de Portland.

SOUTENIR REPORTERRE

Septembre — Les fausses promesses de la voiture électrique
Des creuseurs séparent le cobalt de la roche et du sable dans un lac entre les villes congolaises de Lubumbashi et Kolwezi, en 2015.

« Il n’a jamais été question de supprimer la voiture, mais de la rendre moins polluante », a déclaré la ministre de l’Écologie Barbara Pompili au cœur de l’été. Selon le gouvernement, la voiture électrique serait le « véhicule propre » par excellence, qui permettrait de conserver le même mode de vie tout en prenant soin de la planète.

La réalité est tout autre, comme le montre l’enquête de Reporterre, en trois volets. Émissions de gaz à effet de serre, frénétique consommation de minerais et « révolution » des mobilités sous l’emprise du « big data » et de l’intelligence artificielle, la promesse d’un monde meilleur est surtout celle d’un enfer écologique.

Les autres temps forts du mois :


 

Octobre — Des masques potentiellement toxiques distribués aux enseignants
Les masques de la marque Dim.

Pour lutter contre la propagation du Covid-19, des masques en tissu de la marque Dim ont été distribués aux enseignants et à de très nombreux fonctionnaires. Le hic ? Ils sont traités à la zéolithe d’argent et de cuivre, un produit biocide et potentiellement toxique pour les humains, comme l’a révélé Reporterre.

L’Union européenne a interdit l’usage de ce produit dans les masques. Jouant d’une interprétation juridique, la société Dim affirmait que cet usage reste possible.

Mais à la suite de notre enquête, l’État a retiré ces masques et, quelques jours plus tard, l’Anses confirmait que « dans les conditions réelles de port des masques traités, tout risque sanitaire ne peut être exclu ».

Les autres temps forts du mois :


 

Novembre — L’empire Amazon s’étend en France
Entrepôt Amazon de Senlis (Oise).

En France, l’implantation d’Amazon connaît une dynamique exponentielle : la multinationale compte désormais trente-et-un sites logistiques et souhaite, d’ici 2021, doubler ses surfaces de stockage, qui dépassent déjà les 800.000 m2. Reporterre s’est infiltré dans l’immense plateforme logistique de Senlis, dans l’Oise, où les humains travaillent de plus en plus comme des robots — Amazon prévoit d’ailleurs de robotiser toujours plus ses activités. Nous avons également publié la carte actualisée de l’emprise du géant du commerce en ligne.

Et cela n’est pas prêt de s’arrêter. Alors que la Convention citoyenne pour le climat exigeait un moratoire sur la construction de nouveaux entrepôts de commerce en ligne, le gouvernement cherche, au contraire, à faciliter et accélérer leur implantation. Cet automne, il a lancé une mission pour développer des sites logistiques « clé en main ».

Les autres temps forts du mois :


 

Décembre — Le gouvernement a dézingué les propositions de la Convention citoyenne pour le climat
La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, et le Premier ministre, Jean Castex, recevant des membres de la Convention citoyenne pour le climat le 30 septembre 2020, à Matignon.

Depuis la publication des 149 mesures de la Convention citoyenne pour le climat soumises au gouvernement, l’exécutif n’a cessé de les détricoter alors qu’Emmanuel Macron promettait de les reprendre « sans filtre ».

En coulisses, le gouvernement s’est par exemple appliqué, comme le montre un document interne publié par Reporterre, à démonter une proposition forte des 150 conventionnels : la redevance sur les engrais azotés, forts émetteurs de gaz à effet de serre.

Le lundi 14 décembre, face aux citoyens — dont certains étaient en colère —, Emmanuel Macron a enchaîné les contre-vérités pour justifier ses reniements. Rejetant la responsabilité de l’action sur « les comportements individuels », il a annoncé un référendum sur l’intégration de la préservation de l’environnement dans l’article 1 de la Constitution.

Les autres temps forts du mois :

 

C’est maintenant que tout se joue…

Le désastre environnemental s’accélère et s’aggrave, les citoyens sont de plus en plus concernés, et pourtant, le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique. Ce bouleversement étant le problème fondamental de ce siècle, nous estimons qu’il doit occuper une place centrale dans le traitement de l’actualité.
Contrairement à de nombreux autres médias, nous avons fait des choix drastiques :

  • celui de l’indépendance éditoriale, ne laissant aucune prise aux influences de pouvoirs. Le journal n’appartient à aucun milliardaire ou entreprise Reporterre est géré par une association à but non lucratif. Nous pensons que l’information ne doit pas être un levier d’influence de l’opinion au profit d’intérêts particuliers.
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Pour ces raisons, Reporterre est un modèle rare dans le paysage médiatique. Le journal est composé d’une équipe de journalistes professionnels, qui produisent quotidiennement des articles, enquêtes et reportages sur les enjeux environnementaux et sociaux. Tout cela, nous le faisons car nous pensons qu’une information fiable, indépendante et transparente sur ces enjeux est une partie de la solution.

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